Au Maroc, la presse du Makhzen multiplie les attaques contre le président français Emmanuel Macron. Le site 360.ma est cette fois allé trop loin.
Au Maroc, on ne digère pas les critiques émises en France suite à l’attitude incompréhensible du roi Mohamed VI dans la gestion du violent séisme qui a frappé le royaume à l’aube du 9 septembre dernier.
La presse du Makhzen se déchaîne particulièrement sur le président Emmanuel Macron, attaqué violemment et d’une façon indécente jusque sur sa vie privée.
Prendre pour cible la France et son président est aussi une manière de détourner le regard des défaillances dans la prise en charge des conséquences du séisme et l’effacement du roi Mohamed VI, censé être près de ses sujets dans ces moments tragiques.
Deux semaines après le séisme qui a dévasté la région d’Al Haouz, Mohamed VI ne s’est toujours pas rendu dans les villages détruits, lui qui avait mis près de 24 heures après le drame pour faire une « apparition », à travers des images muettes le montrant en train de présider un conseil.
Au moment du drame, il se trouvait là où il a l’habitude d’être, en vacances à l’étranger. Précisément en France où il possède plusieurs résidences de luxe.
Comment peut-on passer le plus clair de l’année dans un pays, puis repousser dédaigneusement l’offre d’aide humanitaire de ce même pays, tout en acceptant celles d’autres États ?
La posture de Mohamed VI est incompréhensible et, en principe, indéfendable. Sauf pour sa presse et ses relais qui, depuis quelques jours, prennent Emmanuel Macron pour cible, comme à chaque épisode de tension dans la relation franco-marocaine. C’était notamment le cas lors du vote par le Parlement européen de deux résolutions condamnant le Maroc en décembre et janvier derniers.
« Si les relations entre Paris et Rabat sont dans une impasse qui s’installe dans le temps, le locataire de l’Élysée en demeure le responsable, le seul », résume Maroc Hebdo.
Au royaume, le président Macron est devenu une cible facile, d’autant plus que les attaques qui le ciblent ne portent pas un danger politique pour le Makhzen tant celui-ci continue à être soutenu par une partie de la classe politique française (droite et extrême-droite) et cultive l’illusion d’une immunité internationale après avoir franchi le pas de la normalisation avec Israël en 2020, en contrepartie de la reconnaissance des États-Unis de la prétendue « souveraineté » marocaine sur le Sahara occidental.
Le Palais royal joue clairement la carte de la droite pour la présidentielle française de 2027. Soutenu par une partie de la classe politique française, le Makhzen ne semble reculer devant rien, poussant le bouchon bien loin. Sa presse ne sait plus comment répliquer aux enquêtes sur les escapades parisiennes de Mohamed VI et les mauvaises fréquentes du roi.
Au Maroc, Emmanuel Macron est attaqué jusque sur sa vie privée
Le 360.ma est sans doute le média qui est allé le plus loin dans les attaques contre le président français. Le journal en ligne réputé être un relais médiatique du Makhzen est allé jusqu’à s’interroger sur « l’identité sexuelle » d’Emmanuel Macron et de sa femme Brigitte.
« Un peu homme, un peu femme », écrit en titre sans gêne le média en ligne qui évoque un président homosexuel qui « ne s’assume pas » et dont le mariage avec Brigitte Trogneux, qui elle aussi « n’échappe pas aux doutes sur son identité sexuelle », n’est qu’une « couverture pour cacher sa double vie ».
Mais il n’y a pas que son « orientation sexuelle » que le président Macron « manque de courage » à assumer, selon le 360.ma qui relève que le chef d’Etat français agit de la même manière tant en politique interne qu’en politique étrangère, où « il ne fait face qu’à des adversaires plus faibles que lui ».
L’attaque est violente et il est difficile de croire qu’elle est motivée par la seule question de l’offre d’aide française aux victimes du séisme.
Dans la presse du Makhzen, il est reproché à Macron d’avoir enjambé le roi pour adresser un message aux Marocains et au marocains sur les réseaux sociaux. Pour Maroc Hebdo, il s’agit d’un » faux pas flagrant et impardonnable ».
Mais cela ressemble plus à un prétexte pour s’en prendre à un président dont le véritable tort aux yeux du Palais royal est d’avoir refusé de s’aligner sur les positions de l’Espagne, des États-Unis et d’Israël sur la question du Sahara occidental et aussi d’avoir entrepris un rapprochement avec l’Algérie.
Maroc Hebdo le dit même ouvertement, indiquant que si rien ne va entre le roi Mohamed VI et Macron c’est à cause du refus de ce dernier « de suivre l’exemple des Américains, des Espagnols, des Allemands et des Israéliens qui ont, chacun à sa (sic) niveau, appuyé la souveraineté du Maroc sur son Sahara ».
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