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« Nous devons maintenir les manifestations pacifiques »

« Nous devons maintenir les manifestations pacifiques »

Abdelouahab Fersaoui est le président du Rassemblement action jeunesse (RAJ). Il participe activement au mouvement populaire contre le système.

Avez-vous des nouvelles de Mohamed Saïd Dahmani, militant de Raj, interpellé ce matin à Alger ?

Non, pour l’instant il est toujours détenu et l’on ne sait pas dans quel commissariat il se trouve. Mais apparemment il est au commissariat de Bentalha. C’est ce que nous avons comme information. Nous avons envoyé des camarades pour aller vérifier sur place et on attend.

Quelle évaluation faites-vous de la journée de manifestation de vendredi que les forces de l’ordre ont réprimé ?

La journée d’hier a été une réussite à 100%. C’était une grande réussite parce que le pouvoir a tout fait pour casser la mobilisation. Il avait déjà commencé par la répression de la marche des étudiants mardi, ensuite il a tenté d’empêcher la marche de la Confédération des syndicats autonomes le mercredi, et il a aussi empêché, jeudi des citoyens venant d’autres wilayas de rejoindre Alger en dressant des barrages sur les routes et en déployant des forces de sécurité en nombres importants aux entrées d’Alger, tant du côté Est que du côté Ouest. Donc, tout a été fait pour casser la mobilisation.

Même le jour de la manifestation, hier, les forces de police ont essayé d’empêcher les citoyens d’accéder à la Grande poste. Il a fallu la pression des manifestants pour que l’accès soit libéré, ce qui a poussé les forces de police à quitter la Grande poste.

Pour ces raisons, la manifestation d’hier était une réussite malgré la tentative du pouvoir de faire basculer ce mouvement vers la violence en provoquant les manifestants par des jets d’eau, des bombes lacrymogènes, et même par des balles en caoutchouc. Le pouvoir est paniqué au point de provoquer les manifestants et de vouloir faire basculer cette mobilisation pacifique et cette marche vers la violence.

Le premier acquis de ce mouvement populaire depuis le 22 février à ce jour, c’est la réappropriation des espaces publics de débat. C’est un acquis que l’on se doit aujourd’hui de sauvegarder. Nous devons maintenir les manifestations pacifiques à Alger et ailleurs dans le pays, le vendredi et même durant les jours de la semaine. C’est le seul garant pour faire aboutir les revendications du mouvement citoyen.

Pourquoi cette tentation de la répression de la part du régime ?

Parce que le pouvoir n’a pas la volonté politique d’aller vers le changement revendiqué par le peuple algérien. Depuis le 22 février à ce jour, nous avons constaté qu’il y a une alternance clanique à l’intérieur du pouvoir, entre la présidence et l’armée. On a remarqué que l’institution militaire a pris le dessus et a repris le pouvoir sur la présidence. Eux, ils ne peuvent pas aller vers un changement, vers une transition démocratique revendiquée par le peuple, c’est pour cela qu’ils font tout pour essayer de faire passer leur feuille de route qui consiste en l’organisation des élections dans un délai de 90 jours avec les mêmes pratiques, les mêmes institutions de fraude et bureaucratiques, et avec les symboles du système.

Ils veulent régénérer le système et le maintenir. C’est pour cette raison qu’ils veulent casser cette dynamique et cette mobilisation qui les rejettent. Hier, c’était un référendum populaire qui a rejeté la feuille de route du pouvoir et l’élection présidentielle (du 4 juillet prochain) et qui rejette le gouvernement et Bensalah. Cela ne les arrange pas. C’est pourquoi ils veulent justifier la répression de ce mouvement et ils veulent casser la mobilisation. Ils poussent vers la violence pour justifier leur intervention, et pourquoi ne pas envisager d’autres scénarios.

Comment voyez-vous la mobilisation à l’avenir ?

Je pense que le peuple algérien s’est libéré et a brisé le mur de la peur. S’il est sorti, cela fait presque deux mois, ce n’était pas pour permettre une alternance clanique, ou pour qu’un quelconque clan du pouvoir prenne le dessus sur l’autre. Le peuple algérien n’est pas dupe. Il est éveillé et conscient. Il ne va pas céder. Il l’a démontré lors de la manifestation de vendredi, malgré les blocages et les intimidations, et en dépit des arrestations et la campagne sur les réseaux sociaux visant à semer la peur parmi la population et la dissuader de sortir manifester.

Même dans son dernier communiqué, le chef d’état-major a fait allusion à la « main étrangère », mais ceci n’a pas empêché le peuple algérien de sortir. Ce dernier sait pertinemment que ces manœuvres ne sont que ruse et manipulation pour faire cesser la mobilisation. Le peuple algérien est conscient que ce qui menace la stabilité du pays c’est bien ce système qui cherche à se maintenir contre sa volonté. Le peuple algérien ne va pas céder et va poursuivre la mobilisation pacifique, et il va déjouer toute tentative de normalisation et d’infiltration, surtout qu’on a vu hier qu’il y a un eu un noyautage de la marche et des tentatives de créer du désordre. Mais à chaque fois, les citoyens interviennent d’une manière courageuse pour faire échec à ces tentatives.

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