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Pourquoi le nombre de divorces explose-t-il en Algérie ?

La sociologue clinicienne Fatima-Zohra Sebaâ explique les raisons de l’explosion des divorces en Algérie et l’apparition de l'union libre et du contrat de mariage.

Pourquoi le nombre de divorces explose-t-il en Algérie ?
Rings with decree of divorce, closeup Par : Par Pixel-Shot | Adobe stock
Lynda Hanna
Durée de lecture 2 minutes de lecture
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L’Algérie connaît un phénomène social sans précédent : le pays fait face à l’explosion du taux de divorce.

Le taux de divorce qui était estimé, selon l’Office national des statistiques (ONS), à 20,9%, est passé, selon la même source, à 33,5% en 2023, où 93.000 divorces ont été recensés devant les tribunaux algériens. Autrement dit, un mariage sur trois se termine par un divorce.

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Ainsi, le taux de divorce en Algérie ne cesse d’accroître, ébranlant de manière significative l’institution du mariage.

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Fatima-Zohra Sebaâ, psychologue-clinicienne, avance une première explication de ce phénomène social inquiétant : « Aujourd’hui, les femmes prennent conscience de leur valeur », et « elles sont épanouies et sur le plan intellectuel et au niveau professionnel ».

« Il y a aussi un autre facteur qui favorise le divorce, celui de l’éloignement », explique-t-elle encore à TSA.  « Les hommes travaillant loin de leur foyer conjugal et qui n’y reviennent que tous les un ou deux mois sont de plus en plus enclins à divorcer pour refaire leur vie là où ils travaillent », développe Fatima-Zohra Sebaâ.

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Quel impact social ?

Dans ce contexte, une question se pose : quel est l’impact de la hausse du taux de divorce sur la société algérienne ?

« Il y a d’abord la femme elle-même qui en souffre des préjugés de la société, puisqu’une femme divorcée est une femme mal vue », explique Fatima-Zohra Sebaâ qui tempère toutefois son analyse.

« Mais les mentalités commencent à changer, notamment dans les grandes villes, où une femme divorcée n’est plus perçue de la même façon qu’avant, elle vit bien son divorce », poursuit-elle.

La principale conséquence du divorce est l’éclatement de la famille. Quand le couple divorcé a des enfants, l’impact social est plus important. « Les premiers à pâtir des conséquences du divorce sont bien sûr les enfants qui ne sortent pas indemnes d’une telle épreuve. Ils en payent les conséquences ; sinon les adultes n’en souffrent pas », prévient-elle.

 Fatima-Zohra Sebaâ déplore que, dans certains cas de divorce, « on arrive à des faits criminels, tels que le rapt des enfants ». Toutefois, elle précise qu’il s’agit de cas isolés.

Parallèlement à l’explosion des cas de divorce en Algérie, il y a un autre phénomène qui marque la société algérienne, celui de la baisse du mariage.

Fatima-Zohra Sebaâ tient à nuancer à ce sujet : « cela concerne plutôt les femmes que les hommes. Elles ont un tout autre rapport au mariage. Elles font le choix de ne pas se marier. »

Cependant, ce phénomène qui apparaît dans la société algérienne, est palpable, selon la psychologue-clinicienne, « seulement dans les grandes villes ».

« On ne se marie plus comment par le passé, sous pression de la famille et de la société, dit-elle. Tout cela est en train de se remodeler. La société change, les mentalités évoluent. »

Et au sujet de l’union libre, « si la loi l’interdit, toutefois elle existe dans les grandes villes. Il faut dire que les sociétés sont en avance sur les lois », pointe Fatima-Zohra Sebaâ.

Le recours au contrat de mariage

L’autre phénomène observé est celui du contrat de mariage. L’on assiste à de plus en plus de couples qui ont recours à cette pratique pour assurer leurs intérêts économiques.

« Le contrat de mariage, pour les individus, est important. En plus c’est légal devant un notaire, donc aux yeux de la justice », explique Fatima-Zohra Sebaâ.

Cependant, cette pratique qui profite aux deux parties, « est essentiellement préconisée pour les femmes, qui sont statistiquement les plus perdantes lors des séparations », note la sociologue.

Pour elle, « les femmes avant de se marier, qu’elles connaissent ou non leur futur époux, ignorent pratiquement tout de lui, qui, lui, a tendance à cacher une partie de son caractère, de sa personnalité et de son comportement. Une fois mariées, elles découvrent la vraie nature de leurs maris qui sont parfois « violents, négligents… »

Ainsi, « pour se prémunir contre de telles surprises, elles recourent, sur conseils d’associations de défense des droits des femmes, au contrat de mariage qui lui assurera protection. »

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