L’expert Mourad Preure, spécialiste des questions énergétiques, prévoit « un impact très fort » de la chute des prix du brut sur l’économie algérienne, avec des recettes en 2020 qui devraient de situer entre 34 et 20 milliards de dollars.
« L’Algérie est excessivement exposée aux fluctuations du marché pétrolier du fait de la faible diversification de son économie. L’impact sera très fort avec des recettes d’hydrocarbures déjà en deçà des besoins. Selon toute vraisemblance, ces recettes en 2020 vont se situer dans un créneau entre 34 milliards de dollars, soit leur niveau actuel, et plus ou moins 20 milliards de dollars, selon les évolutions possibles de la crise », a-t-il affirmé, ce mardi 10 mars, dans un entretien accordé à l’AFP.
Ces prévisions interviennent où le marché du pétrole est fortement bouleversé par à la fois le bras de fer entre saoudiens et russes, mais aussi par l’épidémie du coronavirus qui paralyse l’économie mondiale. « Dans tous les cas, la situation est critique », poursuit Pr Preure, appelant à « un effort rigoureux d’anticipation des menaces mais aussi des opportunités, car toute crise recèle des opportunités ».
Parmi les priorités, selon Pr Preure, figurent « une puissante accélération des réformes économiques, une profonde modernisation de la gouvernance et une amélioration du climat des affaires ».
D’après l’expert pétrolier algérien, l’Algérie possèderait les moyens, notamment financiers, et des avantages comparatifs naturels, « pour surmonter cette crise ». Il préconise néanmoins la mise en place d’une stratégie novatrice consistant à diversifier l’économie et aller vers la transition énergétique.
Sur les probabilités que l’effondrement des cours persiste, Pr Preure observe que tous les scénarios sont envisageables même les plus pessimistes. « Nous sommes face à un véritable choc baissier, plus grave encore qu’en 2014 (lorsque les Saoudiens ont déclaré la guerre contre les schistes américains, Ndlr) », relève l’expert. Pour lui, ce choc survient dans un contexte exceptionnel marqué par un sévère ralentissement de l’économie chinoise qui a un effet « déflagrant » sur l’industrie pétrolière mondiale.
« Dans ce contexte, où il y a une surabondance de l’offre (de pétrole) et où la demande ralentit, les scénarios les plus pessimistes sont envisageables », conclut Pr Preure.