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« Le véhicule de moins de 3 ans va coûter aussi cher qu’un neuf »

« Le véhicule de moins de 3 ans va coûter aussi cher qu’un neuf »

Où en est votre dossier des marques automobiles dont vous avez été dépossédé ?

Abderrahmane Achaibou président du groupe Elsecom : Il faut savoir que nous avons été dépossédés de nos marques par Abdeslam Bouchouareb (ancien ministre de l’Industrie, en fuite à l’étranger). Il s’agit d’un ensemble de huit marques. Les gens pensent qu’il n’y a que la marque Kia, mais en fait pas uniquement. Nous avions Kia et le groupe Elsecom qui avait plusieurs marques à savoir Ford, Suzuki, Daewoo, Isuzu camions, Isuzu bus, Faw et Tata Motors. Les gens se focalisent sur Kia qui faisait quand même un chiffre d’affaires important, mais ce qu’il faut savoir c’est que nous avons été dépossédés par l’ancien gouvernement de la totalité de nos marques dont cinq marques ont été distribuées à d’autres. Il y a eu deux dossiers qui sont passés devant la justice, à savoir celui de Kia et celui d’Isuzu. Et on nous a indemnisés pour les deux sociétés à hauteur de 2,2 milliards de DA. Il reste le dossier Suzuki et pour ce qui est des autres marques il faut savoir qu’elles ont eu des agréments mais elles n’ont pas démarré ( Ford, Daewoo…). Pour l’instant, nous n’avons rien récupéré. La justice n’est pas habilitée à me redonner mes marques.

Avez-vous entrepris des démarches pour récupérer vos marques ?

Au niveau de la justice, je ne pense pas qu’un juge a les prérogatives de me redonner mes marques. C’est une affaire commerciale. On peut bien évidemment saisir le président de la République. C’est une affaire politique. C’est de la hogra. Nous avons été dépossédés de l’ensemble de marques par le système avec à sa tête Bouchouareb. Je tiens toujours à récupérer ces marques. Ce sont des marques que j’ai gérées pendant 20 ans, on vous les arrache et on les redistribue, ensuite on essaie de vous salir : « Achaibou est un antisystème et anti gouvernement ». Malheureusement pour eux, ils n’ont rien trouvé. Je suis dans le secteur privé depuis 42 ans en tant que doyen, mes sociétés n’ont jamais été inscrites au fichier des fraudeurs, ni avec la CNAS, ni avec les Impôts ni encore avec la Douane.

Aujourd’hui, êtes-vous optimiste ?

Je suis optimiste pour l’Algérie. Nous avons un président de la République et un chef du gouvernement et un travail est en train de se faire. Vous savez, il est très difficile de changer en deux mois tout un système mafieux qui a régné pendant 20 ans.

L’industrie de montage automobile connaît aujourd’hui un déclin avec l’arrêt des usines et la mise au chômage de milliers d’employés. Qu’est-ce qui a conduit à cette situation et quelles sont les pertes financières occasionnées ?

Quand Renault est venu proposer le montage en Algérie, il était en négociations avec les Marocains. Voyez ce qu’a fait Renault au Maroc : une véritable usine et plus de 250 sous-traitants, et c’est aussi plus de 400.000 véhicules produits dont 90% sont exportés. Vous vous rendez-compte du tissu industriel qu’il a créé au Maroc ? En Algérie, Renault n’a pas fait la même chose parce que l’Algérie n’a pas été exigeante. En même temps, on a posé des conditions tellement draconiennes. Aujourd’hui, il n’est pas trop tard. Tout ce qu’on a fait est une véritable escroquerie puisque le Trésor n’a rien engrangé. Uniquement depuis 2016, l’Algérie a perdu pratiquement 4 milliards de dollars : pas de droits de douane, pas de TVA, pas de TVN, et probablement pas d’IBS et de TAP…C’est énorme. Quatre milliards de dollars c’est pratiquement le budget pour former 1,5 millions d’étudiants algériens. Pourquoi je parle de système mafieux : on peut accorder des exonérations mais jamais la TVA, je n’ai jamais vu ça.

Les nouvelles autorités veulent mettre un terme à cette situation. La démarche vous parait-elle la bonne ?

Connaissant l’expertise de Ferhat Ait Ali (ministre de l’Industrie et des Mines, Ndlr) il a été toujours cartésien et il avait déjà dénoncé le projet Renault. Les autorités d’avant n’écoutaient personne. L’Algérie ne manque pas d’experts. Vous ne pouvez pas décider à la place de quelqu’un sans concertation . Sinon, l’échec est total. Le véhicule de tourisme est l’apanage des constructeurs.

Vous avez déclaré que la règle 51/49% n’a pas servi l’industrie automobile nationale. Or, le nouveau cahier des charges sur l’industrie automobile, qui sera prêt prochainement, n’obligera pas « l’investisseur à s’associer à un partenaire national, mais lui imposera d’apporter le financement et le savoir-faire ». Qu’en pensez-vous ?

La règle 51/49 a été un échec. Les gens qui étaient au pouvoir à son instauration en 2009 l’ont fait pour servir leurs intérêts. Lorsqu’un étranger vient on lui désigne son vis-à-vis. L’État ne peut pas montrer à un constructeur comment il faut faire. Par contre, il peut exiger que les sous-traitants emploient en majorité des Algériens.

Le gouvernement ouvre la porte à l’importation des véhicules de moins de 3 ans. L’importation de voitures d’occasion résoudra-t-elle la crise qui frappe le marché automobile national ?

Je suis d’accord pour l’importation des véhicules d’occasion mais pas les moins de 3 ans. Le véhicule de moins de 3 ans va coûter aussi cher qu’un véhicule neuf. Le retour à l’importation des véhicules d’occasion mérite vraiment une réflexion et doit conduire à un encadrement juridique approprié fin d’éviter les problèmes rencontrés par le passé. On va ramener un véhicule Euro 6 (norme actuellement en vigueur en Europe visant à réduire le niveau de pollution, Ndlr). Or, notre gasoil et notre essence sont à Euro 3. La qualité de ces deux carburants ne convient pas à la durabilité du moteur des véhicules de moins de 3 ans qui seront importés.

Je propose de ramener un véhicule neuf directement chez le constructeur et il reviendra moins cher qu’un véhicule d’occasion avec en sus la garantie que le véhicule d’occasion n’a pas. Si le véhicule de moins de 3 ans sort du territoire européen, arrive en Algérie, il sera pas concerné par exemple en cas de campagne de rappel par exemple sur un problème de freinage.

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