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Libération surprise de Bouregaa et plusieurs détenus du Hirak devant le tribunal ce jeudi

Libération surprise de Bouregaa et plusieurs détenus du Hirak devant le tribunal ce jeudi

Le moudjahid Lakhdar Bouregaâ, détenu depuis six mois à la prison d’El Harrach, a été remis en liberté ce jeudi 2 janvier 2020, ont annoncé ses avocats. Son procès a par ailleurs été fixé au 12 mars prochain. Il ne s’agit donc pas d’un non-lieu mais d’une remise en liberté provisoire en attendant son jugement.

Sa remise en liberté est totalement inattendue, puisqu’aucune demande n’a été introduite dans ce sens et aucune audience ou comparution n’était programmée.

Selon des sources proches du dossier, Bouregaâ était hospitalisé à l’hôpital Mustapha et a été transféré directement vers le tribunal de Bir Mourad Raïs où la décision de sa remise en liberté provisoire lui a été signifiée.

Une vingtaine de détenus devant le tribunal

L’hypothèse d’une dégradation de son état de santé n’est donc pas à exclure, d’autant plus que des rumeurs dans ce sens ont circulé depuis deux jours. Si elle n’est pas due à des considérations de santé, sa remise en liberté dans la précipitation pourrait donc être un signe supplémentaire d’apaisement, d’autant qu’elle survient au moment où la prison d’El Harrach se vide progressivement des détenus d’opinion.

Dans ce contexte, le procès d’une vingtaine de détenus, dont les responsables de l’association RAJ, est prévu pour ce jeudi. Ces procès n’étaient visiblement pas programmés, puisque le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) a dû lancer un appel à la dernière minute aux avocats pour venir assister les prévenus.

En attendant, au moins deux militants connus du Hirak, Tigrine Louafi et Lamouri Belamidi, ont été libérés dans la matinée par le tribunal de Sidi M’hamed après leur audition sur le fond.

Lakhdar Bouregaâ a été maintenu en détention en dépit de la vaste campagne de dénonciation que son arrestation a suscitée. Il a été arrêté le 30 juin dernier et placé sous mandat de dépôt par le juge d’instruction du tribunal de Bir Mourad Raïs. Il est poursuivi pour « atteinte au moral de l’armée » et « outrage à corps constitué ».

Le jour de son arrestation, certains médias, dont la télévision publique, avaient tenté de remettre en cause son rôle au cours de la guerre de Libération en soutenant notamment qu’il aurait usurpé l’identité de son frère, qui serait le véritable Lakhdar Bouregaâ. Pour un responsable de l’ALN connu comme tel pendant soixante ans par le grand public et les historiens, l’accusation était grossière.

Une icône du hirak

La montée au créneau de ses compagnons d’armes, notamment l’organisation des moudjahidin et son responsable hiérarchique direct pendant la guerre, le colonel Youcef Khatib, chef de la wilaya IV, a mis fin à la polémique et amené l’ENTV à s’expliquer.

Sur le plan judiciaire, toutes les demandes de remise en liberté provisoire ont été rejetées, en dépit de son âge (87 ans), de son état de santé et de son passé de grand révolutionnaire. Le 5 novembre, il avait été admis au CHU Mustapha d’Alger où il a été opéré d’une hernie discale, mais il a été remis en prison quelques jours plus tard. Son état de santé se serait de nouveau dégradé ces derniers jours.

Lakhdar Bouregaâ, ancien commandant de l’ALN et haut responsable de la wilaya IV historique, est devenu une icône du hirak. Depuis son arrestation, les manifestants réclament à chaque marche populaire sa remise en liberté. Lors de la grande marche du 1er novembre, son portrait a été porté en masque par de nombreux manifestants. Le 22 octobre, il avait refusé de répondre aux questions du juge d’instruction du tribunal de Bir Mourad Raïs.

« Vous êtes un fonctionnaire indiscipliné. Moi, je ne reconnais pas ce gouvernement illégitime et je ne vais pas trahir le hirak », lui avait-il dit. Une semaine auparavant, il avait refusé toute initiative visant sa libération avant celle de tous les détenus d’opinion. « Je refuse toute tentative de libération avant la libération de tous les jeunes du hirak et sans exception. Même si on me propose de sortir, je dirai non », avait-il dit à ses avocats. Début octobre, il avait envisagé d’entamer une grève de la faim en soutien à d’autres détenus qui avaient fait part de leur intention de mener une telle action.

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