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Mohamed Amir, tête de liste du RND à Annaba : « Le complexe d’El Hadjar est pratiquement à l’arrêt »

Mohamed Amir, tête de liste du RND à Annaba : « Le complexe d’El Hadjar est pratiquement à l’arrêt »

ENTRETIEN. Mohamed Amir est ex-recteur de l’université de Annaba. Il est tête de liste du RND à Annaba.

Comment se présente pour vous la campagne électorale à Annaba ?

Nous visitons tous les jours des localités et des communes. Nous avons commencé par la périphérie avant de passer au centre de la ville. Nous avons trouvé les citoyens réceptifs à nos propos. Nous présentons ce programme dans le langage du peuple, simplement. Nous évitons le langage académique. Je suis parti en zone rurale, du côté d’El Chorfa Olma, dans la plaine agricole, où les habitants souffrent d’un manque d’eau en raison du retard pris dans la construction d’un barrage. Si nous sommes élus, nous allons défendre ce projet. Ce n’est qu’un exemple. À Chetaïbi, les habitants se sont plaints du non-achèvement d’une extension du port. Nous allons veiller à relancer le projet. C’est déjà dans le programme du RND : continuer et renforcer ce qui a été fait ou en cours d’exécution. Les relations avec les autres partis en compétition sont bonnes.

Quelles sont les principales demandes de la population de Annaba ?

Le travail et le logement. En dehors de la ville, les gens s’interrogent sur les mesures à prendre pour l’habitat rural et sur les aides que l’État peut apporter à l’agriculture, à la distribution des produits agricoles et aux chambres froides. Du côté de Sidi Amar, les gens sont inquiets par rapport à la situation du complexe sidérurgique d’El Hadjar.

Que se passe-t-il dans ce complexe ?

Le complexe d’El Hadjar est pratiquement à l’arrêt. La dernière fois (lors de la visite du premier ministre Abdelmalek Sellal, le 6 mars 2017, ndlr), ils ont fait une promesse pour le démarrage du second haut-fourneau. En réalité, le haut-fourneau a flambé et il est à l’arrêt actuellement malgré tout ce qui a été investi dedans. La remise à feu s’est faite uniquement pour la visite officielle. Le problème du gaz n’a pas été réglé et il y a eu une explosion.

Donc, tout ce qui a été dit à propos de la reprise des activités à El Hadjar est faux ?

Nous avons rencontré les travailleurs du complexe. Selon eux, la direction du complexe a été phagocytée par des personnes qui sont beaucoup plus dans les affaires qu’autre chose. Les salariés demandent à renouveler les élections pour leur syndicat. Ils ont fini par avoir gain de cause auprès de l’UGTA sauf que la direction de Sider préfère geler tout pour garder le statut quo. Elle a peur que les travailleurs, qui veulent éloigner le syndicat actuel, cherchent à demander des comptes. Les travailleurs veulent que les choses avancent mais leur direction semble les bloquer. Ils nous ont dit que si l’élection du nouveau syndicat ne se fait pas, ils iraient vers un mouvement de grève.

Quelles sont vos priorités pour Annaba, si vous êtes élus ?

Je suis réaliste et c’est ce que j’explique aux gens qui viennent nous interpeller. Un député n’est pas là pour donner du logement ou du travail. Les gens oublient souvent que le député légifère. Il doit porter les préoccupations des citoyens de Annaba aux ministres, défendre les projets de développement en agriculture, en tourisme et en industrie. Si nous sommes élus, nous allons coordonner avec nos collègues des autres partis pour faire parvenir les demandes des citoyens de Annaba.

Vous parliez du tourisme. Ce secteur ne semble pas bien développé à Annaba. Pourquoi ?

Le tourisme, c’est mort ! En dehors de quelques hôtels, le tourisme n’est pas développé à Annaba. L’hôtel Sheraton est très cher pour les touristes. Il est peut-être destiné aux entreprises, aux opérateurs économiques et aux étrangers. Ils peuvent profiter de la parité euro/dinar. L’Algérien lambda ne peut pas se permettre le Sheraton. Sur la côte, la vie est chère. Autre chose : nous n’avons pas la culture du tourisme.

Pour une ville touristique !

