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Maroc : les limites de la stratégie de la tension avec l’Algérie

Maroc : les limites de la stratégie de la tension avec l’Algérie

Le Maroc a encore fait toute une histoire à propos de la participation de son équipe nationale de football U17 la CAN U17 en Algérie.

Au vu des événements de ces derniers mois, c’est le contraire qui aurait étonné. Dans le prolongement de la stratégie de la tension permanente avec l’Algérie, le royaume ne laisse pas passer un événement, politique, sportif, culturel ou autre, pour engager un bras de fer avec le voisin de l’est.

Les relations diplomatiques entre les deux pays sont rompues depuis août 2021 à l’initiative de l’Algérie qui a eu recours à cette décision extrême en réaction aux « multiples provocations » et « actes hostiles » du Maroc.

Un mois après, en septembre 2021, l’Algérie a décidé de fermer son espace aérien aux avions civils et militaires marocains.

Depuis, les Marocains tentent à chaque occasion de plier la main à l’Algérie en l’obligeant à lever ne serait-ce que symboliquement l’’interdiction en permettant à un avion marocain de transporter une délégation sportive en territoire algérien.

Le scénario s’est réédité à l’occasion de la tenue en Algérie de la CAN U17 du 29 avril au 19 mai. Pendant plusieurs jours, la fédération royale marocaine de football (FRMF) a laissé planer le suspense quant à la participation de son équipe, mettant en avant l’impossibilité pour la délégation de se déplacer en Algérie.

Comme lors du dernier championnat d’Afrique des joueurs locaux (CHAN 2022) que l’Algérie a organisé début 2023, les autorités algériennes se sont montrées intransigeantes.

L’enjeu de la compétition de jeunes qui se déroule en Algérie n’est pas seulement le titre africain. Elle est aussi qualificative pour le prochain mondial d’où la décision de la FRMF d’accepter d’envoyer son équipe à Constantine sans arracher la moindre concession de l’Algérie.

La fermeture de l’espace aérien algérien ne concerne que les avions marocains, et la fédération royale a dû affréter un avion d’une compagnie étrangère pour transporter la délégation.

CHAN 2022, sommet arabe d’Alger : échecs cuisants pour le Maroc

Lors du CHAN 2022 en janvier et février en Algérie, les Marocains avaient opté pour le boycott, sachant que la compétition est sans enjeu crucial et pourrait même ne plus se tenir à l’avenir.

Même absents au tournoi, les Marocains avaient tenté de le parasiter en contestant des déclarations faites par le petit-fils de Nelson Mandela, présent à Alger pour l’inauguration d’un nouveau stade baptisé du nom du leader de la lutte contre l’apartheid.

Pour l’Algérie, il s’agit d’une position de principe : on ne lève pas une décision relevant de la souveraineté nationale pour quelque raison que ce soit, d’autant que la réglementation de la CAF ne l’oblige pas à le faire.

Finalement, la Fédération marocaine de football a fini par se soumettre à la décision algérienne en affrétant un avion étranger pour transporter sa délégation à Constantine afin de prendre part à la CAN U17.

Les joueurs marocains de moins de 17 ans ont fini par rallier la ville de Constantine et ont été chaleureusement accueillis, comme l’ont été les athlètes qui ont pris part aux jeux méditerranéens d’Oran à l’été 2022. La délégation marocaine avait alors fait escale dans une ville étrangère avant de rallier la capitale de l’ouest algérien.

Si les événements sportifs abrités par l’Algérie sont souvent la cible de tentatives de parasitage des autorités marocaines, il ne pouvait pas en être autrement des rendez-vous politiques majeurs.

Pendant les mois qui ont précédé le sommet arabe d’Alger tenu en novembre 2022, la diplomatie algérienne avait tout fait pour que le roi du Maroc assiste en personne à la rencontre.

A l’instar de tous les dirigeants des Etats arabes, une invitation officielle a été adressée à Mohamed VI. Elle a été remise en mains propres par le ministre de la Justice, Abderrachid Tebbi, au ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita.

Les relais médiatiques de Rabat ont fait croire dans un premier temps que le roi se déplacera à Alger, mais à la veille du sommet, Nasser Bourita, présent dans la capitale algérienne, a prétexté un prétendu mauvais accueil de sa délégation avant de tenter de parasiter le sommet par des protestations sur des détails protocolaires, comme la diffusion par une chaîne algérienne d’une carte du monde arabe sur laquelle la frontière entre le Maroc et le Sahara occidental est clairement tracée.

Le sommet arabe s’est tenu sans le roi du Maroc et il a connu un franc succès, tout comme le dernier CHAN de football. En courant derrière des victoires diplomatiques symboliques, même en incluant le sport, le Maroc ne fait que collectionner les échecs cuisants.

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