Société

Portrait. Dr Amine Arezki, l’Algérien qui diffuse la positivité dans le monde

Haut responsable chez Thales, Amine Arezki fait partie des nouvelles figures de la diaspora algérienne à l’étranger, comme Nora Belarbi, Mehdi Chouiten, Nabil Meziani, Adel Djellouli et tant d’autres Algériens qui ont réussi à l’étranger.

Son parcours est impressionnant et un exemple pour tous les étudiants algériens qui veulent réussir à l’étranger.

Il a participé au lancement des premiers trains autonomes en Allemagne grâce à la robotique, il est concepteur d’un robot assistant des victimes d’AVC aux États-Unis, inventeur d’un concept inédit de publicité virtuelle, fondateur d’une plateforme qui diffuse la positivité dans le monde entier….

Son impressionnant parcours illustre la réussite d’un ingénieur algérien qui a fait l’école en Algérie.

Après l’obtention de son diplôme de l’université de Blida en 2005, le Dr Amine Arezki quitte l’Algérie à l’âge de 23 ans, pour mener une carrière en France, en Allemagne et aux États-Unis, tant dans le domaine de la robotique, du marketing que dans les hautes technologies.

Aujourd’hui, il cumule plusieurs responsabilités au sein de Thales, un groupe français de haute technologies spécialisé, entre autres, dans l’aérospatial et le transport terrestre.

Le groupe lui confie une myriade de responsabilités : directeur du marketing, directeur de la valeur et de la marque et chef de projet de la division de transport.

Amine Arezki est fondateur de MarkaMotion, qui a mis au point un concept novateur de publicité dans l’événementiel et le sport.

Né à Alger et grandi à Blida, Amine est issu d’une famille de médecins. Son père était professeur en neurologie au CHU de Blida. Sa mère était physiothérapeute. Son enfance, il a l’a passée dans les dures conditions des années 1990, période durant laquelle le terrorisme ensanglantait l’Algérie.

« Ce contexte difficile m’a appris l’importance de la persévérance et de la résilience face à l’adversité », se confie-t-il à TSA Algérie.

Après le bac, il a fait des études en électronique à l’université Saad Dahlab de Blida. Étudiant, il découvre une passion pour les technologies, l’intelligence artificielle et la robotique. « Comme de nombreux jeunes de ma génération, je voulais partir à l’étranger, mais pas avant de décrocher un diplôme », se remémore-t-il.

Avec une bande d’amis, il crée un club de passionnés de robotique. « Nous avons participé, chaque année, au concours européen de robotique Eurobot. On s’était pas mal débrouillé en se qualifiant parfois en quart de finale, et même en finale. Cela nous a permis de sortir de la théorie pour retrouver une certaine créativité. On se disait qu’on n’était pas trop mal », se souvient-t-il.

Comment réussir à l’étranger pour un étudiant algérien : la recette de Amine Arezki

Après avoir décroché un diplôme en ingénierie électronique à l’Université de Blida en 2005, il part en France pour préparer un Master en Robotique et en Systèmes Intelligents à l’Université Pierre et Marie Curie.

À peine quelques mois après avoir débarqué à Paris, il s’envole aux États-Unis après avoir décroché une bourse dans le cadre d’un échange avec l’Université Rutgers dans le New Jersey.

« Ce séjour universitaire m’a permis d’avoir un premier salaire aux États-Unis où j’ai travaillé sur un projet de rééducation des personnes victimes d’AVC. Le hasard a fait que c’était la spécialité de mon père qui était neurologue. Alors que je suis parti pour un stage de six mois, je suis resté deux ans aux États-Unis », relate-t-il.

Avec l’éloignement, sa famille lui manque. Il revient alors en France pour être proche des siens. « J’ai rejoint le groupe Thales qui m’a confié des projets en Chine. En parallèle, j’ai repris mes études de doctorat en robotique à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines en France. C’était très difficile de mener une double carrière. Je n’avais ni vacances, ni week-end. Le soir, mes nuits de sommeil étaient très courtes. Cela a fini par payer. J’ai réussi à soutenir cette thèse de doctorat avec la plus haute distinction », dit-il fièrement.

