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L’Algérie veut redonner de la vigueur au dinar face au dollar

L’Algérie veut redonner de la vigueur au dinar face au dollar

Après avoir stoppé la spirale de sa dégringolade face aux principales devises étrangères, l’Algérie veut redonner de la vigueur au dinar face au dollar. Samedi, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a dit que parmi ses objectifs en matière de politique économique figure la réévaluation du dinar algérien. « Il faut réévaluer la valeur du dinar », a-t-il dit.

Le chef de l’État a cité cette réévaluation comme un levier pour faire baisser les prix et améliorer le pouvoir d’achat des Algériens qui a subi les contrecoups d’une inflation de près de 10% ces dernières années.

L’Algérie a subi le double impact de l’inflation mondiale générée par la crise sanitaire liée au Covid-19 et la guerre en Ukraine ainsi que la faiblesse de sa monnaie face aux principales devises qui servent de moyen de règlement de ses importations.

L’inflation en Algérie a atteint 9,3% pendant deux années consécutives (2022 et 2023). C’est l’un des rares points négatifs relevés dans le dernier rapport du Fonds monétaire international (FMI) à l’issue de ses consultations avec les autorités algériennes achevées le 27 mars.

Le FMI s’attend à une situation meilleure en 2024 (7,6%), puis en 2025 (6,5%). Selon le rapport, la valeur moyenne de la monnaie nationale en 2023 s’est située à 142 dinars pour un dollar américain.

Lors de son entrevue avec des représentants des médias algériens diffusée samedi soir par la télévision publique, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a donc de nouveau évoqué cette question de la faiblesse de la valeur de la monnaie nationale et son corollaire, l’inflation. 

Le taux d’inflation en Algérie oscille actuellement entre 7 et 8%, a-t-il fait savoir, indiquant que son objectif est de le ramener à « 4% au maximum » afin, a-t-il expliqué, de préserver le pouvoir d’achat des citoyens.

Un dinar algérien fort passe par une économie forte

L’amélioration du pouvoir d’achat est une des priorités que s’est donné le chef de l’Etat et ce, à travers trois axes : la lutte contre l’inflation, les mesures sociales comme les augmentations des salaires (qui devraient atteindre 100% en 2026-2027) et le renforcement de la valeur du dinar algérien.

 « Quand le dollar vaut aujourd’hui 140 dinars, mon objectif est de le réduire à 100 dinars », a expliqué le chef de l’État qui a commis toutefois un lapsus en inversant les deux monnaies.

« Si la valeur du dinar augmente de 30%, le pouvoir d’achat du citoyen sera renforcé », avait-il déclaré en décembre 2022. Le président de la République est revenu à plusieurs reprises sur la nécessité d’avoir une monnaie plus forte. En août de la même année, il avait indiqué que les capacités du pays permettraient de récupérer à moyen terme la valeur du dinar.

Lors de sa sortie de samedi dernier, le président Tebboune a mis le doigt sur un autre facteur qui a grandement contribué à l’inflation en cours et à la baisse de la valeur de la monnaie nationale : la planche à billets décidée par le gouvernement en 2017-2018.

Dinar algérien : « un trois leviers » pour améliorer le pouvoir d’achat des Algériens

Entre fin 2018 et début 2019, plus de 6.500 milliards de dinars (plus de 50 milliards de dollars au taux de change de l’époque) avaient été émis pour faire face aux charges de fonctionnement de l’État et les dépenses sociales.

Le dinar algérien avait donc baissé dans des « circonstances illogiques marquées par l’injection de fonds via la planche à billets, dont nous subissons aujourd’hui les répercussions », a accusé Abdelmadjid Tebboune.

Le relèvement de la valeur dinar algérien se fera grâce à des mesures économiques, y compris les mécanismes de la Banque d’Algérie, assure Abdelmadjid Tebboune qui s’est montré optimiste quant à l’effet que produiront les efforts en cours sur l’économie nationale d’une manière globale.

Six mille projets d’investissement sont d’ores et déjà inscrit à l’AAPI (Agence algérienne de promotion de l’investissement) et le PIB de l’Algérie dépassera en 2026 les 400 milliards de dollars, selon les prévisions du chef de l’État, alors qu’il est estimé actuellement par le FMI à 247 milliards de dollars. La relance de l’économie est en effet la seule véritable clé pour avoir une monnaie forte.

Pour retrouver un taux de change d’un taux à 100 dinars algériens, il faut remonter à 2015. Le billet vert a franchi pour la première cette barre le 27 juillet 2015. Le dinar a ensuite entamé une dégringolade qui a duré sept ans. Le 13 juillet 2022, le dollar a enregistré un record historique de 146,97 dinars algériens l’unité. Depuis, le dinar n’a cessé de s’apprécier face au billet vert.

Il a même connu une « forte appréciation » (11,92 %) par rapport à la monnaie européenne, passant de 157,0045 dinars pour un euro à fin décembre 2021 à 138,2903 dinars pour un euro à fin septembre 2022.

Ce mardi 2 avril, le dollar américain s’échangeait pour 134,71 dinars au taux officiel de la Banque d’Algérie, soit 12,26 dinars de moins que le record historique de juillet 2022. Sur le marché noir, le dinar a suivi une autre courbe, ascendante. Le dollar s’est fortement apprécié sur le marché parallèle des devises en Algérie. Mardi, le billet vert s’échangeait à 223 dinars l’unité. La monnaie unique européenne s’établit pour sa part à un niveau plus élevé, à 144,64 dinars au taux officiel et 241 dinars sur le marché parallèle.

Le taux de change officiel actuel n’est toutefois pas le plus bas historique de la monnaie algérienne. Le record à la baisse reste celui enregistré en janvier 2021, à 162,77 dinars pour un euro. Pour le taux parallèle, c’est en revanche un record.

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