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Loi sur les hydrocarbures : les critiques fusent, jusqu’au sein des partisans du pouvoir

Loi sur les hydrocarbures : les critiques fusent, jusqu’au sein des partisans du pouvoir

Le projet de loi sur les hydrocarbures, adopté ce dimanche par le Conseil des ministres, continue de cristalliser les critiques y compris de la part des partisans du pouvoir.

Ali Benflis a rompu ainsi le silence qu’il a observé depuis l’annonce, le 26 septembre, de sa candidature à la présidentielle du 12 décembre, pour plaider ce dimanche en faveur du report du texte.

« Ma position sur le sujet et le dossier des hydrocarbures n’est ni conjoncturelle, ni de circonstance. Elle est constante et c’est la cause de mes divergences avec le président Bouteflika en 2003 », a assuré Ali Benflis dans un communiqué publié sur Facebook.

« Je ne conçois pas du tout l’ouverture du dossier des hydrocarbures sans un dialogue approfondi et une vaste consultation de toutes les dynamiques de la société car il s’agit d’un dossier stratégique et déterminant pour le peuple et pour le pays », écrit-il.

Pour lui, « il est inconcevable dans cette situation particulière, caractérisée par l’illégitimité des institutions, en particulier du gouvernement et du Parlement, d’agir sur le sort des richesses de l’Algérie ».

Selon Benflis, « la sagesse, la raison, la prévoyance, les échanges d’opinions et l’écoute de la volonté du peuple commandent à tous de reporter l’émission de ce dossier déterminant jusqu’à la mise en place d’institutions légitimes capables d’ouvrir un dialogue sérieux et approfondi sur cette question décisive pour la nation ».

Abdelaziz Rahabi a également réagi en rappelant que ce projet de loi a été conçu en 2002 par Robert W Pleasant, expert américain, avant d’être adopté par le Parlement en 2004. Il estime « inconcevable qu’un gouvernement de gestion des affaires courantes, rejeté par le peuple tranche sur des dossiers importants dans la situation actuelle ».

« Je ne comprends pas pourquoi le pouvoir tente de séduire le peuple pour voter et le méprise sur des questions fondamentales », s’interroge Rahabi.

Chose nouvelle, les critiques fusent aussi du camp des forces « amies » du pouvoir. Ainsi, le RND, deuxième force politique au Parlement, a exprimé ses réserves en plaidant pour l’ouverture d’un débat autour du dossier des hydrocarbures.

« Il s’agit de la principale ressource de l’économie, qui couvre l’essentiel des besoins du pays. Rien ne justifie l’application de ce texte dans l’immédiat. Il échoit au président élu d’ouvrir le débat sur le dossier des hydrocarbures et la diversification de l’économie et auquel participera les experts dans l’énergie et des spécialistes dans tous les domaines économiques et de l’investissement », écrit le RND dans un communiqué.

« Tel qu’il a été adopté, il ligote le futur président », estime-t-il en insistant sur la « nécessité de sécuriser les besoins des générations futures ». « Les lois d’une telle importance et leur retombées sur l’opinion, en ce qu’elles charrient comme lectures et craintes, imposent un débat national pour dissiper tout malentendu et opacité car il est lié à la souveraineté économique », souligne encore le texte.

Pour le parti d’Azzedine Mihoubi, qui est candidat pour la présidentielle, la logique commande d’enrichir le nouveau texte de propositions qui renforcent la « transparence » lors de la signature des contrats et « permettre à l’État de renforcer son contrôle sur l’activité et le rôle des sociétés algériennes opérant dans le domaine ».

Comme le RND, le groupe parlementaire des « Indépendants » a pris position en demandant au Premier ministre de reporter l’examen de projet après l’élection présidentielle, en affirmant qu’ « il est avec le peuple ».

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Le FLN se montre également prudent concernant le contenu du texte qui fait l’objet d’un rejet populaire et de vives critiques de la part des experts.

L’ancien parti unique, première force politique au Parlement, refuse de donner un blanc-seing au gouvernement dans ce dossier sensible.

Dans une déclaration écrite envoyée à la presse, la direction du FLN annonce une réunion avec le groupe parlementaire du parti à l’APN pour débattre du contenu des deux projets adoptés ce dimanche en Conseil des ministres : la Loi sur les hydrocarbures et la Loi de finances 2020.

Pour le FLN, « il n’y a aucun doute que le comportement des députés du groupe parlementaire du parti sera responsable, en ligne avec les aspirations des citoyens qui les ont élus et dans le cadre de l’intérêt national suprême, que le FLN s’est engagé, en toutes circonstances, à faire passer avant tous les calculs partisans ou intérêts personnels ».

Le sénateur Abdelouahab Benzaim a déjà annoncé ce dimanche qu’il boycotterait la séance de présentation du projet de loi sur les hydrocarbures au Parlement. « On a demandé le report du projet de loi, on n’a pas été écouté », a-t-il déploré, dans un message posté sur sa page Facebook.

« Ce qui est demandé est de reporter le projet de loi à l’après présidentielle pour le débattre dans le calme, loin de la campagne électorale », a-t-il réclamé.

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