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L’OMS, victime collatérale du bras de fer entre Trump et la Chine

L’OMS, victime collatérale du bras de fer entre Trump et la Chine

La décision américaine de suspendre sa contribution financière à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ne pouvait pas plus mal tomber, c’est-à-dire en plein pandémie mondiale de coronavirus.

C’est quelque chose comme 400 millions de dollars qui devraient désormais manquer à la trésorerie de l’organisation internationale. C’est le montant de la contribution américaine, soit « dix fois moins que la Chine », précise Mike Pompéo, le chef de la diplomatie américaine.

La menace était dans l’air depuis quelques semaines et le président Donald Trump a fini par la mettre à exécution mardi 14 avril. « Aujourd’hui, j’ordonne la suspension du financement de l’Organisation mondiale de la Santé pendant qu’une étude est menée pour examiner son rôle dans la mauvaise gestion et la dissimulation de la propagation du coronavirus », a annoncé Donald Trump. Cette évaluation « très approfondie » pourrait durer de 60 à 90 jours.

« Étrangement, ils sont largement financés par les Etats-Unis et pourtant très centrés sur la Chine. Nous allons nous pencher avec attention sur le dossier. Heureusement, j’ai rejeté leurs conseils initiaux de laisser nos frontières avec la Chine ouvertes. Pourquoi nous ont-ils donné une recommandation aussi erronée ? », avait déjà tweeté Donald Trump le 7 avril, accusant l’OMS d’alignement excessif sur les positions chinoises.

« Plus vous politiserez ce virus, plus vous aurez de sacs mortuaires », avait répondu Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’organisation.

Washington reproche notamment à l’OMS et à son patron son alignement sur les éléments partagés par la Chine, notamment l’affirmation prématurée de l’absence de preuves d’une transmission du coronavirus entre humains, le 16 janvier dernier, mais aussi les félicitations adressées par le Dr Tedros aux autorités chinoises pour leur « transparence », après sa visite en Chine, le 30 janvier. Des doutes ont ensuite émergé, côté américain, sur la véracité du bilan officiel du Covid-19 en Chine depuis cette déclaration.

Le 3 février, alors que les Etats-Unis ont annoncé quelques jours plus tôt la fermeture des frontières aux ressortissants étrangers venant de Chine, le Dr Tedros s’est montré critique envers les mesures américaines. « Il n’y a pas de raison de prendre des mesures non nécessaires qui interfèrent avec le commerce et le tourisme international. Les Etats doivent prendre des mesures cohérentes, qui ont fait leur preuve », avait-il déclaré.

La diplomatie du dollar ne marche pas à tous les coups

Les Etats-Unis ont l’habitude d’user de la diplomatie du dollar, qui ne semble toutefois pas trop marcher dans cette affaire. La décision de Washington, survenant en plein pandémie mondiale, est vertement critiquée.

« Il n’y a pas de temps à perdre. La seule préoccupation de l’OMS est d’aider tous les peuples à sauver des vies et à mettre fin à la pandémie de Covid-19 », a tweeté ce mercredi le DG de l’OMS, visiblement en réponse à la décision américaine. « Nous regrettons la décision du président des Etats-Unis d’ordonner l’arrêt du financement de l’Organisation mondiale de la santé », a-t-il par ailleurs plus explicitement déclaré.

Le patron de l’ONU, Antonio Guterres, a aussi vivement critiqué cette initiative, jugeant que ce « n’est pas le moment de réduire le financement » des organisations combattant la pandémie.

De l’UE à la Chine en passant par l’Union africaine, de nombreux pays et organisations ont également fustigé cette initiative de Washington.

« Nous devons travailler en étroite collaboration contre le Covid-19. Un des meilleurs investissements est de renforcer les Nations unies, en particulier l’OMS », a souligné le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas.

La Russie a dénoncé « l’approche très égoïste » des Etats-Unis et l’Iran a vu dans cette décision la preuve que Washington « tue des gens ».

De son côté, la Chine a ouvert un nouveau front, avec la France et l’Europe cette fois. Son ambassade à Paris a critiqué la manière avec laquelle la France et les pays européens gèrent la pandémie, en réponse aux critiques qui fustigent son pays depuis le début de la crise. « On a fait signer aux pensionnaires des maisons de retraite des attestations de « renonciation aux soins d’urgence » ; les personnels soignants des Ehpad ont abandonné leurs postes du jour au lendemain, ont déserté collectivement, laissant mourir leurs pensionnaires de faim et de maladie », avait écrit la représentation chinoise sur son site officiel

L’ambassadeur de Chine en France a été aussitôt convoqué par le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves le Drian mardi 14 avril. « J’ai fait connaître clairement ma désapprobation de certains propos récents à l’ambassadeur de la République populaire de Chine en France, lors de sa convocation au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, ce mardi 14 avril au matin », a souligné le chef de la diplomatie française dans un communiqué publié mardi soir.

Cette convocation intervient au moment où la Chine dit qu’elle a vaincu le coronavirus et la crise sanitaire s’aggrave aux Etats-Unis et l’Europe, les deux régions les plus endeuillées par la pandémie au monde.

En arrière plan de la bataille mondiale contre la pandémie du nouveau coronavirus Covid-19 se déroule une guerre souterraine entre deux grandes puissances, la Chine et les Etats-Unis.

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