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Le Bouzeguène Post, un des symboles de l’émergence de la presse électronique locale en Algérie

Le Bouzeguène Post, un des symboles de l’émergence de la presse électronique locale en Algérie

Dossier spécial 3 mai | L’avènement d’internet en Algérie et son expansion à travers le territoire national a offert une opportunité inédite pour voir revenir en force une forme de presse supposée être obsolète à l’ère des nouvelles technologies : la presse locale et régionale.

Sawt Setif, Cherchell News, Djelfa Info, Mostaghanem Aujourd’hui, Boumerdes City… De l’est à l’ouest en passant par le sud et le centre, des dizaines de médias en ligne ont ainsi vu le jour ces dernières années se concentrant en priorité sur une information de proximité, avec une actualité servant au plus près les centres d’intérêt des lecteurs de la région concernée.

Un symbole de l’émergence de la presse locale de proximité est le média en ligne Le Bouzeguène Post. Du nom de la commune Bouzeguène de la wilaya de Tizi Ouzou, le journal se définit comme étant « 100% montagnard made in DZ mais avec un regard international », explique à TSA Karim Fergani, fondateur du Bouzeguène Post.

L’idée de fonder le journal est apparue à l’hiver 2012, lorsque s’est abattue sur la région une tempête amenant avec elle l’une des plus importantes chutes de neige que la région ait connue.

« En haute montagne, les villageois n’arrivaient pas à s’approvisionner. Les villages étaient longtemps restés isolés, les vivres commençaient à manquer, le gaz à se raréfier et l’électricité était coupée », raconte Karim Fergani.

« Les populations criaient au secours. Aux conditions climatiques très dures s’ajoutait un sentiment d’abandon et la situation devenait de plus en plus inquiétante. C’est alors qu’a germé l’idée de créer un journal au plus près des gens, au cœur des villages », explique le fondateur du Bouzeguène Post.

Au cœur de la création de ce journal résidait la volonté du fondateur de « transposer sur internet l’espace de village et de communauté. Je voulais donner des informations utiles aux villageois », explique M. Fergani, affirmant en outre avoir voulu « un journal qui soit pour et par les villageois. Un journal qui soit une tribune venant d’en bas avec un haut-parleur orienté vers le haut ».

Une équipe de bénévoles

Le fondateur du Bouzeguène Post n’hésite pas à confier ne pas avoir su immédiatement quelle forme allait prendre son journal.  « Il n’y avait pas d’équipe au départ. J’ai organisé des réunions avec des personnes du village qui m’apportaient leurs conseils. Je leur ai proposé de rejoindre cette aventure, elles ont tout de suite accepté », raconte le fondateur. « L’aventure pouvait ainsi commencer avec, je crois, 50% de courage et 50% d’inconscience. Sans un peu d’inconscience, on ne fait rien », estime-t-il.

Karim Fergani a également évoqué l’amour pour Bouzeguène qui l’a poussé à créer Le Bouzeguène Post et en devenir rédacteur. « Pour écrire, il faut aimer, il faut sentir que ces villages ont un passé et une histoire. C’est la raison qui m’a fait aimer cette ville et ses nombreux villages. On a voulu que les gens sentent battre le cœur de cette ville. Elle est parfois malade, parfois endormie, parfois blessée… Ce qui nous importe c’est sa guérison, car nous l’aimons tant », affirme-t-il.

Le Bouzeguène Post est à l’heure actuelle composée d’une petite équipe de cinq à sept personnes, tous bénévoles, auxquelles s’ajoutent environ 25 contributeurs « éparpillés dans plusieurs villages. Nous avons donc une rédaction dématérialisée où je garde un lien avec tout le monde », explique Karim Fergani.

Une information de proximité

Le journal se concentre avant tout sur l’information locale de proximité et la ruralité. « Nous consacrons la majorité de nos articles aux nouvelles locales qui vont de Bouzeguène à Illoula Oumalou, Ait Zikki et Idjeur en passant par tous les petits villages où il se passe quelque chose », explique son fondateur.

« La commune ou le village de résidence sont souvent la première préoccupation de nos lecteurs, le niveau régional et national étant consultés en fonction des intérêts personnels et professionnels de notre lectorat », indique par ailleurs M. Fergani, ajoutant que « les lecteurs nous parlent beaucoup de ‘’leur village’’ ou de ‘’leur ville’’, s’y intéressent de très très près. Ils veulent apprendre ce que s’est passé chez eux avant tout ».

Bien que disposant d’une audience d’environ 100 000 lecteurs par mois, Le Bouzeguène Post « ne génère aucun revenu pour le moment et vit en partie du bénévolat », affirme son fondateur.

Cette situation empêche quelque peu le développement optimal du journal, notamment entravé par l’aspect technique du site internet. « Il faut trouver des webmasters capables de gérer nos nombreuses difficultés et aussi pour voir si ce qu’on a imaginé sur un bout de papier est faisable », déplore M. Fergani.

Malgré les obstacles, le fondateur du Bouzeguène Post entretient de grandes ambitions pour son journal. « Bien que notre journal soit exclusivement diffusé sur le net, notre objectif est toutefois de pouvoir proposer à nos lecteurs un journal papier. Nous allons réfléchir plus sérieusement de le faire prochainement », affirme Karim Fergani. Une ambition qui prend à contre-pied l’idéologie actuellement prédominante dans le journalisme, où la tendance est à la transition totale vers le support numérique.

Nouer une relation de confiance

« Ce qui nous importe le plus, ce que l’on essaye de faire à travers le Bouzeguène Post, c’est de nouer une relation de confiance avec les lecteurs, car il s’agit là d’une chose absolument cruciale dans la construction d’un média et surtout un média local au plus près du terrain », affirme le fondateur du journal.

« Faire en sorte que les lecteurs nous fassent le plus confiance est notre principal objectif. On le fait par notre travail au quotidien, par les relations qu’on noue avec eux, par le grand nombre d’échanges que l’on a avec eux. On lit tout ce qu’on nous dit, on leur répond, on a de nombreux échanges avec eux, et on se nourrit de ça », indique M. Fergani.

« Je pense que cet état d’esprit fait vraiment partie du projet, et c’est aussi pour cette raison qu’on a créé ce petit journal, qui est selon moi plus propice à la construction d’une relation de confiance durable », conclut-il. Souhaitons au Bouzeguène Post et à tous les médias électroniques locaux un avenir radieux.

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