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CMDA, Awassir, Djazpora… La diaspora algérienne tend sa main

CMDA, Awassir, Djazpora… La diaspora algérienne tend sa main

CMDA, Awassir, Djazparo… : les membres de la diaspora algérienne en France et à travers le monde multiplient les initiatives qui les rapprochent de leur pays d’origine.

Officiellement courtisés pour apporter leur contribution au développement du pays, les membres de la communauté algérienne établie à l’étranger sont confrontés toutefois d’une multitude de difficultés, y compris pour un simple déplacement en Algérie, ne serait-ce qu’à cause de la cherté des billets de transport d’Air Algérie et d’Algérie Ferries.

La dynamique de rassemblement à laquelle on assiste s’inscrit dans le double objectif de lever les obstacles qui se dressent entre la diaspora et son pays d’origine et de contribuer efficacement au rayonnement de celui-ci.

On ne peut pas dire que la diaspora algérienne a été coupée un instant du pays. À chaque épreuve, que ce soit la crise du COVID, les incendies ou autres catastrophes naturelles qui ont frappé l’Algérie ces dernières années, elle était là.

À titre individuel ou à travers des collectifs et associations, les émigrés algériens ont toujours manifesté de la solidarité avec leurs compatriotes au pays.

Sauf que, de l’avis de tous, la contribution de la diaspora algérienne peut aller au-delà de ces actions limitées et conjoncturelles, au vu de son énorme potentiel.

La diaspora algérienne n’est plus ce qu’elle était il y a quelques décennies. Que ce soit en France, au Canada ou ailleurs, les Algériens sont aujourd’hui dans la politique, les affaires, la recherche, le sport de haut niveau…

Les sportifs ont justement montré la voie avec les nombreux footballeurs nés et formés en France et qui permettent depuis une quinzaine d’années à l’Algérie de disposer d’une équipe nationale performante. Mais il y a tout un monde au-delà du football.

En novembre 2020, un de ces Algériens qui se sont fait une place dans le microcosme politique français, Abderrahmane Dahmane, signalait dans un entretien à TSA que parmi la très forte communauté algérienne de France, il y a « des cadres installés dans tous les rouages de l’État français » et « plus de 10 000 médecins algériens qui font fonctionner les hôpitaux ».

Sans oublier les stars médiatisées, à l’image de Zinédine Zidane. « Il faut voir comment permettre à ces Algériens d’être en harmonie avec leur pays d’origine. Il faut absolument qu’il y ait un mouvement des Algériens à l’étranger », avait plaidé l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy.

Ce qui manque donc, ce sont des cadres de concertation et d’action commune, de surcroît dans un contexte de stigmatisation et d’attaques à l’égard des communautés émigrées dans de nombreux pays, particulièrement en France où réside le plus gros contingent de la communauté algérienne expatriée.

La diaspora algérienne veut mettre ses compétences au service du pays

De nombreuses initiatives ont été engagées dans ce sens. La plus en vue est le lancement vendredi 8 mars à Paris par l’ancien député européen Karim Zeribi du Conseil mondial de la diaspora algérienne (CMDA). Le congrès de l’organisation est prévu fin avril à Alger avec la participation de 1100 personnes, dont 800 membres de la diaspora.

Ils viendront de France évidemment mais aussi d’Espagne, de Belgique, d’Irlande, de Suède, de Suisse, du Luxembourg, du Royaume-Uni, du Canada, des États-Unis, du Moyen-Orient et Corée du Sud.

Quatre-cents personnes avaient assisté à la naissance du CMDA le 8 mars dernier à Paris. Selon Karim Zéribi, ce premier congrès sera axé sur un domaine dans lequel l’Algérie attend beaucoup de sa diaspora : l’économie et l’investissement.

À plus petite échelle, des collectifs et associations tentent de réunir les Algériens où qu’ils se trouvent.

Djazpora, contraction des mots Djazaïr et diaspora, est une association qui ambitionne de favoriser les opportunités d’affaires entre les Algériens du monde entier. Sur LinkedIn, Djazpora, lancée il y a neuf mois, propose de « réunir les talents de la diaspora avec les porteurs de projets ».

