En juillet 2023, le maire de Béziers, Robert Ménard, a refusé de célébrer le mariage d’un ressortissant algérien (sous OQTF) avec une citoyenne française. L’affaire refait surface à la suite de la convocation devant la justice de l’élu.
À une semaine de l’ouverture du procès de Robert Ménard, la fiancée du ressortissant algérien, expulsé vers l’Algérie le 20 juillet dernier, sort de son silence et s’exprime sur l’affaire.
« On nous a fait vivre un cauchemar »
Dans les colonnes du journal Le Midi Libre, Éva affirme qu’elle a toujours du mal à croire ce qui lui est arrivé. « J’ai l’impression de vivre dans un film, mais je ne sais pas vraiment quel rôle je joue. On nous a fait vivre un cauchemar », dit-elle.
« Un jour, je suis en robe blanche à la mairie et deux semaines plus tard, mon compagnon se fait expulser en pleine nuit vers l’Algérie », ajoute la fiancée de Mustapha, plus d’un an et demi d’avoir été privée de la célébration de son mariage par le maire de Béziers.
Le refus de Robert Ménard de célébrer son mariage a provoqué chez elle une « forte dépression ». Elle témoigne avoir découvert l’intention de l’édile la veille de son mariage, dans la vidéo d’une émission de télévision.
Le lendemain, soit le jour prévu pour célébrer le mariage, des médias étaient déjà présents devant la mairie. « Là, il y a les caméras, le bébé qui hurle et moi, en larmes », se souvient-elle. Le maire est descendu pour déclarer devant tout le monde qu’il n’allait pas célébrer ce mariage.
Procès Ménard : « c’est important pour moi que l’on reconnaisse ma peine »
Ce moment restera gravé dans sa mémoire. À ce jour, Éva n’arrive toujours pas à se rendre en mairie pour faire des papiers. Ses enfants, qu’elle a eu dans son premier mariage, se sont attachés à Mustapha. La plus petite « l’a toujours appelé papa », confie Éva.
« D’une vie conjugale normale, on est passé à se souhaiter de bonnes nuits en visio », regrette-t-elle encore. Depuis l’expulsion de son fiancé, elle se rend parfois en Algérie pour lui rendre visite. « Mais c’est compliqué avec les enfants, je ne peux y aller que pendant les vacances ».
À propos du procès de Robert Ménard, qui s’ouvre le 18 février, elle indique qu’il ne fera pas revenir son fiancé en France, « mais c’est important pour moi que l’on reconnaisse ma peine et que je puisse enfin commencer à me reconstruire », déclare Éva.
Robert Ménard campe sur sa position
Une autre procédure doit être étudiée au tribunal administratif de Montpellier à partir du 21 février pour examiner la légalité de l’expulsion de Mustapha vers l’Algérie. Ce n’est donc pas totalement perdu pour ce couple franco-algérien.
À quelques jours de son procès, Robert Ménard campe toujours sur sa position. « On va me condamner pour avoir refusé de marier un individu qui est censé ne pas être là, devant moi, car il était sous une obligation de quitter le territoire », a-t-il déclaré la semaine dernière sur le plateau de BFMTV.
« Mon refus est intervenu dans le bon sens. Mais je risque cinq ans de prison, une amende de 75.000 euros et 10 ans d’inéligibilité en tant que maire pour avoir agi dans le bon sens », a déclaré Robert Ménard, connu pour être très proche de l’extrême droite.