Les nuages s’amoncellent sur l’économie nationale. Alors que les Sénateurs débattaient ce dimanche le projet de Loi sur les hydrocarbures, des chiffres dévoilés par l’agence d’information financière Bloomberg ont de quoi inquiéter.
Les clients européens de Sonatrach ont « considérablement réduit leur demande » en gaz conventionnel provenant d’Algérie, ce qui a entraîné « une chute de 25% du niveau des ventes attendu cette année », a déclaré Ahmed El-Hachemi Mazighi, vice-président du marketing de Sonatrach, cité par Bloomberg.
Les exportations algériennes de gaz vers l’Europe sont concurrencées par les approvisionnements russes, moins chers et par l’abondance au niveau mondial du combustible sous forme liquéfiée, selon la même source.
Des contrats moins compétitifs
L’Algérie est le troisième plus grand fournisseur en gaz de l’Europe, rappelle Bloomberg. La baisse de ses exportations de gaz montre comment les nouveaux approvisionnements en GNL des États-Unis vers l’Australie et la Russie submergent le marché et poussent les prix à la baisse, explique la même source. Cela a réduit la compétitivité des contrats de gazoducs de l’Algérie, qui sont principalement liés aux prix du pétrole, indique Wood Mackenzie, consultant en énergie.
Sonatrach a transformé une plus grande partie de son gaz en GNL, afin de compenser ces pertes de parts de marché. La société vend ces approvisionnements sur le marché au comptant pour une livraison immédiate, a expliqué M. Mazighi. C’est la première fois que les ventes au comptant représentent 30% des exportations de GNL de Sonatrach.
« En 2019, la tendance s’est complètement inversée en raison de l’hiver chaud en Europe », a indiqué M. Mazighi. « 2020 devrait aussi être une année difficile. Si l’hiver est chaud comme l’année dernière, nous devrons également faire beaucoup de ventes au comptant », a-t-il ajouté.
Les ventes de GNL de Sonatrach devraient atteindre les 5 milliards de mètres cubes cette année, un « record historique » sur ces 20 dernières années, représentant environ 60 cargaisons, explique Bloomberg, qui précise que plus de la moitié des volumes de GNL de la société ont été vendus en Asie.
Concurrence du schiste américain
Cette annonce est la seconde mauvaise nouvelle pour le secteur des hydrocarbures en moins de cinq jours. Mercredi, le média spécialisé Kallanish Energy expliquait que le pétrole algérien était confronté à la hausse des exportations américaines de schiste. L’Algérie doit chercher de nouveaux marchés pour son pétrole brut et ses condensats, ajoutait la même source.
La production américaine de pétrole de schiste inonde l’Europe, le plus gros marché d’exportation de l’Algérie, selon la base de données spécialisée ClipperData, citée par Kallanish Energy.
Sans surprise, les flux algériens vers l’Amérique du Nord ont également reculé, ajoute la même source, précisant que les exportations de pétrole algérien vers le Canada ont atteint leur niveau le plus bas, avec une seule cargaison cette année.