Plus discrète, cette association travaille avec le Conseil du renouveau économique algérien (Crea) et aide des jeunes universitaires à réaliser leurs projets. « Nous partageons avec le Crea les valeurs et la volonté de bâtir une économie forte au service du pays et de ses citoyens algériens », a écrit Djazpora sur le même réseau social.

Réunir « les talents et les compétences de la diaspora algérienne en France et à l’étranger », est également l’objectif que s’assigne l’organisation Awassir, créée par des Algériens de France.

Awassir favorise l’organisation de rencontres et la coopération entre les sociétés civiles algérienne et française. Sa dernière action en date est un iftar collectif organisé il y a une semaine à la Grande mosquée de Paris avec qui elle travaille en partenariat.

Lors de cette soirée, un projet pour accompagner les structures des urgences médicales en Algérie a été présenté par quatre médecins urgentistes exerçant en France depuis plusieurs années, et qui veulent mettre leur expérience et leur savoir-faire au service des structures de santé algériennes. Forte de 150 membres, Awassir revendique une dimension internationale de ses activités.

Ses adhérents sont en grande partie en France où se trouve la plus grande communauté algérienne à l’étranger, mais aussi dans d’autres pays. Parmi ses objectifs figure la création d’un « réseau de connexion des compétences algériennes » dans le monde, a expliqué la vice-présidente de cette association Nesrine Batata, lors de cette soirée.

La diaspora algérienne bouge également à travers ses représentants au parlement algérien qui se chargent de transmettre ses doléances à la fois aux autorités et à l’opinion algériennes.

Abdelouahab Yagoubi est l’un des députés des Algériens de France, de loin, la plus importante communauté avec 82% des Algériens expatriés. Dans un entretien à TSA paru ce mardi 2 avril, il fait état de problèmes « structurels » et d’autres « conjoncturels ».

Il cite les délais d’attente devant les consulats, l’inefficacité de la commission parlementaire des Affaires étrangères et de la communauté établie à l’étranger, la lourdeur des formalités de douane et de police au niveau des ports et aéroports algériens, le fait que les Algériens soient les seuls au monde à ne pas pouvoir rentrer au pays avec une simple carte d’identité…

Yagoubi s’est particulièrement attardé sur la cherté des billets de transport aérien et maritime, démontrant qu’Air Algérie par exemple applique des tarifs dix fois supérieurs au coût de revient.

Pendant ce mois de Ramadhan, une réduction de 50% est accordée aux Algériens de l’étranger, sur décision du président de la République, mais la mesure est conjoncturelle.

À chacun de ses déplacements at l’étranger, Abdelmadjid Tebboune ne manque pas de rencontrer les membres de la communauté nationale.

Ses engagements envers elle sont traduites par des mesures concrètes comme la suppression dans la constitution de l’exclusion des binationaux de certaines hautes fonctions de l’Etat, l’accès à certains avantages dans l’investissement des jeunes, l’ouverture aux émigrés des différentes formules de logement…

Mais à un autre niveau, des discriminations persistent, comme lorsqu’une nouvelle loi sur l’information a exigé la nationalité algérienne exclusive pour la création d’un média en Algérie.

Beaucoup reste à faire en tout cas de part et d’autre pour dresser de véritables ponts et tirer un maximum de profit des compétences algériennes exilées. Ce n’est pas impossible tant que la volonté est partagée.

L’engouement des Algériens de l’étranger pour mener des projets, investir et même s’établir en Algérie est exceptionnelle. Il y a un mouvement de fonds qui fait bouger les lignes qui étaient figées depuis années, mais attention aux déceptions.

En Algérie, la bureaucratie tatillonne qui risque de refroidir ce mouvement qui pourrait, s’il est encouragé, profiter aussi bien aux Algériens de l’étranger qui ont plus que jamais besoin de s’organiser pour faire aux attaques dont ils font l’objet dans un contexte de montée en puissance de l’extrême-droite, mais aussi à l’Algérie qui a tant besoin de l’apport de ses compétences de sa diaspora pour moderniser son économie et accélérer son développement.

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