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Le régime installe l’Algérie dans l’impasse

Le régime installe l’Algérie dans l’impasse

La foule des grands jours de mobilisation était de retour pour ce seizième vendredi de manifestations et le premier depuis la fin du Ramadhan. Par centaines de milliers, les Algériens ont manifesté à travers le pays pour réitérer les principales revendications du mouvement populaire : le départ des symboles du système et l’organisation d’une transition démocratique.

Ce vendredi, les Algériens avaient de bonnes raisons d’être remontés contre le régime. Plus de quatre mois après le début du mouvement populaire, le pouvoir continue de manœuvrer pour imposer sa solution au peuple. Ce matin, les gendarmes ont, une nouvelle fois, bloqué les principaux axes routiers menant à Alger pour empêcher les citoyens de gagner la capitale. À Alger, les policiers, déployés en force dès les premières heures de la matinée, ont multiplié les arrestations et les actes d’intimidation à l’égard des manifestants.

Quatre mois après le début du mouvement populaire, le pouvoir n’a donc pas changé. Il réprime toujours autant, voire peut-être plus que sous Bouteflika. Jusqu’au 2 avril, en effet, les policiers et les gendarmes avaient un comportement presque exemplaire à l’égard des manifestants. La répression a fait son apparition depuis que le régime, après avoir sacrifié Boutefika et quelques figures de son règne, tente de confisquer la révolte populaire pour se régénérer.

« Celui qui vous bloque l’accès à la capitale ne peut pas ouvrir la route d’El Mouradia ». Ce message, régulièrement partagé sur les réseaux sociaux pour dénoncer le comportement des forces de l’ordre, montre à quel point les Algériens se méfient du pouvoir et de ses fausses promesses.

Hier, Abdelkader Bensalah a prononcé un nouveau discours. Alors que les Algériens s’attendaient à des annonces importantes, voire à des concessions certaines de leurs revendications, le président par intérim a répété le même message martelé par le régime depuis le départ de Bouteflika, à savoir que la solution réside dans le « dialogue » autour de l’organisation d’une élection présidentielle dans les meilleurs délais. Une présidentielle organisée avec Bensalah comme président, Bedoui comme Premier ministre et toute l’administration actuelle au cœur du processus.

La nouvelle sortie de Bensalah ressemble au mieux à du mépris, au pire à une provocation à l’égard des Algériens. Ces derniers, lors des précédents vendredis, ont fait connaître leur position sur le sujet. Pour eux, une présidentielle dans les conditions proposées par le pouvoir équivaudrait à un suicide collectif. Une fois le nouveau président issu de la fraude sera élu, le régime va reprendre ses vieilles habitudes faites de répression et de prédation.

Les Algériens demandent une transition démocratique, c’est-à-dire un processus mené par des personnalités qui jouissent de leur confiance. Toutes les initiatives, de la société civile à l’opposition en passant des personnalités nationale, l’Organisation des moudjahidine ou les Oulémas musulmans convergent vers cette option.

Mais le régime fait mine de ne pas comprendre. Il fait des parallèles douteux avec les années 1990 et ses relais mettent en avant le chaos en Libye et en Irak, né de transitions mal négociées. Dans sa démarche qui installe le pays dans l’impasse, il est soutenu par les partis de l’ex-Alliance présidentielle, les mêmes formations qui disaient il y a encore quelques mois que Bouteflika était le meilleur candidat pour l’Algérie. Pour beaucoup d’Algériens, ce soutien constitue à lui seul une raison suffisante pour poursuivre la lutte jusqu’à l’aboutissement de toutes leurs revendications.

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