L’Arabie Saoudite et Israël auraient fait un pas de plus vers la normalisation de leurs relations. Quelques jours après le sommet arabe de Djeddah, à l’issue duquel la centralité de la cause palestinienne pour le monde arabe a été réaffirmée, des révélations sont faites sur des négociations qui seraient en cours entre le royaume et Israël.
Ce n’est pas la première fois qu’il est fait état de pourparlers directs entre les deux pays. En mars dernier, le New York Times avait révélé l’existence de négociations entre Ryad et Tel-Aviv sous l’égide de Washington.
Le journal américain avait précisé que les Saoudiens étaient prêts à parvenir à un accord si le président Joe Biden leur accordait un programme nucléaire civil, la levée des restrictions sur les ventes d’armes et des garanties pour la sécurité du royaume.
La médiation américaine avait été confirmée par le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, qui a indiqué que son pays œuvrait pour parvenir à la normalisation des relations entre l’Arabie saoudite et Israël.
Ces négociations avaient eu lieu alors que l’Arabie Saoudite était parvenue à un accord, pour le rétablissement de ses relations diplomatiques avec l’Iran.
Quelques semaines plus tard, le prince héritier de l’Arabie saoudite Mohamed Ben Salmane a donné son feu vert pour le retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe.
Cette fois, c’est un média israélien qui révèle la reprise des pourparlers sous l’égide d’une autre nation. Selon Channel 12, qui cite des sources saoudiennes, des négociations « complexes » seraient en cours entre Riyad et Tel-Aviv, « sous pression américaine » et sous l’égide de Bahreïn.
Les négociations seraient menées à un très haut niveau, selon la même source.
Mohamed Ben Salmane est arrivé dans la capitale bahreïnie, Manama, pour y prendre part directement, tandis que le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères d’Israël, Benyamin Netanyahou et Eli Cohen, sont impliqués dans les pourparlers via des conversations téléphoniques, précise le même média.
Les Saoudiens posent leurs conditions pour la normalisation avec Israël
Selon la même source, la condition que posent cette fois les Saoudiens porte sur la question palestinienne. Ils exigent d’Israël de faire des « concessions » aux Palestiniens, comme le transfert de certaines prérogatives de sécurité à l’Autorité palestinienne en Cisjordanie et dans les lieux saints musulmans et chrétiens de Jérusalem.
Les Saoudiens auraient aussi posé comme conditions le déblocage de certains contrats d’armement avec les Etats-Unis et la validation par Washington de son programme nucléaire.
Un responsable israélien, sous couvert de l’anonymat, a indiqué dimanche que les discussions avec l’Arabie saoudite pourraient aboutir rapidement à la mise en place de vols directs entre Israël et l’Arabie saoudite pour transporter les musulmans israéliens vers les lieux saints de l’islam.
Tzachi Hanegbi, conseiller à la sécurité nationale, a jugé « possible » un accord de normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite, selon la chaîne israélienne i24news.
La normalisation avec l’Arabie Saoudite a été présentée comme un objectif prioritaire par Netanyahou à son retour au pouvoir à l’automne dernier. Il avait indiqué qu’un tel accord permettrait de régler définitivement la question palestinienne.
Dans la déclaration finale du dernier sommet arabe de Djeddah (19 mai), le plan de paix saoudien de 2002 n’a pas été relancé. Ce plan prévoyait une reconnaissance d’Israël par les Etats arabes contre la création d’un Etat palestinien dans les frontières d’avant 1967.
La déclaration de Djeddah a réaffirmé le « caractère central » de la question palestinienne pour la stabilité de la région et souligné la nécessité de parvenir à un règlement global basé sur la base de la solution à deux Etats.
Le royaume saoudien a entrepris une vaste stratégie d’apaisement avec son voisinage. En mars dernier, il était parvenu à un accord avec l’Iran pour le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays. L’accord a été négocié à Pékin sous l’égide de la Chine.
Début mai, l’Arabie Saoudite a levé son véto pour la réintégration de la Syrie au sein de la Ligue arabe, après 12 ans de bannissement. Les observateurs lui prêtent également la volonté d’engager un processus pour mettre fin à la guerre au Yémen.
Beaucoup expliquent cette nouvelle stratégie d’apaisement par le gigantesque chantier de réforme et de développement lancé par Mohamed Ben Salmane, sachant qu’un projet d’une telle envergure ne pourra pas aboutir dans un environnement de tensions.
L’Arabie saoudite peut aussi négocier en force avec Israël, après avoir rétabli ses relations avec l’Iran.
Israël utilisait la menace iranienne pour négocier avec les pays du Golfe en mettant en avant sa capacité à les protéger d’une éventuelle attaque iranienne.
Cette stratégie qui a pesé dans les Accords d’Abraham signés en 2020 entre Israël, les Emirats arabes unis, le Bahreïn et le Maroc se retrouve affaiblie après la paix conclue entre l’Arabie saoudite et l’Iran.
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