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Libye : la diplomatie algérienne confirme son retour en force

Libye : la diplomatie algérienne confirme son retour en force

La diplomatie algérienne confirme son retour en force dans le dossier libyen. Quelques jours après la visite du président du Parlement de Tobrouk, Aguila Salah, le président du gouvernement d’entente nationale libyen (GNA), Fayez Al-Sarraj, était en visite à Alger ce samedi 20 juin. Il a été reçu par le président de la République Abdelmadjid Tebboune.

La visite est décrite par un communiqué de la Présidence comme entrant dans le cadre « des efforts intenses consentis par l’Algérie visant la reprise du dialogue entre les frères libyens en vue de trouver une solution politique à la crise libyenne, une solution basée sur le respect de la volonté du peuple frère et la garantie de son intégrité territoriale et de sa souveraineté nationale, loin de toute intervention militaire étrangère ».

Abondant dans le même sens, une source diplomatique algérienne a déclaré à TSA que la visite est l’occasion pour l‘Algérie de réaffirmer ses positions immuables dans le dossier, « par-delà les contingences dictées par les évolutions récentes ».

Réaffirmer les positions de l’Algérie

« Il s’agit pour l’Algérie, précise la même source, de réaffirmer avec force son diptyque essentiel sur le fond : cessation urgente de l’effusion de sang et engagement de pourparlers sincères entre les frères libyens à l’abri des interférences et des ingérences extérieures d’où qu’elles viennent ».

Une chance pour la reprise des pourparlers inter-libyens ? Les analystes y croient fortement au vu de ce ballet diplomatique à Alger des acteurs directement engagés dans le conflit. Il y a une semaine, le 13 juin, le président du Parlement de Tobrouk, Aguila Salah, s’est déplacé dans la capitale algérienne en représentant du camp du maréchal Khalifa Haftar.

Aguila est loin d’être un second couteau dans le camp de l’Est, beaucoup le présentant même comme l’alternative trouvée au maréchal Haftar dont l’image de seigneur de guerre ne semble plus, estime-t-on, accommoder ses parrains (Egypte, Emirats arabes unis, Arabie saoudite et Russie) et son entourage. Aguila et Al-Saraj ont fait part à Alger de la même disponibilité à œuvrer pour trouver une issue pacifique à la crise.

L’Algérie a d’autant plus d’atouts que les autres Etats concernés ou impliqués dans le conflit pour enclencher -et peut-être abriter- un dialogue inter-libyen direct, qu’elle a su, depuis le début du conflit, rester à équidistance de tous les protagonistes.

Son intérêt pour le dossier ne peut aussi faire l’objet de conjectures ou de soupçons de velléités expansionnistes ou idéologiques, étant largement justifié par sa proximité immédiate avec ce pays avec lequel elle partage plus d’un millier de kilomètres de frontières.

« Aucun intérêt expansionniste ni économique »

Lors de sa dernière entrevue avec des représentant de la presse nationale, le 12 juin, le président Tebboune a expliqué dans des termes très simples que même les grandes nations réalisent que l’Algérie est « en mesure de contribuer à l’instauration de la paix en Libye, sachant que nous n’avons aucun intérêt expansionniste ni économique, et que notre objectif est de préserver la vie des Libyens et de protéger nos frontières ».

L’Algérie ne peut s’accommoder plus longuement d’une telle situation à ses frontières et son économie ne peut supporter indéfiniment le coût de leur sécurisation qu’elle assure unilatéralement depuis la chute de Kadhafi en 2011.

Rien que pour ces raisons, le plan d’Alger a toutes les chances de ne pas connaitre le sort de celui dévoilé récemment par le Caire. Si l’initiative de l’Egypte a été largement rejetée, c’est, estiment les observateurs, à cause de son implication flagrante en faveur de l’un des protagonistes, les forces de Haftar en l’occurrence.

Le stratagème visant à sauver le soldat Haftar était même cousu de fil blanc, puisque intervenant dans une conjoncture marquée par des défaites successives et un recul sur le terrain des forces de l’Est, sous les bombardements des drones turcs, dépêchés par le président Erdogan pour accélérer une solution qui soit conforme aux visées économiques et idéologiques de la Turquie dans ce pays aux immenses richesses, et dans toute la région.

| Lire aussi : Libye : pourquoi l’Égypte vole au secours du maréchal Haftar

Les alliés de Haftar ne désespèrent pas de renverser la vapeur et passent même aux menaces. Le président égyptien Abdelfatah Al-Sissi a ordonné ce samedi à son armée de l’air de se tenir prête pour exécuter des missions en dehors du pays, évoquant la situation aux frontières avec la Libye.

Les Etats pro-Haftar s’apprêtent aussi à agir sur le plan diplomatique chacun dans sa sphère d’influence, l’Egypte par le biais de la Ligue arabe et la France au sein de l’Union européenne et de l’ONU. La prochaine réunion de la Ligue arabe sera sans doute pour l’Egypte une opportunité pour faire condamner l’intervention turque et accessoirement d’engranger du soutien dans son conflit avec l’Ethiopie à propos du partage des eaux du Nil.

L’occasion aussi pour l’Algérie de rappeler ses positions, rester au-dessus de la mêlée et laisser à son plan toutes les chances de ramener la paix en Libye. C’est déjà en bonne voie avec ces visites à Alger des principaux protagonistes que d’aucuns considèrent comme un premier grand pas vers le début de pourparlers directs.

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