search-form-close
Lamamra part, Messahel reste, la diplomatie algérienne garde une seule tête

Lamamra part, Messahel reste, la diplomatie algérienne garde une seule tête

Le ministère algérien des Affaires étrangères n’est plus bicéphale. Ramtane Lamamra n’a pas été reconduit à son poste dans le nouveau gouvernement Abdelmadjid Tebboune, annoncé ce jeudi 25 mai.

En charge jusque-là des questions maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue arabe, donc numéro deux de la diplomatie algérienne, Abdelkader Messahel, 68 ans, est nommé ministre des Affaires étrangères sans avoir la qualité de « ministre d’État », comme ce fut le cas pour son prédécesseur.

Ces dernières années, la lutte d’influence au sein du ministère des Affaires étrangères entre Lamamra et Messahel a alimenté la chronique algéroise et susciter l’intérêt des chancelleries étrangères. Certains riaient sous cape de voir la diplomatie algérienne évoluer à deux têtes alors que le pays est présenté comme « une puissance régionale ».

En mai 2015, l’affaire était devenue publique. Après un premier remaniement ministériel, Lamamra a été nommé ministre des Affaires étrangères et Messahel ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Coopération internationale. La présidence de la République a introduit « un rectificatif » trois jours plus tard en élevant Lamamra au rang de « ministre d’État » et en enlevant à Messahel « la coopération internationale » pour la donner à Lamamra.

Une gymnastique compliquée qui a suscité beaucoup d’interrogations sur la manière avec laquelle la politique extérieure était menée.

Effacement de Lamamra

 Ancien ambassadeur d’Algérie auprès de l’ONU, Ramtane Lamamra a été nommé ministre des Affaires étrangères en 2013 en remplacement de Mourad Medelci. Il n’a pas pu s’imposer ni imposer son style malgré sa grande connaissance de certains dossiers internationaux.

Comme Messahel, qui maîtrise la communication mieux que lui, Lamamra est un spécialiste de l’Afrique. Il a été pendant cinq ans commissaire de la paix et de la sécurité de l’Union africaine. Il a été également Envoyé spécial de l’Union africaine au Libéria et ambassadeur d’Algérie en Éthiopie et à Djibouti.

Même s’il n’était pas totalement apparent, un conflit de prérogatives existait entre Lamamra et Messahel. Ces derniers mois, la présidence de la République semblait avoir tranché en faveur de Messahel. Dimanche 19 mars 2017,  le président Abdelaziz Bouteflika, après absence de plus d’un mois en raison de la maladie avait choisi de recevoir Abdelkader Messahel. Une maladie qui, officiellement, l’avait obligé à demander le report de la visite de la chancelière allemande Angela Merkel.

C’était donc un signal fort lancé par la Présidence sur le choix de celui qui conduira la politique extérieure de l’Algérie. Parallèlement, Ramtane Lamamra, 65 ans, s’est effacé, réduisant de plus en plus ses apparitions publiques. Il pourrait être appelé à assurer une mission diplomatique dans le futur. Son nom est évoqué pour l’Ambassade d’Algérie à Paris, un poste vacant depuis décembre 2016.

Une orientation vers l’Afrique ?

 L’ancien ambassadeur d’Algérie au Burkina Fasso, Abdelkader Messahel, qui est entré au gouvernement en 2000, en tant que ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé des affaires africaines, a eu à gérer deux gros dossiers ces dernières années : la Libye et le Mali.

Des dossiers directement liés à la sécurité de l’Algérie puisque les deux pays voisins peinent à sortir d’une situation d’instabilité politique et sécuritaire.

La confirmation de Messahel comme seul maître à bord pourrait signifier un changement de cap de la diplomatie algérienne vers le continent africain et vers la région arabe. Dans ces deux zones, l’Algérie a perdu beaucoup de son influence et de sa présence.

Au dernier sommet pays musulmans-États Unis de Riyad (21 mai 2017), l’Algérie, représentée par Abdelkader Bensalah, président du Conseil de la nation, n’avait pas de voix, n’avait presque rien à dire face au rouleau compresseur saoudien.

En décembre 2016, l’Algérie a organisé un sommet sur l’investissement en Afrique qui semblait souligner l’intérêt que le pays veut porter au continent avec notamment l’ouverture de nouvelles lignes aériennes.

  • Les derniers articles

close