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Les manifestations contre le 5e mandat vues par la presse et la classe politique

Les manifestations contre le 5e mandat vues par la presse et la classe politique

Les manifestations de ces derniers jours dans certaines villes du pays ont donné lieu à de larges comptes-rendus et abondamment été commentées par plusieurs titres de la presse nationale ce lundi matin, mais également par des chefs de partis politiques.

Ces comptes-rendus de la presse nationale illustrent d’autre part le fort clivage entre presse publique et privée. Cet antagonisme est également relevé au sein des partis politiques, qu’ils soient proches du pouvoir ou de l’opposition.

Ouvrant sur  »Rejet du 5e mandat, la fronde gagne les terrains », El Watan revient plus particulièrement sur la manifestation organisée hier dimanche 17 février dans la capitale française, qui a rassemblé des centaines d’Algériens venus s’exprimer sur le 5e mandat.  »La mobilisation contre le 5e mandat de Bouteflika commence à prendre forme en Europe. Hier, ce sont les Algériens de France qui ont organisé un rassemblement à Paris pour dire au système -dégage- et de -nous épargner la honte », écrit El Watan.

 »Tous les participants ont vilipendé un régime gérontocratique qui a sucé le sang des Algériens et volé ses richesses. Nous voulons un président jeune pour une Algérie moderne », indique un manifestant, cité par le quotidien. El Watan revient par ailleurs sur les manifestations enregistrées dans certains stades du pays, notamment à Jijel, lorsque des supporters de clubs de football avaient contesté le 5e mandat.

 »Forte mobilisation à Paris contre le 5e mandat », titre de son côté Liberté, qui revient sur la manifestation organisée à Paris, et annonce que le collectif Mouwatana compte organiser plusieurs manifestations contre le 5e mandat, sans annoncer de date, simultanément à Paris, Marseille, Lille, Londres, Montréal et Bruxelles.

 »Cela servira à donner un coup de pouce à ceux qui militent pour l’alternance en Algérie et à rendre leur action plus visible au niveau international », a indiqué Zoheir Rouis, coordinateur de Mouwatana et représentant de Jil Jadid en France, cité par Liberté.

Dans un article intitulé  »Des artistes et des personnalités politiques appellent au rejet du 5e mandat », El Watan écrit par ailleurs que  »sur le terrain et sur l’espace virtuel, des voix de plus en plus s’élèvent contre le forcing des tenants du pouvoir, qui s’apprêtent à valider un autre bail pour un président malade et absent depuis plusieurs mois, voire durant tout le mandat qui tire à sa fin. »

La bataille médiatique autour du 5e mandat ne fait que commencer, et, au-delà des larges espaces d’expression qui se sont confortablement installés sur les réseaux sociaux, où adversaires et partisans du 5e mandat se livrent une bataille épique.

Facebookers et youtubeurs, ennemis 3.0

A l’opposé d’El Watan et Liberté,  »L’Expression » revient, à sa manière, dans l’éditorial de son édition de ce lundi, sur les adversaires du 5e mandat, et n’hésite pas à les qualifier d »intrus de la démocratie ».

 »La logomachie de ces intrus de la démocratie tourne à vide », écrit L’Expression, qui s’interroge si  »ces amateurs de Facebook qui sont à la poursuite du buzz et des batailles youtubesques sont-ils devenus, à ce point, une vraie police de la pensée? ».  »Sinon, poursuit-il, comment expliquer que cette engeance se préparerait peut-être déjà à aborder la campagne électorale de la présidentielle, le couteau entre les dents? »

Pour l’éditorialiste de L’Expression,  »la démocratie risque à l’heure actuelle d’être cannibalisée par des gens poussés dans la rue et payés par des puissances de l’argent inspirées par des officines bien connues chez nous ». Il estime que  »cette opposition de pacotille est toxique. Elle pollue tout ce qui l’approche. »

El Moudjahid, l’ex-organe central du FLN repassé sous le giron du service public à la fin des années 1990, revient lui également sur les manifestations anti-5e mandat, et, surtout, fustige  »les parrains du changement ». Il critique ceux qui appellent à manifester, ajoutant : « Il arrive que certaines personnes appartenant à ce genre de formations politiques, par acquis de conscience ou par mesure de précaution, se démarquent des appels anonymes à investir la rue, en mettant en garde contre les manipulations et en dénonçant d’éventuelles violences ».

Pour El Moudjahid, il s’agit  »d’une position saine, voire courageuse, si elle n’entretient pas l’équivoque et si elle n’est pas accompagnée d’un appel tout aussi dangereux à la violence, ces mêmes personnes déclarent que leur parti appuiera toute révolte du peuple contre le système, au moment où le quotidien qui leur sert de support entretient toute une propagande d’une rare violence contre les institutions de la République et encourage les pyromanes de tout bord en ânonnant un slogan lassant, peu original et usé jusqu’à la corde, celui du changement, c’est maintenant ».

Rhétorique sur les batailles de rue

Sur le terrain politique, il y a par ailleurs une autre bataille de positions, déclenchée en premier par le directeur de la campagne électorale du président-candidat Abdelaziz Bouteflika. Abdelmalek Sellal avait déclaré que la candidature du président Bouteflika  »n’a pas été rejetée ni en Algérie, ni à l’étranger » jeudi dernier en marge du rassemblement organisé à la Maison du peuple, à la place du 1er mai.

Ce qui a été suivi par des réactions dans le camp des adversaires du 5e mandat, qui a dénoncé ce qu’il a appelé  »la diabolisation » des anti-5e mandat.  »Ils ont semé le désespoir en maintenant le statu quo, et ensuite ils diabolisent les citoyens et accusent l’opposition de vouloir mener le pays vers le chaos », estime Abdelghani Badi, membre de Mouwatana, cité par El Watan.

Dimanche, le RCD avait, dans une réaction aux manifestations enregistrées dans certaines villes du pays contre le 5e mandat, averti dans un communiqué contre  »les provocations et la répression contre des citoyens qui manifestent les mains nues. »  »Face à l’aveuglement et aux provocations orchestrées par les sponsors d’un statu quo mortifère pour le pays et à l’embrigadement ou le musellement des partis politiques et des organisations, les populations n’ont d’autre choix pour s’opposer à un système de soumission et d’humiliation que la rue. » Le parti a ensuite manifesté  »ses vives inquiétudes », avant de dénoncer  »la remise en selle récurrente et grossière de la formule éculée des ennemis de l’intérieur. »

Par contre, le président de TAJ Amar Ghoul est catégorique : « L’appel à la rue est une grande aventure. C’est un danger.’’ Il a stigmatisé dimanche au cours d’un rassemblement de son parti « ceux qui appellent à la rue. Ils appellent à la mobilisation dans la rue. Ils veulent faire pression à travers la rue. Nous le disons et réaffirmons : il n’y a aucun bénéfice à tirer en recourant à la rue. »

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