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Marches contre le 5e mandat : le pouvoir face à ses responsabilités

Marches contre le 5e mandat : le pouvoir face à ses responsabilités

Les Algériens ont manifesté ce 8 mars contre le 5e mandat, pour le troisième vendredi consécutif depuis le 22 février dernier. Des millions de femmes, d’hommes, d’enfants issus de toutes les franges de la société ont battu le pavé à Alger et dans toutes les wilayas du pays pour réclamer un vrai changement. D’autres ont exprimé leur adhésion au mouvement depuis les balcons des immeubles et sur les réseaux sociaux.

À Alger, une foule compacte et impressionnante a passé la demi-journée à manifester pacifiquement et dans la joie, en scandant des slogans hostiles au pouvoir mais sans haine ni esprit de vengeance. Les Algériens veulent pouvoir vivre dignement dans leur pays. Ils ne veulent ni couper des têtes ni brûler des édifices. Des scènes de fraternisation entre manifestants et policiers antiémeute montrent que la population est consciente de l’importance de préserver les institutions vitales de la République, comme la police et l’armée, pour éviter un effondrement destructeur de l’État.

Aucune région du pays ne se tient à l’écart du mouvement populaire de contestation qui prend les allures d’une seconde révolution, après celle du 1er Novembre 1954. L’Algérie n’a jamais connu en effet des manifestations de cette nature et de cette ampleur depuis son indépendance.

Depuis la première grande marche du 22 février qui a brisé le mur de la peur que le pouvoir avait dressé des années durant pour se maintenir, la vague de contestation s’est libérée. Au lieu d’une explosion de violence qui était tant redoutée en Algérie et à l’étranger, après des années d’une dérive autoritaire du pouvoir, c’est une révolution pacifique et joyeuse qui est en marche.

Aucun observateur ni think tank, en Algérie et à l’étranger, n’avait prévu que la candidature de Bouteflika pour un 5e mandat allait provoquer un mouvement de contestation pacifique, unique dans l’histoire du pays, et sans équivalent dans le monde, et qui a rendu aux Algériens leur fierté et leur dignité. Beaucoup d’analystes avaient au contraire parié sur une explosion de violence et un exode massif de la population vers l’Europe. Ils se sont trompés sur toute la ligne. Il n’y a ni violence ni vague de départs massifs à l’étranger. Bien au contraire : l’euro reste stable sur le marché parallèle et les départs de harragas semblent avoir cessé ces derniers jours.

Le pouvoir, qui a sans doute misé sur l’essoufflement du mouvement populaire, pour rebondir, doit maintenant constater que la protestation prend chaque jour de l’ampleur. La candidature de Bouteflika est rejetée. Ce point est définitivement non négociable. Le chef de l’État, qui est hospitalisé en Suisse depuis bientôt deux semaines, peine à être audible, et ses engagements électoraux, que ses partisans présentent comme une réponse aux manifestants, n’ont pas été entendus par la rue. Le pouvoir doit maintenant agir vite pour éviter à l’Algérie de sombrer dans l’inconnu.

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