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« Non à la culture du cachir » : Paris unit des milliers d’Algériens contre Bouteflika

« Non à la culture du cachir » : Paris unit des milliers d’Algériens contre Bouteflika

Pour les Algériens de France, rarement une manifestation ne les a réunis dans une telle unité. D’Annaba à Tlemcen, d’Alger aux confins de l’Afrique subsaharienne, ils sont de toute origine et se sont retrouvés à Paris dans une atmosphère rayonnante de couleurs et vibrante de chants.

Ils étaient des milliers mais n’étaient pas que des nombres.  Ils avaient entre sept et 97 ans, le visage rayonnant, distillant l’espoir. Le cœur ruisselant d’une colère rouge. Aussi manifeste que la couleur de l’étoile et du croissant lunaire frappant le drapeau national.  En colère contre le régime qui veut maintenir au pouvoir la figure qui l’incarne depuis vingt ans. « Ya Bouteflika, makanche el khamsa », « la nourid, la nourid Bouteflika we Saïd », chantent les manifestants.

« Partez », crie Nora, jeune avocate ayant fait ses études en Algérie. « Ils disent que nous voulons le changement. Non, nous voulons le départ de ce régime, de ce système », martèle la dame.

À ses côtés, Faïza Boudjemaa, une sexagénaire agite un petit drapeau : « Si Bouteflika dépose son dossier il faut que les Algériens tirent les rideaux de leurs maisons en signe de deuil. Il faut ensuite entamer une grève illimitée, décréter des villes mortes », ajoute-t-elle. À cette action, les Algériens de France doivent se joindre en faisant des démarches auprès de leurs employeurs : « On demandera une journée pour organiser des protestations nous aussi ».

La gorge étranglée d’émotion, un jeune raconte son aventure de « harga ». « Mes frères, cela fait trois ans que je n’ai pas vu ma mère ».

Le mégaphone passe de main en main. La parole se libère.  En torrents continus, retenus par l’espoir après une décennie de guerre civile. Puis par une digue de patience qui a cédé sous la force d’une vague d’indignation.  De Massinissa à Boudiaf, de Kahina à Djamila Bouhired, la terre d’Algérie a engendré tellement d’hommes et de femmes que ses enfants ne veulent pas la voir prise en otage, incarnée par une image.

« Primauté de l’intérieur sur l’extérieur », dit malicieusement Ahmed en rappelant l’une des principales décisions du Congrès de la Soummam. « Il faut que les décisions soient prises à Alger et non à Genève » où se trouve hospitalisé le président-candidat, sans pouvoir déposer lui-même son dossier comme il l’a fait jusque là. La foule réclame l’hymne national. Des chants patriotiques montent.  Les policiers français, déployés  en nombre semble surpris par cette ambiance de fête.

Deux jeunes traversent la foule, portant à bout de bras une grande banderole. « Non à la culture du cachir », proclame-t-elle ». À Paris, y a pas de cachir », répond-on. « Nous ne sommes pas des moutons, nous sommes des combattants », dit une pancarte. Tout près, une vieille dame chante, drapée du drapeau national. Son accent trahit ses origines oranaises. Un instant, on s’est cru dans la ville de Sidi Houari.

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