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« Le mouvement populaire ne va pas s’arrêter quel que soit le nombre d’arrestations »

« Le mouvement populaire ne va pas s’arrêter quel que soit le nombre d’arrestations »

Que signifient pour vous les récentes arrestations des militants et des manifestants ?

Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne des droits de l’Homme (LADDH) : ces arrestations sont une tentative d’intimidation contre les citoyens et les militants. Elles s’inscrivent aussi dans la même logique de division du mouvement et depuis vendredi passé, les arrestations ont touché des militants de partis politiques et des organisations de la société civile. Il y a lieu de rappeler l’arrestation des 22 militants vendredi dernier et qui ont été placés en détention. Il y avait parmi eux des militants du RCD, du RAJ, et aussi il y a eu des militants islamistes du mouvement Rashad. Ils ciblent les militants les plus en vue et aussi les leaders. Cela vise à intimider et à casser le mouvement populaire. La situation nous inquiète. Cette tentation de mettre la pression sur le mouvement populaire et de pousser carrément au pourrissement nous préoccupe au plus haut point.

Au vu de ce qui s’est passé ce mardi avec la marche des étudiants, pensez-vous que le mouvement est en passe d’être freiné dans son élan ?       

Non, pas du tout. Ils n’ont réussi ni vendredi passé ni ce mardi. Pourquoi ? Parce qu’ils se trompent de calcul : ils pensent que c’est en arrêtant les militants et les responsables des associations et des partis politiques (voyez ce qui s’est passé avec Karim Tabbou et Samir Benlarbi et peut-être qu’ils ne vont pas s’arrêter là) qu’ils vont arrêter le mouvement. Or, on oublie que le 22 février les citoyens sont sortis sans les militants et de manière spontanée, il s’agit en fin de compte d’un mouvement populaire ! Ce n’est pas un mouvement de militants, d’organisations politiques ou de la société civile…Les citoyens sont sortis dans la rue sans demander l’avis des partis, à tel point que tout le monde fut surpris, notamment nous, militants des droits humains, et les responsables des partis politiques. C’est pour ces raisons que je dis que le mouvement ne va pas s’arrêter quel que soit le nombre des arrestations.

Ces arrestations vont-elles renforcer davantage le mouvement citoyen ?  

Absolument ! Les citoyens ont compris que ces arrestations sont un signe de mépris et que c’est de la provocation. Ils ont compris aussi que le pouvoir en place continue avec les mêmes pratiques après sept mois de mobilisation pacifique et de détermination. Le pouvoir n’est apparemment pas à l’écoute et continue avec le même mépris. C’est pour cela que les gens sortent de plus en plus nombreux, car ils ont interprété ces arrestations comme un défi, et c’est ce qui va ajouter de la détermination et de la mobilisation aux prochains vendredis.

Un mot sur le profil des personnes arrêtées ?                     

En fait, il s’agit d’arrestations ciblées. Par ces agissements le pouvoir pense décapiter le mouvement. A mon avis, il s’agit de personnes identifiées au préalable. Vendredi dernier, on a enregistré des arrestations avant même le début des marches. Les tenants du pouvoir pensent qu’en opérant des arrestations avant les marches la foule va reculer. Moi je dis qu’ils font fausse route et c’est tout le contraire qui se produit.

Combien d’arrestations ont eu lieu, du moins depuis vendredi dernier ?    

 Déjà vendredi passé, il y a eu 22 arrestations à Alger, aujourd’hui mardi on parle d’une dizaine. Entre le vendredi et ce mardi nous en sommes déjà à une quarantaine d’arrestations. Et au niveau national, on comptabiliserait près d’une cinquantaine de cas d’arrestations rien que cette semaine. Sans compter les personnes arrêtées en juin dernier pour port du drapeau amazigh.

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