Nous sommes algériens et on se connaît. Si vous êtes dans un restaurant et si vous faites la remarque à un serveur qui a tardé à prendre la commande, vous prenez le risque d’être agressé ! Il faut, à mon avis, développer la formation dans le secteur touristique et à tous les niveaux. Avant de construire des infrastructures, il faut d’abord avoir de la ressource humaine et changer les mentalités.

Qu’en est-il de la modernisation des infrastructures existantes ?

L’hôtel Seybouss est en déclin, mais sa réhabilitation est prévue. Il aurait dû être fermé cette année. Une enveloppe budgétaire a été dégagée. Le lancement des travaux tarde un peu. Le tourisme doit être développé par le privé. L’État doit s’éloigner du secteur des services.

Quelles sont les mesures à engager en urgence à Annaba ?

Renforcer davantage la sécurité, d’abord.  Les services de sécurité font énormément d’efforts. C’est une ville où il y avait beaucoup d’agressions. Un travail extraordinaire a été fait pour sécuriser Annaba, mais ça reste une priorité, en plus de ce qui est économique et social. Je tire chapeau aux responsables de la sécurité, car leur mission n’est pas du tout facile. Annaba est une ville difficile dans tous les domaines. Parfois, on sent la présence de l’agressivité. Cela est peut-être lié au taux de chômage qui, officiellement, s’approche des 30 %. Il est maquillé par l’activité informelle. Des entreprises peinent à redémarrer, donc ne peuvent pas recruter.

Comment faire pour que Annaba mérite sa place de quatrième ville du pays ?

Il faut travailler pour redynamiser le développement économique. Des efforts sont fournis actuellement pour ouvrir d’autres zones industrielles, c’est-à-dire donner la possibilité aux opérateurs privés d’investir davantage. C’est cela qui va rendre Annaba attractive pour l’investissement et pour le tourisme. Il y a une spéculation foncière ici même si le foncier se raréfie. Des particuliers revendent leurs terres ici et là, mais c’est tout. L’État n’a plus rien à vendre. Annaba est saturée.

Quelle est l’image du Parlement auprès de la population ?

L’image que lui donne la presse.

C’est la faute à la presse donc !

Je ne dis pas cela. Je suis un député sortant. Lorsque je me déplace, je porte avec moi ma fiche de paie que je montre aux gens.

Et quel est votre salaire ?

260.700 dinars. De mon salaire, je paye la secrétaire et les deux gardiens de la permanence électorale actuellement.

Le RND ne vous donne rien ?

Le RND n’a que ce que les militants arrivent à cotiser à travers les cartes. Nous essayons d’avoir une gestion saine. Des sympathisants viennent nous aider de temps à autre. Ils ne donnent pas de grosses sommes. Parfois, les gens me sollicitent pour les aider à payer un scanner médical ou autre chose. Je le fais par solidarité. La presse parle de 40 ou de 50 millions de centimes de salaire. Les gens pensent que les députés sont riches. Les frais sont importants lorsque je suis à Alger. Quand on attaque les parlementaires sur leurs salaires, on touche, d’une manière indirecte, une institution. Il y a des parlementaires fortunés qui n’ont même pas besoin d’indemnités, mais la plupart sont d’anciens fonctionnaires ou salariés. Je rêve qu’un jour, on dise la vérité dans la presse sur les salaires des députés.

Et qu’en est-il des députés qui sont payés et qui ne se déplacent même à l’APN durant toute la mandature ?

Cela relève de la responsabilité des partis et de leurs choix des candidats. Lorsque le choix se portera sur de bons candidats, l’image du Parlement changera auprès de l’opinion.

Quel bilan faites-vous de la législature sortante ?

Pour ce qui me concerne, nous avons fait bouger beaucoup de choses à Annaba. Par exemple, nous avons réussi à changer l’itinéraire du futur tramway d’Annaba qui, à l’origine, devait passer par le Cours de la Révolution, ce qui aurait complètement défiguré ce lieu. Nous avons fait en sorte que le tramway prenne un autre parcours. Nous avons également convaincu les autorités locales à construire un viaduc à la place d’un tunnel parce que Annaba est située au-dessous du niveau de la mer.

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