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Le jusqu’auboutisme inquiétant du pouvoir

Le jusqu’auboutisme inquiétant du pouvoir

Au moment même où les rares personnalités qui ont répondu à l’invitation du chef de l’État Abbdelkader Bensalah tenaient leur « réunion de consultation » en vue de l’élection présidentielle du 4 juillet, le wali d’Alger fuyait la furie de la population qui ne voulait pas de sa présence à la Casbah.

Abdelkader Zoukh était venu s’enquérir ce dimanche 22 avril de la situation après l’effondrement d’un immeuble qui a fait cinq morts dont deux enfants.

Simultanément aussi, le ministre des ressources en eau était chahuté par les habitants de Sétif. Chassés dans les wilayas de l’intérieur, les hauts responsables sont maintenant indésirables même dans la capitale.

La veille, dimanche, le ministre de l’Énergie s’est vu refuser par les travailleurs l’accès à une institution censée être sous son autorité, la direction de Sonelgaz du Gué de Constantine.

C’est une véritable désobéissance civile qui se met en place contre le gouvernement Bedoui et plus globalement contre tout le système et ses symboles. Ce même système qui s’entête à imposer sa solution qui consiste à gérer lui-même la transition en maintenant en poste des responsables que la rue a rejetés neuf week-ends de suite.

La rencontre tenue aujourd’hui au siège de la présidence illustre cet entêtement du pouvoir à aller au bout de sa logique. Il compte organiser l’élection présidentielle dans les délais, pour « ne pas sortir du cadre constitutionnel », pour reprendre la formule chère au chef d’état-major de l’ANP.

Dès l’annonce de la tenue des consultations, toutes les personnalités de l’opposition ont décliné l’invitation. Même certains partis et organisations proches du pouvoir en ont fait de même, comme le MPA, TAJ et l’UGTA. Une cinquantaine de personnalités ont tout de même répondu présent, en l’absence, faut-il le signaler, du chef de l’État par intérim.

Suffisant pour le secrétaire général de la présidence, Habba El Okbi, pour réitérer que l’élection se tiendra dans les délais constitutionnels. Sans doute pour ne pas admettre son échec, une totale opacité a entouré ce premier round. Aucune précision n’a été fournie à la mi-journée sur l’identité ou l’appartenance partisane des personnalités ayant pris part.

Les consultations vont « se poursuivre », selon El Okbi. Ce qui signifie qu’en dépit de cette désaffection de la classe politique, la présidence ne désespère pas de convaincre les chefs représentatifs de l’opposition de rentrer dans les rangs.

Le pouvoir tient donc toujours à sa solution constitutionnelle au risque d’enfoncer davantage le pays dans une voie sans issue. Car en plus du rejet par la rue de l’idée même d’organiser l’élection avec les institutions, les lois et les responsables actuels et le refus de l’opposition de donner son quitus, de plus en plus de corporations concernées directement par le scrutin ont fait part de leur résolution de ne pas l’organiser. Des maires déclarent publiquement leur refus de procéder à la révision des listes électorales et des magistrats ont indiqué qu’ils ne superviseront pas l’élection.

Dans sa communication, le pouvoir se contente de réitérer qu’il n’y a pas de solution en dehors de la voie constitutionnelle et que l’élection aura lieu à la date initiale. Il ne dit pas par quelle magie un gouvernement dont les ministres et les walis sont chassés par la population et même par les fonctionnaires, parviendra à organiser une élection de la taille de la présidentielle.

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