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Le gouvernement Bedoui rejeté, le nouveau plan du pouvoir a du plomb dans l’aile

Le gouvernement Bedoui rejeté, le nouveau plan du pouvoir a du plomb dans l’aile

Fethi Khouil est le nouveau ministre des Relations avec le Parlement. Pendant une grande partie de la journée, il n’a pas donné signe de vie alors qu’il était attendu pour effectuer la passation de pouvoirs avec son prédécesseur. Le téléphone du nouveau ministre était parfois éteint. Et quand il est allumé, le ministre ne répondait pas.

Que s’est-il passé ? Personne ne le sait vraiment. Ses camarades députés indépendants ne le savent pas. Certains le soupçonnent d’avoir changé d’avis après les violentes critiques qu’il a subies depuis l’annonce de sa nomination.

Le gouvernement Bedoui est rejeté sur les réseaux sociaux, en attendant les marches de vendredi qu’on promet aussi imposantes que les précédentes. Le maintien d’un proche du cercle présidentiel à la tête de l’Exécutif pour une période de transition cruciale pose forcément problème.

Un ancien ministre de l’Intérieur de Bouteflika n’est pas le mieux indiqué pour diriger un Exécutif dont la principale mission sera d’organiser une élection présidentielle libre et transparente, ou du moins la soutenir logistiquement si une commission électorale indépendante est créée.

À travers son rejet, c’est tout le plan de sortie de crise du pouvoir qui n’est pas accepté. Car en plus de l’impopularité de Noureddine Bedoui, celle de Abdelkader Bensalah est un boulet supplémentaire. L’application stricte de tous les alinéas de l’article 102 de la Constitution, comme réclamé par le chef d’état-major de l’ANP, implique la gestion de l’intérim par l’actuel président du Sénat.

Or, Abdelkader Bensalah, un personnage effacé qui a dirigé les deux chambres du Parlement ces 22 dernières années, en plus d’avoir été secrétaire général du RND, n’a aucune chance d’être accepté, et par la rue et par l’opposition.

En plus de Bedoui aux manettes de l’Exécutif, il sera difficile de convaincre que les tenants actuels du pouvoir sont prêts à le céder à l’issue de la période de transition. Le chef de l’armée, et tout l’état-major qu’il a engagé par le biais du communiqué du MDN du 30 mars, se retrouvent de fait dans une situation inconfortable, s’étant présentés jusque-là comme les garants d’une solution acceptable pour tous et surtout qui garantit l’application des articles 7 et 8 de la Constitution stipulant la souveraineté du peuple.

Est-il néanmoins trop tard pour rectifier le tir ? Pour le gouvernement, il est difficile de concevoir un autre changement, d’autant plus que le maintien de Bedoui et de certains ministres proches du cercle présidentiel semble être le fruit d’un compromis en haut lieu, mais pour les autres instances de la transition, il subsiste une marge de manœuvre pour présenter une meilleure copie.

L’écueil Bensalah peut facilement être évité et il semble d’ailleurs qu’il est au centre des discussions en ce moment même. L’idée est d’amener le Sénat à se « choisir » un nouveau président avant la démission du chef de l’État.

Juridiquement, tout reste possible, y compris le remplacement de Bensalah par une personnalité qui ne fait partie de la composante actuelle de la chambre haute. Il y a encore des sièges du tiers présidentiel vacants en ce moment et le président de la République peut légalement les pourvoir. Le choix d’une personnalité de l’opposition, ou du moins consensuelle, pour diriger le Sénat et par conséquent la période de transition, est toujours possible.

Ce serait un moyen déjà de partager la poire en deux et aussi de permettre à l’état-major de l’armée de ne pas perdre la face et de convaincre de la faisabilité de son idée de l’application des articles 7 et 8 de la Constitution après la démission ou la destitution du président par le recours à l’article 102.

D’autres garanties pourraient être données simultanément, comme l’engagement de mettre en place dans l’immédiat une commission indépendante chargée de l’organisation de l’élection présidentielle. Toutes ces options demeurent possibles théoriquement mais risquent de butter sur la réalité du terrain.

Pour la présidence du Sénat, il sera par exemple difficile de convaincre une personnalité indépendante, encore moins un opposant, d’engager sa crédibilité en acceptant le poste dans cette conjoncture précise. Mais le plus dur sera de convaincre le peuple que tout cela ne procède pas de manœuvres destinées à sauver ce qui reste du système.

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