Le marché des voitures en Algérie est en effervescence depuis l’annonce de nouvelles mesures par les autorités, autorisant notamment l’importation de véhicules neuf et de moins de trois ans.
Le marché algérien est plombé depuis plusieurs années suite à l’arrêt de l’importation, suivi de la fermeture des usines d’assemblage en 2020.
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Dans les années fastes de l’importation, environ 400 000 véhicules neufs étaient importés en moyenne chaque année, tous commercialisés en Algérie.
La facture était très salée, 7,6 milliards de dollars en 2014, selon le Premier ministre Aïmene Benabderrahmane, sans compter la pièce de rechange ou encore les carburants dont une partie étaient encore importés.
Malgré cette somme astronomique dépensée dans l’importation, les prix au consommateur étaient abordables. C’est dans ces années-là que beaucoup d’Algériens ont pu posséder une voiture, un luxe inaccessible dans les années 1990 et même au début des années 2000.
L’arrêt de l’assemblage et de l’importation a fait que le véhicule est de nouveau devenu inaccessible. Devant la rareté du neuf, l’occasion a pris des ailes.
Le 9 octobre, au cours d’une réunion du Conseil des ministres, le président Abdelmadjid Tebboune a instruit de retourner à l’importation des véhicules neufs et d’autoriser celle des voitures usagées de moins de trois ans d’âge.
Parallèlement, la mise en place d’usines de fabrication est lancée. Un premier accord a été signé jeudi 13 octobre avec le groupe Stellantis pour la réalisation d’une usine de la marque Fiat en Algérie.
Dans la foulée, Renault Algérie production a annoncé la reprise prochaine de son usine à Oued Tlelat près d’Oran.
Les Algériens attendent comme effet direct de ces mesures une baisse des prix substantielle. Vendeurs et acheteurs sont dans l’expectative et scrutent la mise en application des mesures annoncées pour voir plus clair.
Le paramètre principal qui déterminera le niveau des prix reste l’ampleur de l’ouverture qui sera effectuée, autrement dit le nombre de véhicules qui seront autorisés à entrer chaque année sur le marché algérien.
Les prix en hausse de 19% sur cinq ans
A cause de la fermeture qui a débuté il y a 4 ans, celui-ci enregistre un déficit de 250 à 300 000 véhicules par an, selon diverses estimations de professionnels et d’associations de consommateurs.
Il pourrait même absorber jusqu’à 700 000 voitures, et c’est ce nombre que le groupement des concessionnaires automobiles algériens (GCAA) estime nécessaire pour combler le déficit et faire baisser sensiblement les prix qui, souligne-t-il, ont augmenté ces quatre dernières années de 200%.
L’organisation professionnelle a récemment indiqué que l’importation doit au moins dépasser 400 000 véhicules par an.
Cette concurrence qui naîtrait d’une ouverture totale de l’importation risque néanmoins de s’avérer insuffisante, puisque la hausse des prix est une tendance mondiale qui touche toutes les marques et tous les pays.
L’ADAC, un club allemand de l’automobile, fait état d’une augmentation de 19% depuis 2017. Pour les citadines, la hausse est encore plus significative : 44% en cinq ans.
Les citadines sont les moins chères du marché, donc les plus susceptibles d’être demandées par les consommateurs algériens. De plus, la monnaie nationale a fortement été dépréciée depuis, un dinar s’échangeant pour 120 dinars en 2017.
Aujourd’hui, l’euro est à 138 dinars sur le marché officiel et à 210 dinar sur le marché d’où les Algériens vont puiser pour importer des véhicules de moins de trois ans.
Un retour aux prix d’avant la fermeture est donc logiquement inenvisageable, d’autant plus qu’aucun abattement ou exonération des taxes et droits de douanes n’est pour le moment envisagé.
L’augmentation des prix sur le marché mondial est une conséquence d’une somme de facteurs, aggravés par les restrictions liées à la crise sanitaire de Covid-19.
Les spécialistes citent par exemple le manque et la cherté des semi-conducteurs comme l’une des causes de la hausse des prix chez les constructeurs automobiles.
Indispensables au fonctionnement des composants électroniques, les semi-conducteurs sont fabriqués principalement en Chine et dans l’Asie du sud-est.
Il y a aussi la guerre en Ukraine, la hausse des coûts de l’énergie et surtout l’électrification et l’introduction d’équipements de dépollution.
Le site Largus.fr prend la Volkswagen Golf, la voiture la plus vendue en Europe, comme exemple qui illustre l’envolée des prix : elle débutait en France à 27 540 euros en 2020 et elle est aujourd’hui à 30 685 euros comme prix de base.