
Confronté à partir de fin septembre dernier à une contestation d’envergure menée par le mouvement GenZ 212, le régime de Rabat a sorti la matraque, comme il l’avait fait pour le Hirak du Rif en 2016-2017.
La révolte de la jeunesse marocaine pour réclamer de meilleurs systèmes de santé et d’éducation, plus de liberté et moins de corruption, a été étouffée au prix d’une terrible répression.
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Outre la mort de trois manifestants, tués à balles réelles par les gendarmes du roi, des centaines de jeunes ont été arrêtés et incarcérés.
Les chiffres de la répression sont ce qu’il y a de plus officiel, puisqu’ils émanent des autorités judiciaires du royaume.
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Hassan Farhan, juge détaché auprès de la présidence du ministère public, a révélé en conférence de presse mardi à Rabat que plus de 2.400 manifestants font l’objet de poursuites judiciaires, dont 1.400 sont toujours en détention.
Des centaines de jeunes avaient été interpellés lors des premiers jours des manifestations fin septembre, lorsque celles-ci étaient interdites.
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Maroc : 1.400 jeunes de GenZ derrière les barreaux
Au total, 2.480 personnes sont poursuivies en lien avec les manifestations de GenZ 212, dont 20 % le sont pour « rébellion en réunion », 17 % pour « outrage et violence envers des forces de l’ordre » et 17 % également pour « incitation à commettre des crimes et participation à des rassemblements armés », a détaillé le responsable marocain.
Pour tuer le mouvement, le gouvernement a eu recours à une justice expéditive.
Des manifestants condamnés à 15 ans de prison
Au 27 octobre, 411 personnes, dont 76 mineurs, ont été condamnées à des peines de prison ferme ou avec sursis, selon la même source, qui a précisé que 61 prévenus ont écopé de peines allant d’un à quinze ans de prison ferme, notamment pour « dégradation et pillage de biens » ou « incendie ».
L’Association marocaine des droits humains (AMDH) a dénoncé vendredi dernier « la rédaction de procès-verbaux sous la contrainte ».
Le Hirak du Rif en 2016-2017 a été réprimé par Rabat suivant le même procédé. Plus de 4.600 manifestants avaient été interpellés et 418 personnes ont été condamnées à de la prison ferme.
Des peines de plus de 20 ans de prison ferme ont été prononcées à l’encontre de 54 prévenus, dont le leader du mouvement Nasser Zefzafi, qui purge toujours sa peine.