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Les difficultés de Sonatrach, symbole d’un pays qui a perdu son attractivité économique

Les difficultés de Sonatrach, symbole d’un pays qui a perdu son attractivité économique

Cela fait plusieurs années que la production et l’exportation des hydrocarbures baissent inexorablement. Pour un pays dont l’économie repose presque entièrement sur la vente de pétrole et de gaz, une telle tendance est alarmante.

De surcroît, lorsqu’elle se conjugue à une stagnation des prix dans une fourchette très en-deçà du seuil nécessaire pour équilibrer le budget de l’Etat (116 dollars selon le FMI, alors que le prix du baril se maintient difficilement depuis plusieurs mois au-dessus de 60 dollars).

En 2018, la valeur des volumes exportés avait baissé de 4,2%, tirant vers le bas la croissance de l’économie nationale, à 1,3% seulement. La tendance s’est poursuivie durant l’année en cours avec une baisse de 8% durant les mois de janvier et de février, par rapport à la même période de l’année précédente.

Trois facteurs tirent les revenus vers le bas : la baisse des prix sur les marchés internationaux, la hausse de la consommation domestique, notamment de gaz, et la baisse de la production.

N’ayant aucune emprise sur les deux premiers segments, Sonatrach espère augmenter les volumes extraits, du moins atténuer la baisse entamée depuis plusieurs années et qui devient inquiétante depuis quelques mois.

Un document interne de Sonatrach révèle que la compagnie pétrolière nationale souhaite une nouvelle loi sur les hydrocarbures « afin de redynamiser ses activités en partenariat et augmenter leur part de production ».

La doléance est même frappée du sceau de l’urgence. La compagnie parle d’un « contexte ne laissant pas entrevoir de perspectives concrètes de regain d’activités » qui « rend plus que jamais nécessaire et urgent la promulgation d’une nouvelle loi sur les hydrocarbures, adaptée au contexte international et à même de faire valoriser par l’Algérie son avantage concurrentiel ».

Tous ces euphémismes constituent en fait une manière de dénoncer le marasme du secteur algérien des hydrocarbures, disposant d’un énorme potentiel mais rendu peu attractif par une législation contraignante et, depuis quelque temps, instable.

Sonatrach illustre le peu d’empressement des étrangers à investir dans le pétrole et le gaz algériens en présentant l’évolution de la part de la production en partenariat : 33% en 2007, à peine un quart aujourd’hui.

Les actifs de l’Américain Anadarco ont été certes repris par les Français de Total, mais leur cession renseigne déjà sur ce qu’il est advenu de l’attractivité de l’Algérie même si, faut-il le souligner, la transaction entre dans une stratégie plus globale de redéploiement de la compagnie américaine en Afrique.

Cela dit, le problème de la baisse de la production algérienne d’hydrocarbures et l’hésitation des étrangers à y investir est bien réel et c’est Sonatrach qui tire la sonnette d’alarme en demandant que soit revu le dispositif législatif y afférent.

En réalité, c’est toute l’économie algérienne qui a perdu son attractivité et pas le seul secteur des hydrocarbures. Beaucoup de contraintes y ont contribué et il faudra une grande volonté et beaucoup de patience pour les lever : la règle 51/49 dont l’annonce de la suppression dans la prochaine loi de finances constitue d’ailleurs un aveu que le marché algérien n’attire plus, une législation versatile, une situation politique incertaine…

S’agissant de Sonatrach, elle traîne un boulet supplémentaire avec cette instabilité managériale qui n’incite pas ses partenaires potentiels à s’engager sur le long terme.

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