Les cours du pétrole ont terminé en ordre dispersé lundi alors qu’entraient en oeuvre les sanctions américaines contre le pétrole iranien, adoucies en partie par des exemptions temporaires.
Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier a gagné 34 cents pour terminer à 73,17 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de Londres.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de « light sweet crude » (WTI) pour le contrat de décembre a cédé 3 cents pour clôturer à 63,10 dollars.
Le marché se préparait depuis longtemps à l’application des mesures annoncées par Washington pour faire pression sur Téhéran, l’administration de Donald Trump affichant en particulier sa volonté de réduire à zéro les exportations de brut iranien.
« Les prix du pétrole ont grimpé début octobre à des niveaux plus vus depuis plusieurs années dans l’anticipation de ces sanctions et d’une baisse de l’offre sur le marché mondial », a rappelé Matt Smith de ClipperData. « Ils sont peu à peu redescendus dans la mesure où l’offre est finalement restée à un niveau élevé », a-t-il ajouté.
Le WTI a sombré vers 01H20 GMT à son plus bas en sept mois, à 62,52 dollars. Vendredi, le Brent avait reculé à son plus bas en dix semaines, à 72,16 dollars.
« Et maintenant que les sanctions entrent vraiment en oeuvre, qu’on devrait vraiment voir les exportations iraniennes baisser, des exemptions sont accordées et on ne sait pas vraiment quelles effets elles vont avoir », a relevé le spécialiste.
Le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo a en effet annoncé lundi que les Etats-Unis autorisaient huit pays, parmi lesquels la Chine, l’Inde, le Japon, la Corée du Sud et l’Italie, à continuer d’acheter temporairement du pétrole iranien.
Les autres pays qui bénéficient d’une dérogation de six mois sont la Grèce, la Turquie et Taïwan, a-t-il ajouté, promettant une pression « implacable » tant que le régime iranien n’aura pas pris « un virage à 180 degrés » dans son comportement « déstabilisateur » au Moyen-Orient.
« Alors que les Saoudiens augmentent leur production pour compenser les sanctions contre Téhéran, si l’Iran continue de produire autant, nous pourrions en fait voir une hausse de la production », a estimé Joshua Mahony, analyste chez IG.
D’autres analystes préféraient rester prudents face à l’incertitude qui entoure ces sanctions.
« Il devrait y avoir juste assez de pétrole sur le marché pour répondre à la demande cet hiver », a ainsi jugé Ann-Louise Hittle, analyste chez Wood Mackenzie. « Cela laisse le marché vulnérable à une hausse hivernale de la demande ou à une nouvelle perturbation de l’offre », a-t-elle prévenu.
Par ailleurs, pour Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB, l’Arabie saoudite, premier exportateur mondial, « n’aura bientôt plus à répondre aux besoins du président américain, Donald Trump, après les élections législatives ».
Le président américain s’était en effet attaqué à l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) en leur demandant un prix plus bas de l’or noir alors que le prix trop élevé de l’essence aurait pu mécontenter les électeurs américains avant le vote, qui se tiendra mardi.