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Libye : Alger accueille le premier ministre Saraj, les Émirats déploient des avions de combat

Libye : Alger accueille le premier ministre Saraj, les Émirats déploient des avions de combat

Le président du Conseil présidentiel du gouvernement d’entente nationale libyen, Fayez al-Sarraj, est arrivé ce mardi 9 mai à Alger. « Cette rencontre, qui s’inscrit dans le cadre de la poursuite des efforts de l’Algérie pour le parachèvement de la solution politique consensuelle, mise en œuvre par les parties engagées, a été l’occasion de procéder à une évaluation du processus en cours ainsi qu’à un examen des voies et moyens susceptibles de contribuer à un retour à la paix et à la sécurité (en Libye) dans un cadre inclusif », indique le premier ministère dans un communiqué, publié via l’agence officielle APS. Le chef du gouvernement libyen a eu des entretiens avec son homologue algérien Abdelmalek Sellal.

La visite d’Al Sarraj intervient au lendemain de la 11e réunion ministérielle des cinq pays voisins de la Libye, lundi 8 mai à Alger. Ces pays ont réaffirmé le refus de toute solution militaire, y compris étrangère, à la crise libyenne. « La solution durable à la crise qui secoue ce pays frère et voisin n’est trouvable qu’à travers le choix politique qu’adopteront les Libyens en toute souveraineté », selon la déclaration finale de la réunion.

Les voisins de la Libye ont salué la réunion tripartite (Algérie, Égypte et Tunisie), à Tunis le 20 février dernier, et la rencontre, fin avril à Rome, entre le Président du Parlement libyen, Salah Aguila, et le président du Haut conseil d’État, Abderrahmane Souihli.

Toutefois, les ministres des Affaires étrangères des pays voisins de la Libye n’ont fait aucune mention à la récente rencontre entre Fayez al-Sarraj et le Maréchal Khalifa Haftar, chef des forces armées de l’Est libyen, aux Émirats arabes unis. Pourtant, il s’agissait de la première rencontre directe entre les deux protagonistes. Une rencontre importante pour rapprocher les points de vue et accélérer le processus de règlement politique à la crise. À Alger, Mohamed Tahar Siyala, ministre des Affaires étrangères libyen, a déclaré que Khalifa Haftar est le « chef de l’armée libyenne ».

Amendements à l’accord de Skhirat

Quelques jours avant la réunion ministérielle d’Alger, le ministre des Affaires maghrébines, des pays de la Ligue arabe et de l’Union africaine, Abdelkader Messahel, a effectué une tournée dans plusieurs villes du sud libyen. Sur place, il a rencontré des responsables libyens dans le cadre des efforts diplomatiques algériens pour mettre fin à la crise en Libye.

Mais, la visite de M. Messahel a provoqué la colère du Parlement libyen, soutien principal du maréchal Haftar. Il a mis en garde le ministre algérien « des conséquences » de « ses dépassements » ainsi que de « sa violation flagrante de la souveraineté libyenne ».

À Alger, Al Sarradj a clairement répondu au Parlement de Toubrouk indiquant que M. Messahel a fait sa tournée dans le sud libyen avec l’accord des autorités de la Libye. « La tournée de M. Messahel est réussie. Elle a été bien accueillie. Nos relations avec l’Algérie sont solides. Je suis venu en Algérie pour discuter des problèmes qui bloquent le processus politique de règlement de la crise », a expliqué le responsable libyen.

La veille, M. Messahel a rejeté les accusations d’ingérence du Parlement de Tobrouk. « Nous avons en Algérie des principes sacrés en vertu desquels nous n’acceptons pas l’ingérence dans les affaires de quiconque ni dans nos affaires. Mais quand il s’agit d’un pays voisin, nous sommes au service de la paix », a-t-il dit.

Tripoli, par la voix de M.Siyala, a salué l’engagement de l’Algérie aux côtés des Libyens. « Nous remercions l’Algérie pour les efforts consentis et qu’elle continue de consentir pour la stabilité dans les pays de la région », a-t-il déclaré. Il a confirmé que la réunion d’Alger des pays voisins est sortie avec l’idée d’amender légèrement l’accord politique de Skhirat de décembre 2015.

« Il y a nécessité de revoir la composante du Conseil présidentiel et de procéder à la séparation entre le conseil présidentiel et le conseil des ministres. C’est une simple opération chirurgicale », a reconnu le ministre libyen des Affaires étrangères.

L’Algérie, en concertation avec Martin Kobler, envoyé spécial de l’ONU en Libye, la Ligue arabe, l’Union africaine, travaille pour soutenir les autorités libyennes aux fins d’organiser la prochaine réunion des pays voisins en Libye.

Une réussite de cette initiative diplomatique constituera un signal fort à la communauté internationale quant à la possibilité de trouver une solution efficace et durable à la crise dans un pays ravagé par les rivalités tribales et politiques.

Pendant que l’Algérie tente de rapprocher les différents protagonistes, le Parlement libyen cherche à obtenir armes pour « lutter contre le terrorisme ». Lundi 8 mai, Aguila Salah, président du Parlement de Tobrouk, a, selon la chaîne Al Arabiya, demandé au Maroc de « lever l’embargo aérien sur les armes destinées à l’Armée nationale libyenne (ANL, l’armée de Haftar) ».

Et selon le quotidien Alquds Alarabi, basé à Londres, les Émirats Arabes unis ont déployé six avions de guerre sur une base militaire située dans l’est de la Libye. « Les Émirats arabes unis ont déployé des avions de guerre fabriqués aux États-Unis en Libye, ce qui constitue une violation de l’embargo sur l’importation des armes imposées par l’ONU à la Libye« , écrit le magazine américain Time repris par Alquds.

L’est libyen est le fief du général Haftar, qui bénéficie notamment de l’appui de l’Égypte et de la Russie.

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