
Depuis 2007, le Maroc répète que son plan d’autonomie est la seule solution possible au conflit du Sahara occidental.
Aux Sahraouis, il promet, s’ils acceptent de devenir les sujets du roi, développement, opulence et liberté. Soit tout ce que le royaume est incapable d’offrir à son propre peuple. L’incohérence est flagrante.
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Le Maroc a peut-être pu vendre son plan à quelques pays occidentaux, mais il ne lui sera pas possible de convaincre les Sahraouis que leur vie changera en mieux sous la souveraineté marocaine.
Ceci, pour une raison bien simple : ils suivent eux aussi l’actualité du Maroc, faite de contestations endémiques de la misère sociale et des inégalités et d’atteintes aux libertés.
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Les jeunes entre le chômage et la répression
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Les relais du palais royal crient victoire à l’approche d’un vote au conseil de sécurité sur le Sahara occidental ce vendredi 31 octobre, alors que le pays sort à peine d’une contestation qui s’apparente à des émeutes de la faim.
Le mouvement GenZ 212, qui a ébranlé le royaume entre la fin septembre et la mi-octobre, a réclamé de meilleures conditions de soin et d’éducation, du travail, la fin des inégalités et de la corruption d’une caste dirigeante prédatrice. Il a été déclenché par la mort de huit femmes enceintes dans une maternité.
Le gouvernement et le palais royal n’ont pu étouffer la contestation qu’au prix d’une énième répression féroce. Près de 1500 manifestants sont emprisonnés, des dizaines ont été lourdement condamnés à des peines allant jusqu’à 15 ans de prison.
Ce n’est pas la première fois que le pouvoir de Rabat agit ainsi face à sa population qui réclame de meilleures conditions de vie. En 2016-2017, il a dû sortir la grosse matraque pour mater une révolte de près d’une année dans le Rif qui voulait du pain et de la justice.
La politique de prestige du Palais, qui dépense sans compter dans les compétitions et les infrastructures sportives, peine à masquer la misère que vit l’écrasante majorité des sujets du roi.
Les images des tentatives d’évasion collective de la jeunesse marocaine vers les enclaves espagnoles de Melilla et Ceuta font régulièrement le tour du monde
Celle de septembre 2024 est particulièrement spectaculaire, avec la mobilisation de moyens de répression impressionnants.
Ainsi, le royaume invite les Sahraouis à venir vivre dans un “paradis” que les Marocains eux-mêmes tentent de fuir au péril de leur vie.
Si les jeunes marocains souhaitent partir, c’est pour fuir la malvie. Selon des statistiques officielles, le chômage touche 38% d’entre eux.
Le monde assiste année après année à des drames qui traduisent la profonde détresse sociale qui sévit au Maroc. Les “femmes-mulets”, ces mères de famille contraintes de faire passer sur leur dos des marchandises des enclaves espagnoles, décèdent régulièrement sous leurs lourds fardeaux.
En 2023, le séisme du Haut Atlas a dévoilé au monde la misère des villages de montagne faits de vieux bâti en terre cuite et dépourvus de voies de communication.
Incapable de reconstruire une région dévastée par le séisme
Il a fallu plusieurs jours aux secours pour atteindre les lieux dévastés et plusieurs années après, les sinistrés passent les hivers sous des tentes. L’Etat marocain n’a pas les moyens pour reconstruire.
Mercredi, une vive polémique a éclaté sur la qualité de la farine. Ahmed Touizi, président du groupe parlementaire Authenticité et Modernité a dénoncé une farine mélangée à du papier qui est servie aux Marocains.
Ce que les images ne révèlent pas, les statistiques des organismes internationaux le font de manière irréfutable, que ce soit sur le chômage, les inégalités, la corruption ou l’indice de développement humain.
Ou alors ce sont les hackers qui se chargent de dévoiler la face à peine cachée du royaume. Depuis avril dernier, le groupe JabaRoot multiplie les révélations qui choquent même à l’étranger. Non, le Maroc n’est pas un pays qui fait rêver pour le faire miroiter aux Sahraouis.
Les États-Unis, la France et d’autres pays veulent donner le territoire sahraoui au Maroc, au mépris de la légalité internationale, alors qu’ils sont censés la protéger au Conseil de sécurité, et sans consulter les principaux concernés à savoir les Sahraouis.