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Pourquoi et comment amorcer le dialogue entre les institutions de l’État et le mouvement populaire

Pourquoi et comment amorcer le dialogue entre les institutions de l’État et le mouvement populaire

Tribune. A – Objectifs du dialogue

L’Algérie est à son 16e vendredi de protestation et le Mouvement populaire maintient ses principales revendications quant au départ des restes du système, à savoir le gouvernement Bedoui et le chef de l’État intérimaire ainsi que l’organisation d’une période de transition, menée par des personnalités intègres, crédibles et compétentes, visant à construire un nouvel État démocratique.

Durant cette période de transition, aussi courte que possible, le Mouvement populaire demande la formation d’un gouvernement provisoire composé de compétences nationales et la mise sur pied d’une Instance Indépendante d’organisation des élections parallèlement à la révision de la législation électorale. Il exige aussi du pouvoir en place l’arrêt des interpellations et intimidations des acteurs du Mouvement populaire, l’arrêt des restrictions de l’espace public ainsi que la libération de tous les détenus d’opinion.

Mais en même temps, les représentants du Mouvement populaire accueillent « favorablement le principe de dialogue défendu par le chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), Ahmed Gaïd Salah, comme seule voie pour une sortie de crise avec cependant, des réserves quant au personnel politique devant mener ledit processus de dialogue ». Ils reconnaissent « qu’aucune solution n’est possible en dehors d’une démarche de dialogue ».

Ces représentants, organisés dans des centaines de syndicats autonomes et d’associations nationales citoyennes, ont comme objectif immédiat de présenter d’ici quelques jours une « feuille de route » lors d’une Conférence Nationale de la Société Civile. Ils déclarent : « À travers cette conférence, nous voulons sortir avec une proposition forte. Celle qui reflète la vision de la société civile. Aujourd’hui, nous sommes toujours dans la concertation et l’urgence est de trouver une jonction entre toutes les dynamiques ».

Face à ces revendications populaires, les institutions de l’État et à leur tête l’institution militaire reconnaissent la légitimité constitutionnelle du chef de l’État intérimaire et souhaitent mener à son terme le processus constitutionnel visant l’élection d’un nouveau président de la République dans les plus brefs délais.

Cependant, aussi bien par la voix du chef d’état-major que par la voix du président de l’État, ces institutions appellent « au dialogue et à la concertation (…) pour restaurer la confiance et mobiliser les forces patriotiques nationales en vue de construire le consensus le plus large possible autour de l’ensemble des questions en rapport avec les aspects législatif, réglementaire et organisationnel de cette élection, et sur les mécanismes de son contrôle et sa supervision ».

Nous pensons pour notre part que ce dialogue doit être franc, honnête et basé sur des engagements et des concessions réciproques. Il doit, avant tout, contribuer à la préservation des intérêts supérieurs de notre Nation tant économiques, sécuritaires que géostratégiques tout en permettant la (re)construction d’un État fort et démocratique qui prenne en compte toutes les revendications du mouvement populaire relatives à la justice et aux droits et libertés des citoyens.

B – Qui participe au dialogue ?

Les animateurs du Mouvement populaire soutiennent que « La rue a dit non au maintien au pouvoir des responsables actuels, dit oui au dialogue, mais pas avec les ‘‘2B’’ (Bensalah et Bedoui) dont elle réclame le départ. Nous sommes partie prenante de ce mouvement, donc nous nous sommes positionnés pour le dialogue ouvert et inclusif mais loin des symboles du système et avec une période de transition limitée dans la durée ».

De leur côté, les institutions de l’État demandent à ce que le Mouvement populaire désigne clairement ses représentants au dialogue.

Nous avons proposé pour notre part qu’un groupe ou comité de personnalités nationales indépendantes, acceptable par les deux camps, serve d’intermédiaire dans le dialogue entre les Institutions de l’État et les représentants du Mouvement populaire tout en consultant les partis existants en dehors des formations de l’ancienne alliance présidentielle.

Nous entendons par les institutions de l’État le président de l’État et le Commandement de l’ANP et nous reconnaissons comme représentants du mouvement populaire les leaders des 41 syndicats autonomes, des 28 associations du Collectif de la société civile algérienne pour une transition démocratique et pacifique ainsi que les représentants du Forum civil pour le changement. Ces représentants devront choisir leurs porte-paroles lors d’une conférence nationale prochaine.

Les institutions de l’État devront pour leur part solliciter et faire connaître les personnalités devant les représenter pour ce dialogue.

C – Contenu et ordre du jour du dialogue

Une fois les participants au dialogue connus et reconnus, une première réunion devra fixer les modalités, les aspects et les délais de ce dialogue. Les points principaux du dialogue doivent porter sur :

· Les mesures d’apaisement et de conciliation

· Le changement de gouvernement

· L’organisation d’une Instance Indépendante d’Organisation des Élections

· Les mesures législatives et réglementaires complémentaires

· La fixation des délais d’organisation des élections présidentielles

CONCLUSION

Il est impératif que chacun de nous prenne conscience que notre pays est dans une situation très dangereuse et qu’il appartient aux Algériens eux-mêmes de trouver une solution urgente pour satisfaire les revendications populaires tout en préservant la stabilité et la sécurité de notre pays.

 

*Mokdad Sifi est ancien Chef du Gouvernement

 

Important : Les tribunes publiées sur TSA ont pour but de permettre aux lecteurs de participer au débat. Elles ne reflètent pas la position de la rédaction de notre média.
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