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« Le changement politique ne peut pas venir uniquement des manifestations de rue »

« Le changement politique ne peut pas venir uniquement des manifestations de rue »

Quel rôle pour les forces d’opposition dans l’avènement de la transition démocratique tant voulue par le peuple depuis le 22 février dernier ?

Louisa Ait Hamadouche, politologue. Nous sommes dans une situation où les forces d’opposition, de différents courants idéologiques, sont dans l’obligation de se fédérer et de se constituer en un seul pôle si elles espèrent créer un rapport de force avec le pouvoir politique. Et la seule solution pour toutes ces forces pour qu’elles existent en tant que forces du changement, en tant qu’opposition et en tant que forces pouvant impacter la suite des événements, elles n’ont d’autre solution que de se fédérer et de s’organiser en faisant fi de leurs divergences idéologiques. Et cela dans la mesure où l’enjeu de ces initiatives devrait être la consolidation des forces du changement qui demandent une transition démocratique en synergie avec les revendications de la population. C’est la seule voie. Dans le cas contraire, c’est l’agenda du pouvoir politique qui sera imposé à tous.

Quelles seront les forces qui peuvent se mobiliser ?

Il y a déjà des prémices. Des forces de la société civile se sont structurées et ont proposé une feuille de route commune (réunion des dynamiques de la société civile, NDLR) avec des éléments de la transition. Le but de la société civile, ce n’était pas d’en rester là mais d’aller vers les partis politiques. Les formes de mobilisation, ce serait une conférence nationale englobant les partis d’opposition avec les organisations de la société civile et proposant toutes et tous comme ils sont une proposition concrète de sortie de crise au pouvoir politique. Et pour qu’un tel instrument fonctionne il faut mettre en tête de liste les priorités et convergences et mettre de côté tous les aspects secondaires ainsi que les points de divergences. Le but est de créer un front démocratique appelant au changement.

Le pouvoir politique est-il réellement disposé à entamer ce dialogue avec les forces d’opposition ?

Le dialogue du pouvoir politique avec l’opposition n’est pas un choix, il devra s’inscrire comme une nécessité lorsque le pouvoir politique prendra conscience que lui n’a plus d’autre choix que de dialoguer et de négocier. Bien entendu, le pouvoir politique s’il peut se passer du dialogue et de la négociation, il le fera. Et il se passera des négociations s’il arrive à imposer à la société ses solutions. Or, il ne se rendra compte qu’il ne pourra imposer ses solutions que s’il y a en face une alliance des forces d’opposition qui proposent une alternative négociée pacifique et progressive.

Ne pensez-vous pas que les forces d’opposition devraient d’abord s’adresser au peuple ?

Tout à fait. En fait les partis politiques de l’opposition partent avec un handicap. Effectivement, le point faible des partis de l’opposition c’est la difficulté qu’ils ont à s’ouvrir, à se rajeunir et à adapter leur discours aux revendications et aux aspirations de la population. Et d’autre part, l’autre difficulté qu’ils ont c’est appliquer au niveau de leurs propres structures les procédés démocratiques qu’ils veulent faire appliquer à l’ensemble de l’Etat.

Convenez-vous qu’actuellement le rapport de force est en faveur du peuple plus que de la classe politique ?

Le soulèvement est un moyen de faire pression sur le pouvoir politique. Maintenant, le changement politique ne peut pas venir uniquement des manifestations de rue. Le changement politique ne peut venir que si une alternative politique est construite et proposée et enfin imposée au pouvoir politique. Il y a une complémentarité indispensable entre la pression venue de la rue et le rôle des partis politiques et des forces de l’opposition en général. L’un sans l’autre ne peut pas déboucher sur la transition démocratique.

Pour finir, on aimerait avoir votre lecture des derniers changements intervenus respectivement à la tête du FCE, du FLN et de l’UGTA…

Tant que l’Algérie n’a pas amorcé sa transition démocratique, matérialisée par l’ensemble des pratiques, des procédés et des lois qui permettent de passer d’un système politique à un autre, il est évident que tous les changements et nominations qui peuvent intervenir au sein du pouvoir et les cercles qui lui sont proches, continueront à obéir aux mêmes logiques précédentes.

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