Son appétit pour les études n’a pas de limites. Il enchaîne les diplômes en décrochant un MBA pour cadres au London Business School.

Chez Thales, Amine Arezki cherche toujours à créer de nouveaux produits et services, puis d’en faire la publicité sur le marché. En Allemagne, il lance un département pour les trains autonomes.

Diffuser la positivité dans le monde entier

En 2018, il devient conférencier TEDx ; des conférences organisées au niveau international ayant pour but de mettre en avant des idées qui méritent d’être diffusées. Il a, par exemple, animé une conférence sur le rôle des trains autonomes dans la mobilité mondiale à TEDxStuttgart.

Au début de la pandémie du Covid, il cofonde AMaskForAll.com pour fournir des masques gratuits pour ceux qui en avaient besoin.

Amine Arezki est également membre fondateur de One Golden Nugget, dont la mission est de « diffuser la positivité » dans le monde entier.

« Nous croyons au pouvoir de la motivation à travers des citations simples ou des histoires intéressantes, comme les histoires de personnes qui ont commencé avec rien et qui ont ensuite connu un grand succès dans leur vie », explique-t-il.

Amine Arezki aime diffuser la positivité parce que dit-il « c’est quelque chose dont nous avons tous de plus en plus besoin, surtout dans le contexte anxiogène actuel ». One Golden Nugget est une plateforme destinée aux personnes qui réussissent et qui souhaitent renouer avec la positivité.

« Nous entendons tellement d’histoires négatives sur des personnes qui souffrent, nous voulons donc montrer l’autre côté de cela, avec des gens qui résolvent leurs problèmes et atteignent encore plus que leurs objectifs prévus. Nous voulons démontrer que rien n’est impossible dans la vie ; nous pouvons nous attendre à des miracles », estime cet ingénieur algérien.

Amine Arezki, un profil atypique chez Thalès

« Tout au long de ma carrière, j’ai toujours essayé de trouver des opportunités de susciter des changements positifs et d’apporter des contributions significatives à mon organisation. Qu’il s’agisse de petites améliorations progressives ou d’initiatives stratégiques significatives, je m’efforce toujours de maintenir l’élan et d’éviter la stagnation », explique-t-il.

Au fil des années, Amine Arezki enchaîne plusieurs responsabilités chez Thales : gestion de projets, recherche et développement, formation, gestion de produits et le marketing.

Il a réalisé qu’être capable d’articuler les avantages de tout changement, essentiellement en créant une proposition de valeur et en racontant une histoire convaincante, était essentiel pour réussir.

Son expérience en technologie lui a donné une compréhension de l’industrie et la capacité de communiquer avec les équipes techniques.

« Cela s’est avéré inestimable pour élaborer des messages qui trouvent un écho auprès des publics techniques et non techniques. Mon expérience en robotique m’a doté d’une approche de résolution de problèmes basée sur les données, qui s’est avérée inestimable dans le monde du marketing », atteste-t-il.

Pour lui, avoir une expérience et des compétences diversifiées est crucial pour réussir dans n’importe quel secteur, en particulier dans les technologies.

Amine Arezki, l’Algérie qui diffuse la positivité dans le monde

« Mon expérience m’a appris que la capacité d’adaptation et d’évolution, associée à la volonté d’apprendre et de relever de nouveaux défis, est ce qui distingue les spécialistes du marketing qui réussissent des autres ».

Amine Arezki est convaincu qu’avoir une formation technique ou au moins une compréhension de base de la technologie est « essentiel » pour les spécialistes du marketing du secteur technologique.

