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Le « moment propice » de Gaïd-Salah et le couperet du 28 avril

Le « moment propice » de Gaïd-Salah et le couperet du 28 avril

Face à la demande de départ qui lui est adressée, le président Bouteflika reste inflexible. La réponse à la gigantesque manifestation du 15 mars est arrivée encore une fois sous la forme d’une lettre, pendant que son ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra est chargée de plaider sa cause à Rome, Moscou et Berlin.

Et que veut le chef de l’État à l’occasion de la « fête de la victoire », marquant la signature des accords d’Evian ? « Cette victoire fut le couronnement d’une rude résistance de plus d’un siècle, ayant opposé un occupant oppresseur, doté de capacités militaires de renommée mondiale à un peuple désarmé mais fort d’une volonté de fer et d’une foi inébranlable en une victoire certaine », rappelle le chef de l’État sans craindre de ressasser ad-libitum l’argument de la légitimité historique qui ne passe plus.

Alors que son mandat constitutionnel se termine le 28 avril, il s’obstine à vouloir poursuivre un « parcours présidentiel » qui va le conduire à une « conférence nationale inclusive », pourtant d’ores et déjà rejetée par le mouvement populaire qui rallie désormais de plus en plus de partisans du chef de l’État lui-même.

Prévue « dans un très proche avenir » non précisé, la conférence aura pour objectif d’élaborer une nouvelle Constitution à soumettre à référendum, avant l’élection d’un président à qui Bouteflika remettra enfin les clefs de la maison Algérie. Un processus qui s’annonce long. La constitutionnaliste Fatiha Benabbou l’estimait à au moins 24 mois dans le meilleur des cas.

Au-delà du délai qu’il ne précise pas, Bouteflika, ne dit pas avec qui il va mener cette transition. Les consultations effectuées par Lakhdar Brahimi n’ont pas soulevé l’enthousiasme de ses interlocuteurs. Au contraire, il voit s’abîmer son prestige de diplomate international. Le nouveau gouvernement technocratique de Nouredine Bedoui peine à se mettre en place et la « feuille de route » semble prendre le poids d’un boulet. Personne, au sein de l’opposition et des syndicats autonomes, ne veut y siéger.

Et si le président ne parvient pas, faute d’adhésion, à déployer sa conférence nationale avant la date du 28 avril ? Il n’y aura plus aucune raison juridique ou politique de poursuivre un « parcours présidentiel » à la suite d’un mandat qu’il a entamé en jurant de respecter la Constitution.

L’impasse se profile mais le chef de l’État élude la contestation qui le cible. Une omission que ne commet pas le chef d’état-major de l’armée en reconnaissant l’existence de « problèmes ». Le général Gaid-Salah s’est exprimé depuis la 3e Région militaire, une manière de rappeler que la mission de l’armée reste la sécurité des frontières.

Les yeux ouverts sur la contestation qui anime qui grossit de semaine en semaine, le chef d’état-major de l’armée a relevé que « le peuple algérien a fait preuve, aujourd’hui dans les circonstances actuelles, d’un grand sens de patriotisme et d’un civisme inégalé, qui dénotent d’une profonde conscience populaire ayant suscité une vive admiration partout dans le monde ». Il s’engage « devant Allah, devant le peuple et devant l’histoire, pour que l’Armée nationale populaire demeure, conformément à ses missions, le rempart du peuple et de la nation dans toutes les conditions et les circonstances ».

Cela étant, la situation pose quand même problème. Mais il n’y a rien d’insurmontable. La solution jaillira au « moment propice », rassure le général dont le discours s’est adouci au fil des interventions.

« Toute personne sage et circonspecte est consciente, de par son patriotisme et sa clairvoyance, que pour chaque problème existe une solution, voire plusieurs, car les problèmes, aussi complexes qu’ils soient, trouveront indéniablement une solution convenable, voire adéquate. Ainsi, nous avons l’intime conviction qu’un sens aiguisé de responsabilité est requis pour apporter ces solutions au moment propice grâce à l’Aide d’Allah Le Tout-Puissant », a affirmé le chef d’Etat-major qui continue d’encenser le peuple. Et si ce « moment propice » souhaité était le 28 avril de son propre point de vue ?

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