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Le dernier discours de Said Sadi en tant que militant du RCD

Le dernier discours de Said Sadi en tant que militant du RCD

À l’occasion du cinquième congrès du RCD dont les travaux ont débuté vendredi 9 février à Alger, Saïd Said Sadi a prononcé son dernier discours en tant que militant structuré du parti.

« Lorsque le président Mohcine Belabbas m’a demandé d’intervenir à l’occasion du cinquième congrès, j’avais, dans un premier temps émis quelques hésitations. Cette opportunité n’avait pas un caractère d’évidence dans cette circonstance et d’ailleurs à quel titre devrais-je le faire ? », a-t-il estimé d’emblée.

« N’étant pas congressiste et n’étant, plus depuis ce matin militant, je ne vais pas m’exprimer en tant que fondateur du parti comme cela a été suggéré. On ne fonde pas un parti pour se l’approprier. La philosophie qui a inspiré et nourri le combat de notre génération postulait l’action politique comme une impulsion et un appel à initiatives », a expliqué Said Sadi qui a choisi d’intervenir en tant que « membre d’une génération qui a initié un combat singulier dans un monde d’unanimisme ».

« Le bon pacha et les méchants vizirs »

Said Sadi commence par rappeler une partie du discours de Mohcine Belabbas, qui lui a succédé à la tête du RCD en 2012.

« J’ai entendu avec plaisir le président Belabbas rappeler les subterfuges proposant des solutions à l’impasse algérienne par des glorifications d’un président, c’est la fonction qui m’intéresse et non l’individu, mal entouré, la belle vieille formule orientale, le bon pacha et les méchants vizirs, ou celles qui attendent qu’un oracle daigne s’adresser à la plèbe pour changer le système de l’intérieur », a-t-il dit.

Pour lui, toutes « ces illusions ont fait leur temps ». « Seule une révolution politique, pacifique, apaisée peut sauver le pays d’un vrai péril et je crois que tous les intervenants qui m’ont précédé ont évoqué les grands dangers qui nous menacent », a-t-il affirmé.

« La régression politique et sociétale qui a suivi l’ouverture frelatée d’octobre 1988 repose les questions fondamentales du projet alternatif au système algérien. Et à ce titre, le parcours de la génération d’avril 80 en est utile à revisiter », selon lui.

Said Sadi assure qu’il n’est pas là pour guider les congressistes ou influencer leurs choix. « Il ne s’agit pas, pour moi, de dire ici à des congressistes qui n’ont pas encore entamé leurs débats ce qu’ils doivent faire, quand, avec qui ou comment opérer. Cela concerne vos assises et seules vos analyses ou évaluations peuvent trouver réponses à ces considérations essentielles à l’avenir du pays et au devenir du parti », a-t-il souligné.

Se prosterner devant un fauteuil

Said Sadi revient sur le combat mené par cette génération d’avril 1980 dont il fait partie et sa méthode. « Tout en remplissant le devoir de mémoire, nous nous sommes donné le droit de la lecture libre et rationnelle du passé. Et nous avons constaté qu’à chaque avancée significative du processus d’émancipation nationale, un certain nombre de paramètres apparaissaient invariablement », a-t-il expliqué.

L’ancien président du RCD signale ensuite que « d’une manière systématique, les ruptures fécondes sont conduites par des générations qui ont su avoir un regard rigoureux et objectif sur la condition de leur pays ».

Il  évoque la création de l’Étoile nord-africaine en 1926 par des émigrés ou encore la crise de 1949 ou l’avènement du 1er novembre 1954. Mais « un peuple n’est jamais guéri de ses démons et le pire est toujours possible. Hier on a idolâtré les poils d’une barbe programme, aujourd’hui, on se prosterne sans vergogne devant un fauteuil roulant ou un poster », a-t-il lâché.

« Ce qui anime nos débats et porte nos espérances d’aujourd’hui, ce sont les principes de la Soummam (…) Quand on veut changer le monde, il faut y mettre le prix et savoir que les chemins peuvent être rudes. On ne mène pas de grands combats avec des procédés de courtisans. Et la nécessaire réflexion qui doit précéder l’action n’a rien à voir avec le calcul mercantile », a estimé l’ancien président du RCD.

« Nous avons réussi » 

Said Sadi fait remarquer que le « parti unique et ses dérivés » s’approprient « l’ensemble des revendications qu’il a vigoureusement et en certaines occasion, sauvagement combattues ».

« Alors, ceux qui investissent la lutte comme on ouvre une boutique, ceux qui veulent jouir de leur action politique comme on consomme un légume que l’on a planté la saison précédente, assurent que notre combat, a échoué parce que nous ne sommes pas au pouvoir », développe-t-il.

Et de poursuivre incisif : « En vérité, il n’y a pas grand-chose à dire à ces maquignons politiques. Et pour cause. Nous n’avons pas le même logiciel et nous n’habitons pas la même galaxie. Ils parlent de promotion, nous disons émancipation. Ils disent carrière personnelle, nous répondons destin collectif. Ils cultivent les apparences, nous creusons des fondations. Ils vivent de l’instinct et de l’instant, nous construisons l’Histoire ».

Said Sadi affirme que celui qui réussit n’est pas celui qui impose le monopole ou use de la force. Celui qui réussit est celui qui a « marqué de son empreinte les consciences de ses concitoyens », selon lui.

« Et quand je regarde dans cette salle aujourd’hui, je crois que l’ont peut dire que nous avons réussi (…) Au regard de ce que notre histoire nous a légué de plus généreux et de plus exigeant dans les épopées des Jugurtha, Kahina, Abdelkader, Mokrani, Imache, Laimèche, Ben M’hidi, Abane, Krim, Amirouche, Lotfi et tant d’autres, nous avons réussi. Nous avons entendu leur message, nous avons honoré leur bravoure et leurs sacrifices », a-t-il insisté.

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