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Lettre ouverte à Monsieur le président de la République Abdelaziz Bouteflika

Lettre ouverte à Monsieur le président de la République Abdelaziz Bouteflika

CONTRIBUTION. Maintenant que Monsieur Lakhdar Brahimi est sorti de sa retraite pour nous rassurer que vous avez toutes vos facultés intellectuelles et que vous recevez directement les messages qui vous sont adressés et décidez de la suite à leur donner, je me permets de vous écrire à nouveau pour vous exprimer le trouble profond que je ressens par suite de la démarche que vous avez initiée en envoyant votre ministre des affaires étrangères voyager a travers le monde pour demander ce que je comprends être « la compréhension et la solidarité » de pouvoirs étrangers avec votre démarche pour répondre à la crise socio-économique et de gouvernance qui a poussé notre peuple et sa jeunesse à s’exprimer de manière forte et durable.

Cela me désole profondément. Je suis persuadé que vous continuez de maintenir vivante votre mémoire de la diplomatie algérienne que vous avez dirigée de longues années et qui n’a jamais fait aucune concession sur la question essentielle du respect de notre souveraineté et du principe de la non-intervention de n’importe quelle puissance étrangère dans nos affaires intérieures que nous avons défendu et que nous défendrons toujours comme un principe sacré de notre politique extérieure.

Les puissances étrangères ont leurs ambassadeurs à Alger, et nous avons nos diplomates dans leurs pays ce qui nous permet de communiquer sans avoir besoin d’entretenir des « messes-basses » sur des sujets aussi importants pour nous que le devenir de la gouvernance de notre pays qui a été mise à mal depuis maintenant de longues années du fait de votre « retrait » physique de la vie publique normale et de la crise économique et sociale profonde qui se propage vite en faisant mal à notre jeunesse. L’Algérie n’a nul besoin d’obtenir la « compréhension » ou la « bénédiction » de puissances étrangères sur les modalités de résolution des problèmes qui l’affectent.

Vous avez certainement la mémoire des Mhamed Yazid, Redha Malek, Mohammed Benyahya, Mohammed Sahnoun, Mohammed Bedjaoui, Krim Belkacem, Mohammed Lamine Debbaghine, Saad Dahlab, Boualem Bessaieh, Mohammed Khemisti, Abdelhafid Keramane, Abdelmalek Benhabyles, et j’en oublie, qui ont été les porte-paroles les plus brillants de notre doctrine nationale qui a donné à nos parents, pendant notre glorieuse lutte de libération nationale, et à nous tous depuis l’indépendance, un profond et sincère sentiment d’orgueil et de présence positive dans le monde.

Je ne suis pas rassuré d’entendre un ministre étranger dire qu’il met en garde d’autres pays que le sien contre toute tentation de s’immiscer dans nos affaires intérieures. Un simple communiqué de notre ministère des affaires étrangères pour prendre acte des déclarations unilatérales de toute origine extérieure suffirait pour rappeler que le peuple algérien dispose des ressources politiques et autres, nécessaires pour résoudre ses problèmes internes. Quant aux pays qui iront jusqu’à vouloir nous donner des leçons d’une quelque nature que ce soit, nous devons fermement leur rappeler leur devoir de respecter le droit international et de ne pas s’immiscer dans nos affaires intérieures comme nous l’avons si souvent fait dans des circonstances nombreuses et diverses dans le passé.

Vos communications, par lettre, au peuple algérien sont publiques et les gouvernements étrangers en ont connaissance et le fait que votre envoyé explique que sa mission est de les discuter avec des puissances étrangères non seulement me perturbe mais soulève la grave question d’atteinte à un principe de politique extérieure qui constitue notre meilleure défense avec notre glorieuse ANP qui a montré sa capacité à faire face à toute ingérence étrangère contre notre territoire ou notre peuple.

J’ose espérer que vous allez vous concentrez sur la réponse urgente que le peuple et sa jeunesse continue d’attendre sur leur demande concernant d’organiser un passage pacifique a un nouvel ordre constitutionnel avant le 28 avril et croyez en notre engagement à rester mobilisés, solidaires et vigilants pour prévenir toute ingérence étrangère dans nos affaires nationales.

Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République en l’expression de ma haute considération et mes vœux de bonne santé.


 

*Mohammed Abdelwahab Bekhechi

Ancien Professeur de droit international

ancien membre du Conseil Constitutionnel

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