Les cours du pétrole poursuivaient leur chute ce lundi, premier jour d’ouverture des marchés. Plombé par la pandémie mondiale du coronavirus, le baril de Brent, pétrole de référence du Sahara Blend algérien, s’établissait à la mi-journée aux alentours de 25 dollars, en baisse de plus de 7% par rapport au prix d’ouverture. En séance, il est descendu jusqu’à 24,68 dollars.
Le Brent a ainsi perdu près de 60% de sa valeur en un mois. Outre la pandémie du coronavirus ayant contaminé plus de 340 000 personnes et causé la mort de près de 15 000 d’entre eux, les prix du pétrole subissent également des pressions causées par le bras de fer qui continue entre l’Arabie saoudite et la Russie, après l’annulation de l’accord Opep+ visant à plafonner la production.
« Les prix du pétrole sont de nouveau sous pression » lundi alors que « le bras de fer se poursuit entre l’Arabie saoudite et la Russie », a expliqué Naeem Aslam, d’Avatrade, cité par Allnews.
« La Russie et l’Arabie saoudite possèdent des objectifs communs »
« L’Arabie saoudite est arrivée au sommet de l’Opep avec la conviction profonde qu’une réduction majeure de l’offre de 1,5 million de barils était nécessaire de la part de l’Opep et de « l’Opep+, au-delà de la coupe de 2,1 millions de barils déjà conclue en décembre 2019. Beaucoup de participants au sommet de mars, dont la Russie et le Kazakhstan, ne souhaitaient pas réduire davantage leur production », a expliqué Sadad al-Husseini, vice-président de la compagnie nationale saoudienne Aramco, dans un entretien accordé au Point ce lundi.
« Lorsqu’ils ont pris la décision, à la fin de la réunion, de ne pas diminuer leur production après le 31 mars et de défendre uniquement leur propre intérêt, l’Arabie saoudite n’a pas eu d’autre choix que d’accroître au maximum sa production dans le but de rétablir, mais aussi de protéger, sa position sur le marché pétrolier », a fait savoir l’ancien responsable de la plus grande compagnie pétrolière du monde.
« La Russie et l’Arabie saoudite possèdent des objectifs stratégiques et économiques communs. Si leur alliance peut être temporairement suspendue, leurs intérêts communs les réuniront inévitablement de nouveau dans le futur », a cependant estimé Sadad al-Husseini, qui avance que « l’Arabie saoudite peut longtemps supporter le régime actuel des prix du pétrole, certainement plus longtemps que les autres producteurs en compétition avec Aramco dans le marché énergétique mondial ».
Avril, le pire mois de l’histoire pour le pétrole ?
Signe que l’optimisme n’est pas au rendez-vous, le site Oil Price a estimé que le mois d’avril pourrait devenir le pire mois de l’histoire pour le marché pétrolier mondial. « Les producteurs de pétrole font déjà face à leur pire crise de l’histoire, mais le marché n’est pas encore au plus bas, selon plusieurs analystes », indique la même source.
« Au cours de la semaine dernière, les restrictions imposées à la mobilité par les gouvernements européens et nord-américains dans le cadre de leur réponse aux coronavirus ont considérablement amplifié le choc négatif de la demande », indique une note de la banque britannique Standard Chartered citée par Oil Price.
« Nous prévoyons maintenant que la perte de demande en glissement annuel atteindra un sommet en avril à 10,4 millions de barils par jour, et que la demande annuelle chutera de 3,39 millions de barils journaliers en 2020 », prédit Standard Chartered.
« Alors que le mois d’avril pourrait voir le pire de la destruction de la demande de pétrole, Standard Chartered dit que la demande en glissement annuel pourrait chuter de 8,8 millions de barils par jour en mai et de 7,4 millions de barils journaliers en juin », fait savoir Oil Price.
Et même après le passage de la pandémie, il y aura « un élément de perte persistante de la demande… entraîné par des changements permanents dans le comportement des voyages aériens et les implications pour la demande des entreprises incapables de se remettre du choc initial », prévient Standard Chartered.