Pour lui, avec l’essor du marketing numérique, les spécialistes du marketing doivent bien connaître les dernières technologies et techniques de marketing numérique, notamment le marketing des médias sociaux, le référencement, le marketing de contenu et le marketing par courrier électronique.

« Ils doivent également être capables d’élaborer des messages engageants et persuasifs qui trouvent un écho auprès de leur public cible et communiquer efficacement la proposition de valeur unique du produit ou du service », conseille-t-il.

Amine Arezki se considère « chanceux » d’avoir été impliqué dans plusieurs initiatives stratégiques au sein de différentes entreprises, comme le lancement des activités d’exploitation de trains autonomes.

« Dans ce genre de projets, il faut être à la fois observateur et curieux. Il faut aussi identifier les problèmes à solutionner. Ensuite, la créativité est indispensable pour proposer des solutions efficaces », précise-t-il.

En parallèle à sa carrière à Thales, passionné d’art et de sport, cet Algérien a fondé, l’année dernière, MarkaMotion spécialisée dans la publicité dynamique au service de l’événementiel et du sport.

L’idée va révolutionner le secteur de la publicité jusque-là basée sur les logos imprimés sur les tenues sportives. « Nous proposons une publicité virtuelle en temps réel, un concept inédit que nous avons breveté. Basée en Allemagne, l’entreprise est appelée à activer dans les quatre coins du monde », dit-il.

Comment la diaspora peut aider l’Algérie

Amine Arezki est membre du Conseil mondial de la diaspora algérienne (CMDA) qui a été lancé le 8 mars dernier par Karim Zéribi, et qu’il qualifie de « très bonne initiative ».

Pour lui, l’Algérie peut devenir un des plus grands pays développés au monde. « Notre pays a tout pour réussir. Il a surtout l’essentiel : la matière grise. Beaucoup d’Algériens réussissent à l’étranger. Notre pays doit créer un workshop pour mettre en place une vision à long terme à l’horizon 2050, par exemple, pour se projeter là où il faut créer des compétences et là où il faut lancer des industries », plaide-t-il.

À la question de savoir comment la diaspora algérienne peut aider l’Algérie, Amine répond qu’« il y a beaucoup d’Algériens qui ont une grande expérience acquise à l’international. Il suffit de définir ce qu’il faut changer pour que ça fonctionne. Il y a des riches expériences diversifiées qu’on peut partager à la faveur d’échanges très positifs pour voir ce qu’il faut changer et réussir. Un pays doit avoir une vision à long terme. Les citoyens savent où aller quand il y a une vision et un cap. C’est une question de stabilité et d’organisation », pense-t-il.

Comment améliorer l’image de l’Algérie

Pour Amine Arezki, il est important de lancer un chantier pour changer l’image de l’Algérie à l’étranger qui n’est pas reluisante. « Un pays est une marque. La réputation est une marque. Quand on prononce le nom d’un pays, il y a une émotion qui ressort. Il faut une certaine sécurité, une visibilité. Tout cela se travaille. Il y a une méthodologie pour changer l’image d’un pays », développe-t-il.

Il cite l’exemple de certains pays comme le Qatar et l’Arabie saoudite qui investissent beaucoup d’argent pour gérer d’une manière positive leurs images.

« Une telle démarche demande du temps et de l’argent. Il suffit de solliciter des compétences dans le domaine. L’impact peut être énorme », insiste-t-il.

Dans la foulée, Amine Arezki avance quelques-unes de ses idées permettant de favoriser le transfert de technologie vers l’Algérie.

« Ce sont des choses qui sont négociables. La Chine et l’Inde, par exemple, incluent dans leurs contrats conclus avec les entreprises étrangères des clauses exigeant un transfert de technologie. Cette condition peut-être soit incluse dans les contrats commerciaux ou encore dans la législation du pays. Pour avoir la certification permettant de vendre des produits ou des services dans ces pays, les sociétés étrangères sont obligées de produire les technologies localement », conclut-t-il.

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