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L’incertitude politique nourrit les inquiétudes chez les Algériens

L’incertitude politique nourrit les inquiétudes chez les Algériens

La demande sur les produits agroalimentaires a augmenté de 40% après les appels la désobéissance civile, lancés début mars sur les réseaux sociaux. « La ruée des citoyens sur de tous types de produits de consommation après l’appel à la désobéissance civile a provoqué une hausse de 40% de la demande sur les produits agroalimentaires », affirme Hadj-Tahar Boulenouar, président de l’Association nationale des commerçants algériens (ANCA).

En revanche, le mouvement pacifique des citoyens, en cours depuis le 22 février, n’a pas eu d’incidence directe « ni sur les prix ni sur l’approvisionnement en produits de consommation », précise notre interlocuteur. En terme d’approvisionnement, « aucun impact n’a été enregistré », affirme M. Boulenouar, « car les marchés de gros n’ont pas fermé durant ces événements ». « Il faut savoir que dans le circuit de distribution, le marché de gros est un maillon essentiel. Or, les 46 marchés de gros de fruits et légumes que ce soit à El Kerma (Oran), Chelghoum Laid (Mila), Eucalyptus (Alger), Hattatba (Tipasa), Boufarik ou Rovigo à Blida, El Bouni (Annaba), et Sétif, ont tous ouverts. Idem pour les trois plus gros marchés de produits agroalimentaires dont celui de Semmar. Tous ont fonctionné quotidiennement », explique le président de L’ANCA. Aujourd’hui, la situation se stabilise. « Au point que les commerçants ont ouvert au moment où les manifestations ont lieu, du fait de leur caractère pacifique ».

« Indirectement, le mouvement de protestation a impacté les petits agriculteurs des régions éloignées qui hésitaient à acheminer leurs marchandises vers les centres urbains par peur des manifestations et des blocages qui pourraient survenir. On a aussi noté que certains commerçants n’ont pas ouvert leurs boutiques par précaution malgré le caractère pacifique des marches », souligne le président de l’ANCA.

Les agences immobilières fortement impactées

Du côté des agences immobilières, on affiche une mine défaite. En ces temps de crise politique, l’incertitude s’est emparée des citoyens, qu’ils soient acheteurs ou vendeurs. « Beaucoup de souscripteurs demandent à réceptionner leurs logements même s’ils ne sont pas encore achevés. Ils ne savent pas ce qu’il va advenir d’autant qu’on parle ici des logements publics car le gros de l’offre annuelle vient de l’État (95%) contre à peine 5% pour le privé », explique Lotfi Ramdani, expert dans le domaine de l’immobilier et fondateur du site Lkeria.com.

Pour lui, « le volet politique c’est ce qui va déterminer la stabilité ou pas de du marché immobilier ». Il relativise les informations selon lesquelles beaucoup de hauts responsables procéderaient à la vente de leurs biens immobiliers du fait de la situation politique qui leur est défavorable. « Ceux qui vont vendre pour fuir ne représentent qu’une infime partie ». De plus, si tant est que ce soit le cas, ils empruntent souvent le circuit informel pour éviter toute traçabilité, comme nous le précise Abdelhakim Aouidat agent immobilier et ancien président de la Fédération nationale des agences immobilières (FNAI).

Abdelhakim Aouidat reconnaît que le marché de l’immobilier a été impacté par le mouvement social actuel soulignant, toutefois, qu’il n’en est pas à l’origine. « Il n’y a ni vente ni location, nous ouvrons nos bureaux le matin et nous repartons le soir sans la moindre transaction », regrette-t-il. « Le marché était déjà très perturbé, particulièrement depuis ces deux dernières années. Les transactions parallèles échappant à loi dépassent le formel. Il règne une anarchie totale et aujourd’hui nous subissons les conséquences », relève M. Aouidat. Selon lui, plus de 80% des transactions immobilières sont informelles. Résultat: « Beaucoup de confrères ont fait faillite à cause de la concurrence déloyale. Ce sont d’ailleurs ces circuits informels qu’empruntent certaines personnalités pour vendre leurs biens immobiliers », ajoute-t-il.

Lotfi Ramdani souligne que le marché immobilier est frappé de stagnation depuis la chute du des prix du pétrole en 2014. « Là, le pouvoir d’achat des citoyens a baissé substantiellement. De plus, les gens se sont détournés de l’immobilier qui représentait une valeur sûre au profit des monnaies étrangères notamment l’euro. D’autres mesures, notamment le passage obligatoire par la banque pour certaines transactions, ont freiné quelque peu la spéculation. Ce qui a eu une incidence sur le nombre de transactions qui ont chuté de 50% entre en l’espace d’une année : de 250 000 en 2017 à 110 000 », recense-t-il.

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