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Les recommandations de Crisis Group pour sortir l’Algérie de sa situation

Les recommandations de Crisis Group pour sortir l’Algérie de sa situation

Le centre d’analyses International Crisis Group (ICG) a publié ce lundi un rapport sur l’Algérie intitulé « Surmonter la paralysie économique de l’Algérie », dans lequel il invite le pays à sortir de sa politique d’État social, l’estimant intenable dans le contexte économique actuel.

« À terme, l’Algérie devra faire plus que des ajustements techniques marginaux pour sa politique économique. Elle devrait chercher à renégocier un contrat social implicite entre l’État et ses citoyens, longtemps limitée par les avantages (et les désavantages) de son économie de rentier basée sur le pétrole, qui consiste à ce que l’État subvienne aux besoins et à la population de se taire », estime l’ICG. « Les fissures dans cet arrangement sont devenues plus apparentes, se concrétisant principalement par de fréquentes manifestations socio-économiques à travers le pays », indique-t-il en outre.

« Cependant, depuis la fin des années 1980, la contestation qui exprimait le désir de changement – manifestations de masse, appels à la réforme politique et diverses autres formes d’activisme ayant parfois conduit à des concessions de la part de l’État – a souvent engendré une profonde instabilité et des conflits », tempère toutefois Crisis Group.

« Toute renégociation du contrat social post-1990 doit être considérée de manière prudente », estime ainsi Crisis Group. « La génération née durant les années 1990 n’a pas la mémoire de la décennie de violence et fera face à une augmentation des prix des biens basiques alors que le gouvernement réduit les subventions », indique l’ICG, affirmant malgré cela que « près de vingt ans après la fin de la guerre civile des années 1990, il est temps de commencer à s’éloigner d’un modèle qui, malgré toute la stabilité et la paix qu’il a engendrées, apparaît de moins en moins durable ».

Pour ce faire, International Crisis Group invite le gouvernement algérien à « prendre des mesures modestes pour établir une feuille de route pour la réforme économique ». L’ICG invite notamment l’État à être « plus ouvert et transparent avec l’opinion sur l’état des finances publiques et sur la façon dont il entend y remédier. Le gouvernement devrait éviter d’introduire de nouvelles politiques sans consulter et préparer les institutions de l’État », affirme l’ICG.

Le centre d’analyse estime également que le gouvernement devrait « chercher à répondre aux préoccupations grandissantes du public face à la corruption ». Plutôt que de faire des procès pouvant être « perçus par le public comme une chasse aux sorcières politique, particulièrement dans le contente d’un changement imminent », International Crisis Group recommande de mettre en place une « commission d’experts chargée d’examiner la meilleure façon de réduire la corruption au moyen de réformes administratives et législatives ».

International Crisis Group recommande aussi d’inclure « un plus grand nombre d’acteurs du monde des affaires et de la société civile dans ses consultations sur la politique économique, au-delà des associations professionnelles et des syndicats qui sont actuellement ses principaux interlocuteurs », estimant que le problème du FCE, principale organisation patronale du pays, réside dans « la perception que bien qu’il soit le principal réformateur, il incarne les intérêts de l’Establishment et de la nouvelle élite plutôt que les intérêts économiques du pays dans son ensemble ».

Dans ce contexte, le centre d’analyse considère que « s’adresser à des personnalités dans le monde des affaires éloignées du cercle, y compris des critiques du gouvernement Bouteflika comme Issad Rebrab, pourrait non seulement insuffler des idées différentes au débat sur la politique économique, mais aussi désamorcer les accusations affirmant que les intérêts de lobbies particuliers comptent plus que les intérêts du secteur privé dans son ensemble ».

Enfin, l’ICG recommande à l’Algérie de « mettre un accent particulier sur les jeunes, des demandeurs d’emploi jusqu’aux entrepreneurs, dans l’élaboration d’un programme de réformes », estimant que « cela pourrait se faire dans un premier temps en répondant aux besoins des jeunes algériens et en créant des mécanismes de consultation permettant d’intégrer leurs points de vue dans l’élaboration du programme de réformes ».

« L’attitude actuelle du gouvernement, qu’il s’agisse de prendre des décisions économiques majeures ou de s’attaquer à des questions politiques et sociales plus vastes, est trop souvent distante, arrogante et contraire aux attentes des Algériens », estime International Crisis Group. « Comme beaucoup de questions cruciales en Algérie, les questions de réforme économique ont tendance à être reportées, les partisans du changement attendant un leadership politique plus avant-gardiste », affirme l’ICG.

« Toutefois, cela n’apparaîtra peut-être pas avant un certain temps et les décideurs d’aujourd’hui devraient considérer qu’il serait plus sage, tant pour leurs intérêts que pour ceux de l’Algérie, de prendre de l’avance en faisant face à une crise future plutôt que de faire face au choc lorsqu’il arrivera », conclut Crisis Group.

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