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Le dialogue politique toujours bloqué

Le dialogue politique toujours bloqué

Le dialogue comme unique voie pour un règlement souple de la crise fait l’unanimité tant chez le pouvoir que du côté de l’opposition. C’est ce qui ressort du moins des déclarations publiques des uns et des autres depuis quelques semaines.

Mais force est de constater que le projet a pris des allures d’Arlésienne : on en parle, mais on ne le voit pas. On multiplie les appels et les professions de foi, mais aucune action concrète n’est entreprise pour permettre l’amorce de discussions autour d’une feuille de route ou d’un plan de sortie de crise accepté par tous.

Le dernier appel dans ce sens émanant du pouvoir remonte à deux semaines. Le 6 juin au soir, le chef de l’État par intérim réitérait, dans un message à la Nation, son appel à « la classe politique, la société civile et les personnalités patriotique nationales à opter pour le dialogue inclusif en tant que voie menant à la participation au processus de concertation que l’État s’emploiera à organiser dans les meilleurs délais… ».

Depuis, point de pas concret. Abdelkader Bensalah n’a certes pas fixé d’échéance, encore moins de deadline. Organiser un processus de concertation « dans les meilleurs délais » est un engagement bien trop vague pour crier dès à présent à l’échec ou à la promesse non tenue. À plus forte raison quand on se rappelle qu’un appel similaire avait été lancé le 5 mai avec la même solennité sans que les choses ne bougent durant tout le mois de ramadhan.

L’idée est partagée, même par une partie de la rue et des animateurs du mouvement populaire, mais elle tarde à se cristalliser à cause principalement d’un double problème de confiance entre le pouvoir et la classe politique d’abord, et entre les composantes de cette dernière ensuite.

Les initiatives individuelles, et même collectives, n’ont pas manqué et on a même cru un moment que le cap de la concertation est définitivement pris et que la fin de la crise est proche. Le 11 juin, l’opposition politique avec toutes ses obédiences a annoncé la tenue d’une conférence pour la fin du mois pour officialiser une feuille de route sur laquelle un semblant d’accord aurait été trouvé. Simultanément, la société civile a multiplié les conclaves. Les 8 et 15 juin, plus de 70 syndicats, associations, conseils de l’ordre et organisations de défense des droits de l’Homme ont longuement débattu pour sortir avec un plan de sortie de crise consensuel.

Le hirak imperturbable

Le texte a fait naître de réels espoirs, d’autant qu’il coïncidait avec la disposition exprimée par les autorités via des voix officieuses à partager la poire en deux concernant les hommes clés hérités de Bouteflika, laissant entendre que Noureddine Bedoui allait démissionner et qu’un gouvernement de compétences va prendre le relais. Il restait à attendre que l’opposition politique calque, à l’issue de la conférence annoncée, sa vision sur celle de la société civile pour disposer d’une feuille de route unique.

Un tel consensus servirait à la fois de contre-argument à la littérature du pouvoir qui justifie son attachement à la « solution consensuelle » par l’absence de propositions « sérieuses » et de quitus pour les représentants du hirak et de l’opposition qui prendraient part au dialogue qui s’ensuivrait.

Sauf qu’à la différence de la société civile, la classe politique a des clivages plus profonds à transcender. Mardi 18 juin, un appel a été lancé aux « forces de l’alternative démocratique ». Il a été signé par sept partis de la mouvance démocratique sans les autres obédiences, ce qui est au moins un signe inquiétant pour la concrétisation du consensus annoncé.

Cependant, la rue, soit la partie dont l’attitude compte le plus, reste constante tant dans sa mobilisation que dans son unité. Lors du 17e vendredi, les manifestants ne se sont pas laissé distraire par la mise d’Ouyahia et de Sellal à l’ombre. Hier, lors du 18e vendredi, ils ont apporté une réponse sans équivoque au dernier discours du chef d’état-major de l’ANP qui avait appelé à interdire le drapeau amazigh dans les manifestations.

Les Algériens ont réitéré les revendications du hirak avec la même détermination, ne laissant guère le choix au pouvoir, à la classe politique et à la société civile quant à la teneur et aux objectifs du futur dialogue. Si dialogue il y aura…

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