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Libye : polémique suite à l’absence de la Tunisie à la conférence de Berlin

Libye : polémique suite à l’absence de la Tunisie à la conférence de Berlin

La conférence internationale sur la Libye prévue ce dimanche 19 janvier à Berlin (Allemagne) s’effectuera sans la présence de la Tunisie. Cette absence suscite la polémique en Tunisie, considéré comme le premier pays potentiellement susceptible d’être victime des éventuelles retombées d’un chaos généralisé chez son voisin, rapportent plusieurs médias tunisiens.

Cité par le média tunisien Gnet News, l’ambassadeur de Tunisie en Allemagne, Ahmed Chafra, a exprimé la semaine dernière « le grand étonnement » de son pays suite à la décision de l’exclure de cette conférence, à laquelle ont pourtant été invités l’Égypte et l’Algérie, qui sera représentée par le président Abdelmadjid Tebboune.

« Du côté de la présidence et du ministère des Affaires étrangères, c’est silence radio. Aucune réaction officielle n’a été exprimée envers ce geste discourtois, voire inamical de l’Allemagne », précise la même source, qui rapporte en outre que l’ambassadeur d’Allemagne à Tunis, Andreas Reinicke, a imputé les causes de l’absence de la Tunisie de Berlin à « des propositions sécuritaires des Nations-Unies, ayant appelé à écarter les parties agissantes en Libye de la conférence ».

« La présence de la Tunisie est nécessaire à la conférence de Berlin et la Tunisie voudrait y participer, mais le nombre de participants est limité, et c’est pour cela que la Tunisie n’était pas présente », a indiqué l’ambassadeur allemand.

Les premières rumeurs d’une éventuelle exclusion de la Tunisie de la conférence de Berlin sont apparues après qu’il ait été annoncé que le président Kaïs Saïed a reçu le 6 janvier un appel téléphonique de la chancelière allemande Angela Merkel, rapporte le média tunisien Webdo, qui a indiqué que l’entretien a porté sur les développements dans la région et notamment le dossier libyen.

« Il a été question de l’obligation d’y trouver une solution tout en insistant sur la notion de légitimité internationale », a affirmé un communiqué de la présidence tunisienne, confirmant par la suite que le président démocratiquement élu de la Tunisie n’avait pas été invité à la conférence. Le même jour, Abdelmadjid Tebboune recevait pourtant en parallèle un appel de la chancelière Merkel pour l’inviter à assister à ladite conférence.

L’absence de la Tunisie a été remarquée par l’un des principaux acteurs de la crise libyenne, à savoir le gouvernement d’union nationale (GNA). Le ministère des Affaires étrangères libyen du gouvernement reconnu par l’ONU a en effet appelé ce vendredi à la participation de la Tunisie au sommet de Berlin, rapporte Webdo.

Cet appel a été adressé à l’ambassadeur allemand en Libye lui précisant que la participation de la Tunisie est extrêmement importante au succès du sommet, d’autant plus qu’il s’agit d’un pays voisin, selon la même source.

« La non-participation (pour ne pas dire exclusion) de la Tunisie (présidente en exercice de la Ligue des États Arabes et représentante des pays arabes au Conseil de sécurité des Nations Unies), à la conférence de Berlin sur la Libye, pays frontalier limitrophe, doit nous inciter à nous poser de nombreuses questions sur notre rôle et notre poids sur la scène internationale ainsi que sur l’état de nos relations bilatérales avec l’Allemagne », a estimé le diplomate Elyes Kasri, ancien ambassadeur de la Tunisie en Allemagne, cité par le média tunisien Kapitalis.

« Les Allemands agissant d’habitude rationnellement, cette décision nécessite une profonde introspection et réévaluation de notre part », a fait savoir le diplomate tunisien, évoquant son « obligation de réserve » l’empêchant d’ « en dire plus ».

Pour Kapitalis, la raison de l’exclusion pourrait se trouver dans l’affaire Moncef Kartas, un expert onusien allemand d’origine tunisien poursuivi pour espionnage par la justice tunisienne, une poursuite qualifiée de « douteuse » par l’Allemagne « qui exigea sa libération immédiate et l’abandon des charges retenues contre lui ».

Emprisonné en avril dernier malgré son immunité diplomatique, Moncef Kartas a été libéré deux mois plus tard et est rentré en Allemagne, rapportait la Deutsche Welle le 22 mai, précisant que la justice tunisienne avait cependant indiqué que « l’affaire n’est pas close ».

Malgré son exclusion de la conférence, la Tunisie continue de se préparer à une éventuelle escalade militaire en Libye et à un potentiel afflux massif de réfugiés en résultant, rapporte ce vendredi le média français Francetvinfo.

Ainsi, un plan d’urgence coordonné par l’ONU serait déclenché si plus de 300 personnes par jour arrivaient en Tunisie, indique la même source qui précise que le gouvernement tunisien a décidé que l’hébergement se ferait dans un camp situé dans une zone désertique du Sud tunisien, à 75 km de la frontière libyenne. Ce camp, qui pourrait accueillir jusqu’à 25 000 personnes dans un premier temps, serait installé à Bir Fatnassia, non loin d’installations militaires dans le gouvernorat de Tataouine.

« La Tunisie a une attitude exemplaire en matière de respect des obligations internationales concernant « l’accueil de migrants. Elle continue avec beaucoup de courage à garder ses portes ouvertes », a affirmé dans ce cadre Diego Zorrilla, coordinateur de l’ONU.

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