Adel Djellouli est l’un de ces nombreux cerveaux algériens expatriés qui font avancer la recherche scientifique partout dans le monde. Aux États-Unis, où il est installé depuis 2018, il s’est imposé dans le secteur très fermé de la recherche pointue.

Il est notamment le coauteur d’une importante invention qui pourrait révolutionner bien des domaines. Il s’agit du « fluide intelligent » un nouveau matériau aux propriétés spécifiques.

Adel Djellouli est né en 1989 à Bab Ezzouar (Alger). « Dans une famille pauvre/moyenne », précise-t-il à TSA. Après le bac, il opte pour des études dans une école civile sous statut militaire, l’ENPEI.

Puis, comme beaucoup de diplômés algériens de sa génération, il prend le chemin de l’Europe. Il opte pour des études d’ingénieur à Grenoble, en France, suivies d’une thèse de doctorat à l’université de la même ville. En 2017, il est docteur en physique appliquée, à seulement 28 ans.

Sa thèse de doctorat l’a grandement aidé à lancer sa carrière. Elle a porté sur un nouveau type de micro-robot. « Il s’agit d’une sorte de micro-nageur artificiel (les micro-nageurs naturels étant par exemple des bactéries, les spermatozoïdes ou les micro algues) qui permet de délivrer des médicaments d’une manière très précise dans le corps humain dans le but d’augmenter l’efficacité du médicament et de réduire les effets secondaires. C’est notamment destiné pour les patients sous traitement lourd, comme la chimiothérapie », explique-t-il.

La thèse sera publiée dans une prestigieuse revue de physique, la Physical review letters. Suffisant pour se faire recruter par le département d’ingénierie et de sciences appliquées (SEAS) de la très renommée université de Harvard, à Boston. C’était en 2018.

Adel Djellouli, un autre cerveau algérien confirmé aux États-Unis

Depuis, rien ne l’arrête. En partant aux États-Unis, Adel Djellouli avait emmené une idée qu’il creusait du temps où il était étudiant en France : travailler sur les métafluides. Tout a commencé par une discussion autour d’un café et s’est terminé par la mise au point, quatre ans plus tard, d’un nouveau matériau, un brevet et une publication dans la revue Nature.

Le matériau qu’il a créé avec son équipe de recherche, un métafluide, ou « liquide intelligent », est révolutionnaire. Il pourrait être utilisé dans plusieurs domaines, dont celui de la robotique, et rendre les robots « intelligents », comme il l’explique.

Confirmé dans une prestigieuse université, des publications dans de grandes revues scientifiques, participation à des inventions brevetées, Adel Djellouli a déjà assez bien progressé dans sa carrière pour son âge. Mais il veut aller plus loin et a des projets plein la tête. À commencer par monter sa startup à Boston dans le domaine médical. « Je m’inspire des travaux sur les métafluides pour créer un implant afin de réguler la pression artérielle chez les patients qui souffrent d’hypertension », révèle-t-il.

« En tant que produit de l’Algérie, je dois tant à l’éducation et à l’environnement de mon pays »

Ce qui ne l’empêche pas d’avoir le pays dans un coin de la tête et la possibilité de contribuer un jour à son essor dans la recherche. « Ça me tient particulièrement à cœur. En tant que produit de l’Algérie, je dois tant à l’éducation et à l’environnement de mon pays », reconnaît-il, se disant « convaincu que, dans le domaine scientifique, nous pouvons apporter une contribution significative ».

Adel Djellouli préconise d’organiser des séminaires dans les universités algériennes et de « renforcer la visibilité numérique des réussites de la diaspora » algérienne (dans les médias et sur les réseaux sociaux) afin d’ « inspirer les futures générations en leur montrant que tout est possible ».

Il estime utile également d’établir des partenariats avec les universités étrangères, appelant à prendre exemple sur la Chine.

Apport de la diaspora algérienne : l’Algérie peut s’inspire de l’exemple de la Chine

« Il y a énormément d’étudiants chinois à Harvard. La plupart de ces étudiants sont financés à 100% par l’État chinois, qui finance aussi les laboratoires d’accueil », dit-il. Selon le chercheur, la Chine fait aussi le nécessaire pour rapatrier ces compétences une fois toute la maîtrise voulue acquise.

Pour faire revenir les personnes les plus compétentes comme Yang Wang qui a participé à la recherche sur les métafluides, l’État chinois va très loin. Il finance leurs laboratoires à hauteur de 1 million de dollars et les rémunère directement à hauteur de 1.2 million de dollars, selon Adel Djellouli. L’Algérie peut s’inspirer de la méthode chinoise pour tirer profit de ses cerveaux expatriés à l’étranger.

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