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Officiellement interdits, les produits pyrotechniques font leur apparition à l’approche du Mawlid Ennabaoui

Officiellement interdits, les produits pyrotechniques font leur apparition à l’approche du Mawlid Ennabaoui

Odeur de soufre et retour des pétarades tonitruantes dans les rues d’Alger, depuis quelques jours. Signe annonciateur que la célébration de la fête du Mawlid Ennabaoui, coïncidant avec le 22 novembre cette année, arrive à grandes enjambées.

Malgré leur interdiction, les produits pyrotechniques signent leur retour en force dans les marchés de la capitale. À la Rue de la Lyre et aux alentours du marché Djamaâ Lihoud, les commerces de prêt-à-porter, téléphonie, lingerie et cosmétiques ont rangé les articles habituels afin d’installer sur leurs étagères d’énormes quantités de fusées, pétards, bougies et autres fumigènes, plus rentables en cette période d’avant-fête.

À quelques pas du commissariat

Il y a quelques semaines à peine, les vendeurs informels de pétards de Djamaâ Lihoud ont été chassés manu militari par les forces de l’ordre en même temps que d’autres commerçants illicites. Ne voilà-t-il pas qu’ils refont leurs apparition comme par un coup de baguette magique, étalant leur marchandise au nez et à la barbe des policiers, à quelques jours du Mawlid Ennabawi !

Investissant les commerces de vêtements, cosmétiques et lingerie, des jeunes proposent des produits pyrotechniques à la vente. L’un de ces commerces situé à moins de 100 m du commissariat de la rue de la Lyre est pris d’assaut par des petits revendeurs. « Je suis venu acheter des pétards chez ce grossiste pour les écouler dans mon quartier avec un net bénéfice », nous apprend un jeune adolescent.

Chitana, Mergueza et Zaoudj

Un peu plus loin, vers la rue Ammar Ali (Ex-Rue Randon), de nombreux commerces se sont lancés dans ce business juteux. Les produits pyrotechniques s’arrachent par brassées. De jeunes revendeurs dévalisent les étals et ressortent avec de grands sacs en plastique noir, débordants de produits portants d’étranges noms : chitana, zalamite,zaoudj, mergueza, touma, el warda…

Des mamans s’enquièrent des prix et font également une razzia. « C’est pour mes deux enfants », nous dit l’une d’entre elles. « Ils m’ont demandé de leur acheter de gros pétards bombes qui font du bruit en explosant ». La dame ne lésine pas sur son porte-monnaie. Elle débourse plus de 2000 da entre fumigène et pétards.

Des policiers effectuant leur ronde assistent à ce big mic-mac sans ciller. La vente des produits pyrotechniques s’effectue au vue et au su de tous. Toutefois, certains camelots sont plus prudents que les autres. C’est le cas de Nabil (16 ans). Cet adolescent qui a improvisé un étal sur le trottoir du marché de la rue de Chartres ruse, pour ne pas y laisser trop de plumes, en cas de saisie. « Regardez ! Je n’expose que des bougies, du ‘bkhor et des ‘nouwelate’ sur ma ‘tabla’. Toutefois, J’ai toute une panoplie de pétards, fusées et fumigènes planquée juste à côté. Je peux vous ramener tout ce que vous voulez, en deux minutes chrono. Toute cette gym afin d’éviter la saisie par les policiers en faction », nous lance-t-il.

Lexique pour les nuls

Ces produits prohibés affublés de noms bizarres, que tous les enfants connaissent par cœur, sont vendus à des prix astronomiques. Florilège : chitana (1000 da), mergueza (1000 da), flambeau (2100 da), el warda (1000 da), fusée couleur (2400 da), fumigène : 6000 da…

Malgré leur interdiction, les produits pyrotechniques signent leur retour en force dans les marchés de la capitale. (© TSA)


En dépit de leur interdiction et de leur dangerosité, ces produits explosifs continuent à s’écouler comme des petits pains, sous le regard indifférent des agents de l’ordre. Chaque année, la même question revient sur les lèvres : comment toutes ces quantités de produits pyrotechniques franchissent-elles les douanes ? Qui est derrière ces importations ? Comment toute cette marchandise se retrouve-t-elle chez ces revendeurs ?

Mystère et boule de gomme.

La loi de 1963

Pourtant la loi est on ne peut plus claire. Depuis 1963, elle interdit et punit cette activité commerciale. Il s’agit du décret 63-291 du 2 août 1963 qui prohibe la fabrication, l’importation et la vente, sur le territoire national, des pétards et de tous articles pyrotechniques. De même, l’article 33 du projet de loi de finances 2016, avait également introduit en substance que l’importation de ces objets est sanctionnée d’une amende égale à deux fois la valeur des marchandises confisquées et d’une peine d’emprisonnement de six mois à cinq ans. Mais, force est de constater que sur le terrain, la situation est tout autre. Les produits pyrotechniques en tous genres sont importés et vendus à la vue et au su de tous.

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