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Présidentielle, Bouteflika, armée, Maroc : Lakhdar Brahimi se livre

Présidentielle, Bouteflika, armée, Maroc : Lakhdar Brahimi se livre

Lakhdar Brahimi s’est longuement exprimé sur la situation en Algérie et dans la région en sortant parfois de sa réserve habituelle. Pour ce qui est de l’Algérie, le diplomate commence par affirmer qu’il n’a « aucune ambition présidentielle avec ou sans une période de transition ».

Il a estimé ensuite que le pays « a des avantages naturels et humains pour sortir de la crise et rapidement ». « L’Algérie souffre d’un problème de gouvernance et d’organisation », a-t-il soutenu dans un entretien accordé au site Algérie diplomatique.

Sur la santé du président Abdelaziz Bouteflika qu’il rencontre régulièrement, Lakhdar Brahimi affirme encore une fois que le chef de l’État « jouit de ses capacités mentales et cognitives ».

« Sa mémoire est très forte. C’est lui qui me fait rappeler parfois des personnes et des dates. À part sa voix basse, il est en très bonne santé. Il gouverne, gère et suit les dossiers et toutes les affaires du pays », a-t-il assuré.

« Est-ce que Bouteflika a pu récupérer les prérogatives de président », demande la journaliste. « Historiquement, l’armée avait un rôle politique dès 1962. Elle avait un rôle officiel et avait son mot à dire (…). Mais actuellement Bouteflika est le dirigeant réel du pays et il est le chef des forces armées », a-t-il répondu.

Et d’ajouter : « Avec sa décision d’éloigner le chef d’état-major Mohamed Lamari et l’ancien chef du DRS, le général Toufik, il a mis en place les bases de l’État civil et il a prouvé qu’il était le président réel avec toutes les prérogatives dont ne jouissaient pas les autres présidents ».

Sur la démission Chadli Benjeddid en janvier 1992, il a confié que l’ancien chef de l’État n’avait pas anticipé la victoire de l’ex-FIS aux législatives de décembre 1991. « Les résultats obtenus par le FIS était une erreur de la part de Chadli. Il a assumé et a démissionné », a-t-il expliqué.

Lakhdar Brahimi est revenu sur le problème des frontières algéro-marocaines qui demeurent fermées. « Je suis encore convaincu que la situation aux frontières algéro-marocaines n’est pas admissible. On aurait souhaité que les relations entre les deux pays évoluent à travers l’ouverture des frontières et le développement de la coopération entre eux », a-t-il dit.

Pour lui, les frontières entre les deux pays auraient été rouvertes si la question dépendait uniquement du président Bouteflika. « Mais comme il est connu que le président Bouteflika a eu un héritage compliqué et des dossiers lourds avec le Maroc. Et cela sans qu’on abandonne le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Mais la construction d’une union maghrébine est nécessaire pour la région », a-t-il soutenu.

Sur la Libye, Lakhdar Brahimi met en garde contre les conséquences négatives qu’aura la durée de la crise dans ce pays sur l’Algérie, la Tunisie et l’Égypte. « À chaque fois que le règlement de la crise prenne du temps, celle-ci se complique davantage », a-t-il prévenu.

Qu’en pense-t-il de la position de l’Algérie sur le dossier libyen ? Le diplomate se montre critique en estimant « qu’elle était timide au début et qu’il fallait être dès le départ avec le peuple frère libyen ».

En ce qui concerne la crise syrienne, l’ancien médiateur de l’ONU refuse de parler de l’échec de sa mission. « Non, je n’ai pas échoué. Mais les conditions n’étaient mises en place pour solutionner la crise et le système syrien a une grande responsabilité. L’opposition ne voulait pas dialoguer avec le système en place et ce dernier ne voulait pas discuter avec elle », a-t-il expliqué.

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