Rien ne va plus entre le Maroc et la France depuis plusieurs mois. Pour de nombreux observateurs, l’espionnage du téléphone du président français par les services marocains ne pouvait pas être complètement étranger à cette crise.
L’écrivain marocain Tahar Ben Jelloun vient de confirmer, assurant qu’Emmanuel Macron a dit à Mohamed VI des choses qui ne peuvent pas être répétées sur un plateau de télévision.
Le scandale Pegasus, du nom du logiciel espion fabriqué par la société israélienne NSO, a été révélé en juillet 2021 par un consortium d’ONG et de médias internationaux.
Le logiciel a été utilisé par les services marocains dans une opération d’espionnage à large échelle ciblant des journalistes et opposants, ainsi que des responsables d’État étrangers, dont l’Algérie.
Parmi les personnalités dont le téléphone personnel a été écouté, figure le président français Emmanuel Macron. Il était évident qu’un acte d’une telle gravité n’allait pas rester sans conséquences.
Les deux pays sont depuis entrés dans une crise qui s’est notamment traduite par le report (et même vraisemblablement l’annulation) de la visite prévue au Maroc du président français. Dans le même temps, Paris s’est rapproché d’Alger.
Tahar Ben Jelloun, l’écrivain marocain, connu pour ses liens avec le palais royal, a été invité à s’exprimer sur la brouille entre Paris et Rabat sur le plateau de la chaîne israélienne I24 News. Ben Jelloun est allé droit au but, désignant cette affaire d’espionnage comme le point de départ de la mésentente entre les deux chefs d’Etat.
Ben Jelloun : « Macron a manqué de respect au roi du Maroc »
Selon l’écrivain, le roi Mohamed VI a « donné sa parole d’honneur » à Emmanuel Macron qu’il n’y était pour rien, mais celui-ci ne l’a pas cru et lui a « manqué de respect ». Macron a dit à Mohamed VI « quelque chose que je ne peux pas dire ici », a assuré Ben Jelloun. En tous cas, le président français a été « très maladroit ». « Il a manqué de respect au roi et leur relation a été rompue ». Il dit tenir cela de « sources très sûres ».
Depuis cette affaire Pegasus, les scandales et les mises au pilori sur la scène internationale se sont multipliés pour le Maroc. En décembre dernier, la justice belge a démantelé un réseau d’espionnage de députés européens mis en place par les services marocains, ce qui a donné lieu à un scandale retentissant.
En janvier, le Maroc, longtemps considéré comme « l’enfant gâté de l’Europe », a fait l’objet de deux résolutions défavorables du Parlement européen, l’une condamnant ses atteintes à la liberté de la presse, l’autre dénonçant la corruption de députés.
A chaque fois, les relais médiatiques et politiques du pouvoir marocain ont désigné le président français Emmanuel Macron et l’Algérie comme les instigateurs des mises au pilori du royaume.
Tahar Ben Jelloun n’échappe pas à ce tropisme. Pour lui, Macron s’est brouillé avec le Maroc en pensant pouvoir amener les Algériens à se « réconcilier avec la France ». L’écrivain, comme beaucoup de voix proches du palais royal de Rabat, est persuadé que ce sont les hommes d’Emmanuel Macron qui sont derrière les deux résolutions du Parlement européen défavorables au Maroc.
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