search-form-close
Les acteurs de la société civile dénoncent l’usage « excessif » de la violence contre les manifestants

Les acteurs de la société civile dénoncent l’usage « excessif » de la violence contre les manifestants

La dernière manifestation des étudiants a été marquée par un durcissement de la répression policière, avec un recours à la force jugé excessif par les manifestants. Une vingtaine d’étudiants ont été interpellés à Alger. Une violence qui n’a pas épargné les journalistes.

Vendredi dernier, lors de la 13e journée de mobilisation, la police s’est également montrée agressive dans la capitale. Plusieurs manifestants, dont des maires, ont été interpellés, parfois de manière brutale.

L’usage de la violence à l’encontre des manifestants ne fera que renforcer la détermination et la mobilisation des citoyens, s’accordent à dire les défenseurs des droits de l’Homme et les acteurs de la société civile.

Parallèlement à l’usage de la violence on assiste également à la limitation, sous divers prétextes, des espaces publics aux manifestants. A Alger, le parvis de la Grande Poste a été fermé pour travaux selon les services de la wilaya. A Bordj Bou Arreridj, le célèbre « Palais du peuple », est également fermé pour travaux. Une autre tentative vaine, selon les militants des droits de l’homme, de venir à bout d’un mouvement désormais inscrit dans la durée.

« On est devant une violation flagrante aux libertés de manifestation et de rassemblement en Algérie », dénonce Abdelouahab Fersaoui président de RAJ. Selon lui, « ces agissements de la part du pouvoir reflètent l’absence d’une volonté de trouver une solution à la crise et de répondre favorablement aux revendications du mouvement populaire ».

Le recours à la violence et à la répression « n’a aucune justification, parce que le mouvement depuis le 22 février à ce jour a prouvé qu’il était pacifique et n’a connu aucun débordement ni violence. Ces comportements visent à étouffer et casser le mouvement citoyen », poursuit Fersaoui qui affirme que le mouvement populaire n’en sera que plus fort.

« La violence de la part du pouvoir n’est pas chose nouvelle. Souvenez-vous qu’il y a eu des interpellations et des femmes ont été humiliées dans un commissariat. Mais cela n’affaiblira et n’impactera pas négativement le mouvement, pour la simple raison que le peuple algérien est déterminé à aller jusqu’au bout dans sa marche vers l’instauration d’un Etat de droit et vers le changement de ce système », affirme-t-il.

Pour le 14e vendredi, Abdelouahab Fersaoui s’attend à une forte mobilisation de la part des citoyens. « Les étudiants nous ont donné, encore une fois, un avant-goût de ce que seront les marches de ce vendredi, fait observer le militant associatif, à savoir une journée de très forte mobilisation des Algériens qui sortiront nombreux hommes et femmes avec des revendications claires, le rejet des élections et demander une période de transition indépendamment des symboles du système ».

À la Ligue algérienne des droits de l’Homme (LADDH), le ton est aussi à la dénonciation des brutalités dont ont été l’objet des manifestants notamment les étudiants. Pour Saïd Salhi, vice-président de la LADDH, l’usage de la violence contre les manifestants signe un retour « des pratiques que nous avons cru révolues », des pratiques en cours sous le système de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika.

« Il y a eu des interdictions de plusieurs conférences et la répression de manifestations publiques notamment celle des étudiants avec en sus l’usage de la violence », dénonce Salhi pour qui ces agissements « n’indiquent qu’une chose : la mauvaise volonté du système actuel d’aller réellement vers une République des libertés et des droits ».

« Nous croyions que la liberté de manifester était acquise depuis le 22 février et voilà qu’on revient sur cet acquis », regrette le militant des droits de l’Homme qui trouve « injustifiée toute cette violence » surtout que le mouvement citoyen, qui entame sa 14e semaine, a été jusque-là pacifique. « Il n’y a pas eu d’atteinte à l’ordre public ou des menaces contre les édifices publics. Il n’y a donc aucune raison de recourir à cette violence excessive comme on l’a vu de la part de certains officiers qui ont été trop loin dans leur comportement », ajoute-t-il.

Said Salhi est optimiste concernant la mobilisation ce vendredi. « La mobilisation sera encore au rendez-vous. On a vu les marches des étudiants à deux reprises pendant cette semaine, dimanche à l’occasion du 19 mai et le mardi. Ils ont donné un ton de ce que sera la mobilisation de demain. Personnellement je n’ai aucun doute que la mobilisation sera toujours importante », confie M. Salhi.

  • Les derniers articles

close