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Le cas Yacine Adli illustre les limites de la stratégie de l’équipe d’Algérie

Yacine Adli a tranché sur sa nationalité sportive. Sollicité par l’équipe d’Algérie de football, le milieu de terrain de l’AC Milan a répondu clairement mercredi 6 mars.

« Je crois qu’en tant que joueur, je veux évoluer au plus haut niveau, donc, évidemment, jouer avec la France est un objectif », a déclaré le joueur franco-algérien en conférence de presse avant la rencontre en Ligue Europa entre l’AC Milan et le Slavia Prague prévue ce jeudi 7 mars.

Il a promis de donner plus tard des explications. « Après, j’expliquerai pourquoi, mais ce n’est pas le moment », a-t-il dit. Ce refus survient après une vague d’arrivées de binationaux qui ont décidé de porter les couleurs de l’équipe d’Algérie comme Badredine Bouanani, Fares Chaibi, Sali Tlemçani et Amine Gouiri.

Né à Vitry-sur-Seine en France, le joueur de 23 ans faisait partie des priorités du nouveau sélectionneur de l’équipe d’Algérie, Vladimir Petkovic. Lors de sa première conférence de presse, lundi 4 mars, le successeur de Djamel Belmadi a été interrogé sur le joueur du AC Milan comme probable renfort pour les Verts.

« C’est un joueur que je connais et qui semble tout à fait intéressant », a répondu le coach, ajoutant : « Nous allons attendre ce qui se passera dans le futur mais pour l’instant, le plus important c’est de se focaliser sur ce que nous avons ».

Le « futur » est survenu plus vite que prévu. Deux jours après avoir tenu ces propos, Petkovic a dû mettre une croix sur le Milanais et chercher ailleurs. Car en exprimant ainsi clairement sa préférence pour l’équipe de France, Yacine Adli a en quelque sorte brûlé ses vaisseaux avec celle d’Algérie, même dans le cas où Didier Deschamps ne le convoque pas chez les Bleus.

La question est en effet très sensible pour le public algérien qui pourra difficilement l’accepter si, dans le futur, il change d’avis et fait le « choix par défaut » de jouer pour l’Algérie.

Depuis une quinzaine d’années, l’Algérie compte plus sur les binationaux notamment les Franco-Algériens que sur les joueurs du cru, à la faveur de l’adoption de la loi « Bahamas » par la FIFA facilitant le changement de nationalité sportive pour les jeunes joueurs.

La stratégie a porté ses fruits avec le retour de l’Algérie au-devant de la scène, se qualifiant notamment aux coupes du monde 2010 et 2014 et gagnant la coupe d’Afrique des nations en 2019. Mais cette manière de faire a ses limites, comme le montre ce cas Adli et de nombreux autres avant lui.

Yacine Adli dit non à l’équipe d’Algérie de football

En mars 2015, Nabil Fekir a répondu à une convocation de Didier Deschamps alors que, dans la matinée de la même journée il avait annoncé son choix de porter le maillot vert au sélectionneur de l’Algérie de l’époque, Christian Gourcuff.

Il faudra regarder les choses en face et admettre que l’Algérie ne peut pas toujours convaincre ses expatriés de porter ses couleurs. Pour beaucoup de binationaux, la priorité c’est l’équipe de France pour des raisons sportives évidentes qui n’ont rien à voir avec le patriotisme ou l’attachement au pays.

En un mot comme en mille, les Bleus, qui ont animé la finale des deux dernières coupes du monde et en ont gagné une, offrent un meilleur challenge et des perspectives de carrière plus intéressantes aux joueurs.

Pendant quinze ans, la solution de facilité que constitue la convocation de joueurs formés ailleurs notamment en France a fait oublier aux responsables du football et du sport en Algérie l’essentiel, c’est-à-dire la mise en place d’un championnat local performant et d’un système de formation sérieux.

Des sommes colossales sont dépensées chaque année pour financer des clubs qui ne forment pas et n’éduquent pas, comme le montrent ces scènes récurrentes de violence dans les stades ou encore les scandales de malversations à répétition.

La moitié des clubs de l’élite sont pris en charge par des sociétés publiques sans presque rien donner pour l’équipe nationale. Des clubs qui n’arrivent pas à briller en Afrique. Il est sans doute temps de changer de cap.

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