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Offensive de charme pour le patronat français en Algérie

Offensive de charme pour le patronat français en Algérie

Ludovic MARIN / AFP

Alors que la Chine est devenue le premier partenaire commercial de l’Algérie, la France organise son offensive commerciale, et cherche à regagner ses parts de marché.

Pour la première fois depuis 2008, une délégation du Medef (patronat français) d’une soixantaine de chefs d’entreprise est attendue ce soir à Alger pour une visite de deux jours qui s’achève vendredi 9 février.

Une délégation « importante »

De grands groupes français dans des secteurs variés – transports, infrastructures, énergie, banque et finance – à l’instar de Thales, Suez, Colas, Engie, BNP Paribas et Bolloré Transport & Logistics, seront représentés. À cette liste vient s’ajouter des PME déjà implantées dans le pays : Poma (un des leaders mondiaux du transport par câble), CAN (BTP, entreprise spécialisée notamment dans les travaux d’accès difficile), ou encore ICE (traitement de l’eau).

Une délégation « importante », précise-t-on au Medef, conduite par le président de l’organisation patronale en personne, Pierre Gattaz. « Cela fait dix ans que le président du Medef ne s’était pas rendu en Algérie », souligne Pierre Gattaz, qui a reçu lundi 5 février, des journalistes au siège de l’organisation patronale à Paris. Le dispositif a des allures d’offensive de charme.

Selon le programme provisoire communiqué par le Medef, plusieurs séquences viendront ponctuer ces deux jours de visite dans la capitale algérienne. Deux protocoles d’accord seront signés : le premier porte sur la création du Conseil d’affaires algéro-français par le FCE et l’organisation patronale française. Le second concerne le secteur énergétique : après un « échange » avec Ould Kaddour, le PDG de la Sonatrach, Engie et la compagnie nationale d’hydrocarbures signeront un protocole d’accord pour le développement des énergies renouvelables.

Une séquence politique avec plusieurs audiences est également attendue : mercredi matin avec Mohamed Benmeradi, le ministre du Commerce, puis l’après-midi avec Ahmed Ouyahia, le Premier ministre. Puis, jeudi matin, la délégation rencontrera Abdelghani Zaalane, ministre des Travaux publics et des Transports, puis Hocine Necib, le ministre des Ressources en Eau. Voilà pour la forme.

Nouvelle stratégie 

Au siège du Medef, à Paris, on rappelle que la France et l’Algérie sont « des pays extrêmement complémentaires » dont les « diasporas sont une force ». L’organisation veut promouvoir « la jeunesse et l’entreprenariat ».

Des propos qui font écho à ceux tenus par le président français Emmanuel Macron lors de sa visite de travail et d’amitié à Alger en décembre dernier. Il faut d’ailleurs noter qu’une rencontre avec les étudiants de l’École supérieure algérienne des affaires figure à l’agenda du Medef et que le responsable du développement en Afrique de l’école de commerce HEC fait partie de la délégation.

Alors que les investissements français ont diminué ces dernières années, l’organisation patronale cherche à ouvrir une nouvelle page avec Alger. Terminé l’offensive maladroite du quinquennat précédent où la France multipliait les défilés de délégations -officiels et patrons- en Algérie pour récupérer sa place de partenaire commercial numéro un. Quitte, « à apparaître un peu caricaturales quand elles arrivent avec leurs gros sabots », commentait, il y a quelques mois pour TSA, un brin moqueur, un observateur de la zone.

Terminé également le chapitre « donneur de leçons ». « Nous sommes là pour vous aider à réussir. Car nous avons confiance dans les atouts de l’Algérie, dans le fait qu’ensemble, nous pouvons peser », lançait Manuel Valls, alors Premier ministre, en avril 2016 lors d’une visite officielle en Algérie.

Si l’organisation patronale admet que certaines mesures économiques (limitation des importations, augmentation des droits de douanes) constituent des freins à la croissance, elle refuse de commenter la stratégie du gouvernement algérien.

« Dans un contexte où les revenus des hydrocarbures ont chuté, on ne peut pas reprocher à l’Algérie d’avoir pris des mesures pour réduire son déficit. Après, nous aurons des discussions sur comment on peut faire pour protéger le financement et développer des filières », explique Jean-Louis Chaussade, directeur général du groupe Suez, qui conduit la délégation avec le président du Medef.

« On compte mettre ces problèmes sur la table », assure quant à lui Pierre Gattaz. Mais, prévient le patron du Medef, « on ne va pas en Algérie avec une liste de courses. On y va avec un état d’esprit extrêmement positif (…) L’objectif commun, c’est de développer de l’emploi, de la croissance locale ».

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