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Séisme Maroc : la France vexée, Mohamed VI ciblé par les critiques

Séisme Maroc : la France vexée, Mohamed VI ciblé par les critiques

La France est vexée par le refus du Maroc d’accepter son aide après le séisme qui a fait remonter à la surface les spéculations sur les absences et les fréquentations du roi Mohamed VI.

Frappé par un séisme dévastateur qui a fait près de 3000 morts, le Maroc aurait pu compter sur l’aide utile de l’Algérie et celle de la France. Mais le royaume n’en a voulu ni de l’une ni de l’autre.

En France, l’absence de réponse à la proposition d’assistance passe particulièrement mal.

Le tremblement de terre d’une magnitude de 6,8 a eu lieu vendredi 8 septembre peu avant minuit.

Dès samedi matin, le président français Emmanuel Macron, en route pour l’Inde où il était attendu pour un sommet du G20, a adressé un message au roi Mohamed VI auquel il a proposé l’aide de la France si le Maroc la sollicitait.

Le même jour, l’Algérie, qui a pourtant rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc depuis deux ans, a proposé elle aussi d’envoyer des secours et des aides humanitaires si le gouvernement marocain le demandait.

Le Maroc n’a pas donné suite aux deux offres. En revanche, l’aide de quatre pays, le Royaume-Uni, le Qatar, l’Espagne et les Émirats arabes unis, a été acceptée.

Dimanche 10 septembre, Alger et Paris ont réitéré leur offre, en vain.

L’Algérie a cru lundi que son aide était la bienvenue après des déclarations publiques du ministre marocain de la Justice, et a aussitôt annoncé l’envoi de trois avions transportant une équipe de secouristes et des aides humanitaires d’urgence.

Mais tard dans la soirée, le consul d’Algérie à Casablanca a été informé officiellement que le Maroc « n’avait pas besoin de l’aide algérienne ». Alger a dit « prendre acte » et « tirer les conclusions évidentes » de cette réponse marocaine.

En France, l’attitude des autorités marocaines est très mal perçue et largement commentée dans les médias et au sein de la classe politique.

Paris et Rabat sont en froid depuis plusieurs mois et la droite française reproche à Macron d’avoir mis en péril la relation franco-marocaine par son entreprise de rapprochement avec l’Algérie.

Quel que soit le motif derrière la position du gouvernement marocain, en France, qui abrite une importante communauté marocaine et qui a, malgré la brouille actuelle, des relations historiques avec le royaume, c’est l’incompréhension totale.

Le président Macron a dû briser le silence mardi soir pour appeler à éviter « les polémiques » dans ces moments tragiques.

Dans un message vidéo adressé au peuple marocain sur les réseaux sociaux, le président français a concédé qu’il revenait en effet aux autorités marocaines, « de manière pleinement souveraine, d’organiser l’aide internationale ».

Le souci de coordination est l’argument avancé par Rabat pour expliquer le fait qu’il n’a sollicité l’aide que d’un nombre restreint de pays.

« Je souhaiterais que toutes les polémiques qui viennent diviser, qui viennent compliquer les choses dans ce moment qui est déjà si tragique, puissent se taire par respect pour toutes et tous », a ajouté Emmanuel Macron, tout en soulignant que l’offre d’aide de son pays tient toujours.

Le séisme fait resurgir les spéculations autour de Mohamed VI

La démarche des autorités marocaines a suscité de nombreuses critiques dans le monde, car au vu des images et des témoignages qui arrivent de la zone sinistrée, une région montagneuse déshéritée et difficile d’accès, il est évident que le Maroc n’a pas les moyens de faire face, seul, aux conséquences du séisme.

Une aide internationale d’envergure aurait sans doute permis de sauver plus de vies et soulager les souffrances des survivants. S’il y avait des aides à ne pas refuser, ce sont celles précisément de l’Algérie et de la France, nonobstant les considérations politiques.

L’Algérie est un pays frontalier qui plus est dispose de moyens importants et a une grande expérience dans la gestion des catastrophes naturelles.

 À partir d’Oran, Tlemcen ou Béchar, les secouristes algériens pouvaient arriver dans les zones touchées dans les heures qui ont suivi la secousse.

L’aide française, si elle avait été acceptée, aurait pu être tout aussi précieuse. Outre ses moyens logistiques et le savoir-faire de ses services de secours, la France abrite une importante communauté marocaine qui s’est d’ailleurs remarquablement mobilisée pour collecter ou offrir des dons. Le journal Le Monde fait état d’un élan de solidarité avec les sinistrés « particulièrement forte ».

Selon la même source, certaines collectes ont réuni en seulement 48 heures jusqu’à cinq fois plus que les montants collectés lors du séisme en Turquie et en Syrie en février dernier.

Or, il se trouve que même l’aide des ONG n’est pas la bienvenue au Maroc. Plusieurs d’entre elles ont indiqué samedi et dimanche que leurs membres n’ont pas pu embarquer pour le Maroc faute d’autorisation des autorités de ce pays.

Outre les critiques émises par rapport à cette attitude incompréhensible, le roi Mohamed VI en prend également pour son grade et voit les supputations sur sa santé, ses absences et son mode de vie refaire surface dans la presse internationale.

Dans un long article consacré au sujet dans son édition de ce mercredi, le New York Times fait remarquer que c’est seulement mardi, soit quatre jours après le séisme, que Mohamed VI a fait sa première apparition publique.

Le roi a rendu visite aux blessés dans un hôpital de Marrakech et a fait un don de sang. Le journal américain rappelle qu’au moment de la secousse, Mohamed VI était en France pour des soins et que toute son activité autour des conséquences du séisme se limite à un communiqué et des images muettes le montrant en train de présider une réunion.

L’occasion pour le New York Times de revenir longuement sur le mécontentement suscité par les absences prolongées de Mohamed VI ces dernières années, son divorce, sa fortune et l’influence incompréhensible et grandissante des frères Azaitar dans la cour de Rabat.

La gestion des conséquences du séisme du Haut Atlas risque de relancer durablement les spéculations sur la capacité de Mohamed VI à continuer à régner.

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